Jeune entrepreneur basé à Bafoussam, son produit, le koukoulou, a obtenu le financement Pajer-U. Il nous en parle
Vous venez de séjourner à Yaoundé dans le cadre d’une mini foire organisée par le ministère de la jeunesse, expliquez nous votre présence
Je suis en réalité un produit du PAJER-U qui est un programme du ministère de la jeunesse dont le but est l’insertion socio professionnelle des jeunes par l’auto emploi. Ayant donc créé mon entreprise grâce à un appui de ce programme, j’ai été sollicité pour participer à cette foire avec beaucoup d’autres comme moi pour témoigner des actions du gouvernement camerounais concernant les efforts d’insertion des jeunes.
Dans votre stand, vous nous présentez un produit de votre fabrication, parlez nous de ce produit?
Il s’agit en fait de la farine de maïs fermentée qui n’est en réalité rien d’autre que la bouillie de maïs traditionnelle, d’où le nom que j’ai donné à ce produit: KOUKOULOU. C’est un nom que beaucoup reconnaitront parce que c’est comme cela qu’on nomme la bouillie de maïs dans beaucoup de langues au Cameroun et ce nom à fini un peu par passer dans le langage commun.
Racontez-nous comment a germé et évolué cette idée?
La bouillie de maïs traditionnelle est très consommée au Cameroun. Seulement sa production est très pénible et sa conservation très délicate: Il faut tout d’abord acheter du maïs qu’on doit nettoyer et tremper dans de l’eau pendant plusieurs jours pour la fermentation; ensuite le maïs est retiré de l’eau pour être moulu, mélangé à nouveau à de l’eau, filtré afin d’obtenir une pâte très fine grâce à laquelle on prépare de la bouillie; le reste de la pâte non utilisée est conservée dans une eau qui doit être renouvelée tous les jours sinon elle devient impropre à la consommation. Voyant donc tout cela, je me suis dit que si on arrivait à présenter cette bouillie sous forme sèche, cela résoudrait les problèmes des consommateurs en leur évitant la fabrication et les soucis de conservation.
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Dantse Samnga |
Quels sont les qualités que votre bouillie en poudre par rapport aux autres bouillies qu’on trouve sur le marché?
Comme vous venez de le dire, KOUKOULOU est en poudre, ce qui est sa première qualité. Cela permet au consommateur de bouillie de maïs désormais de l’avoir dans la boutique du quartier ou au supermarché. De plus, la longue durée de conservation de KOUKOULOU permet d’éviter bien des soucis et d’envisager son transport sur une longue distance; je pense à ceux de la diaspora nostalgique de la bonne bouillie de maïs qu’ils prenaient à la maison ou au « beigneitariat » du quartier au pays. Autre chose à noter c’est le prix modique de KOUKOULOU: 350fcfa le sachet de 500 GRAMMES, de quoi faire de la bouillie pour 25 à 30 personnes
Comment le commercialisez-vous sur le marché?
Je suis en ce moment en train de densifier mon réseau de distribution. On peut donc trouver KOUKOULOU dans les supermarchés, les boulangeries et les boutiques de Bafoussam; très bientôt il sera disponible dans les magasins et boutiques de Yaoundé et Douala.
Quelles difficultés avez-vous rencontré?
En matière de création d’entreprise, rien n’est vraiment facile. De l’idée au produit, c’est des fois un processus itératif; il faut souvent revenir en arrière retoucher ce qu’on prenait pour acquis et c’est à force de correction qu’une idée devient une opportunité et une opportunité un produit qui marche. La création d’une entreprise demande de la part du promoteur beaucoup de persévérance et de foi dans son projet; très souvent on se sent seul et si on n’y croit pas assez, on finit par laisser tomber et ce qui aurait pu être une entreprise florissante s’arrête au stade de l’idée. Ça n’a pas été facile pour moi et ça ne l’est toujours pas bien que mon affaire ait déjà pris corps. Parce les débuts sont encore plus difficiles car on est au four et au moulin; je vis, je respire, je rêve de mon entreprise et cela pompe toute mon attention et mon énergie; mes rapports avec mes amis sont mis en berne parce que je n’ai qu’une chose en tête: réussir.
Aujourd’hui comment se porte-t-il sur le marché?
Aujourd’hui, la mayonnaise commence à prendre. KOUKOULOU se fait une place dans le programme de courses de plusieurs personnes et donc sur le marché. Il est très apprécié de ceux qui l’essayent.

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Dantse Samnga |
Lorsque vous avez eu l’idée de fabriquer ce produit, comment vous êtes vous procuré le financement pour le rendre effectif?
J’ai su par les médias que le ministère de la jeunesse lançait un programme d’insertion des jeunes dans la vie active par la création d’entreprise, le PAJER-U dont j’ai parlé plus haut, j’ai soumis ma candidature et j’ai été retenu. Ce programme m’a donc apporté un financement qui, ajouté à d’autres apports, m’a permis de me lancer.
Est ce qu’on doit donc dire que le PAJER – U aura été d’un grand soutien pour votre initiative?
Sans aucun doute le PAJER-U (Programme d’assistance à la jeunesse rurale et urbaine) m’aura été d’une aide capitale.
S’il fallait aujourd’hui améliorer des choses sur ce programme d’appui aux jeunes que diriez-vous?
Je dirais deux choses en rapport avec mon expérience: les financements ne tiennent pas forcément compte de la nature des projets. Il y a des projets dont on peut aisément voir qu’ils ont un fort potentiel de développement et malheureusement, la taille du financement n’en permet pas la réussite. Et le suivi des bénéficiaires est inexistant. Pour un jeune sans expérience de la création d’entreprise qui se lance pour la première fois, le suivi n’est franchement pas de trop si on veut lui donner de grandes chances de réussir. C’est vrai qu’on donne une petite formation rapide en gestion d’entreprise aux jeunes, mais elle est très insuffisante. Une fois sur le terrain il rencontre très souvent des écueils que cette formation ne lui permet pas de résoudre, il a alors besoin de conseil personnalisé. Une des plus grandes difficultés qu’un jeune entrepreneur rencontrera probablement c’est celui de la distribution de son produit qui est nouveau et que beaucoup de magasins hésitent à mettre dans leurs rayons. Le programme pourrait très bien mettre sur pied une entité chargée de la distribution et de la promotion des produits fabriqués par bénéficiaires. Cela les aiderait à faire connaître leurs produits et à les rendre disponible bien au delà de du lieu de production.
Quels sont aujourd’hui vos ambitions?
A court terme je voudrais étendre le réseau de distribution de KOUKOULOU à d’autres villes, le faire connaître et l’imposer sur le marché. Pour ce qui est du long terme, j’ai la tête qui foisonne d’idées de produits qui viendraient diversifier l’offre de mon entreprise. Je rêve vraiment très grand et j’espère trouver des gens ou des institutions pour m’accompagner dans la réalisation mes rêves. Je crois profondément en l’Afrique et je suis certain qu’on peut y réaliser ses rêves. L’avenir de l’Afrique est radieux. J’ai plusieurs fois eu l’occasion d’immigrer aux Etats-Unis mais j’ai préféré rester aux pays parce je pense que c’est ici que se mène la lutte pour faire de ce continent ce que les autres ont fait des leurs, au point où nous voulions nous y rendre à tout prix et à tous les prix.
