L’ouvrage raconte l’histoire de Sarah, mariée très jeune à un polygame. La polygamie, un sujet qui fait rire et qui fâche
« Je savais ce que les hommes attendent des femmes évidemment. Personne ne grandit dans une concession sans entendre le rire des femmes lorsqu’elles évoquent les exploits de leurs maris, des rires moqueurs, des petits rires timides, de grands rires d’amusement. Il y avait aussi la rivière, lorsque de retour des champs les femmes s’arrêtaient pour le grand bain du soir. Les commentaires tournaient presque exclusivement autour de l’acte sexuel, avec des métaphores très imagées, mais aussi les mots les plus crus. Et pour finir, il y avait des larmes, des chuchotements désespérés, des traces de violence. Tout cela se mélangeait dans ma tête pour faire ressembler l’acte sexuel à un vaste et inquiétant territoire entre blague et tragédie.». Cet extrait tiré de la Page 21 du livre intitulé, « le clan des femmes », traduit aisément les motivations qui ont amené l’auteur à rédiger les 140 pages de l’ouvrage qui sera présenté ce jeudi, 10 mars 2011 dés 19h à Bonapriso, à Douala.
L’histoire controversée d’une femme nommée Sarah
Pour son premier roman, la camerounaise Hemley Boum a choisi de raconter l’histoire de Sarah, née dans un village au c ur de la savane qui a échappé aux changements entraînés depuis le XXème siècle, par les technologies venues de l’occident. Dans le livre, Sarah, mariée à l’âge de 9 ans à un ami de son grand père, raconte les péripéties de sa vie à sa petite fille. Elle lui relate les tracasseries qui caractérisent bien les foyers polygamiques comme le sien. Dans un tel contexte, se montrer sous son meilleur jour, être au service de l’époux, font partie des stratagèmes des coépouses pour s’attirer les faveurs de l’époux. Outre cela, la vie de femme mariée pour Sarah est faite de renoncements certes, mais aussi d’espoir grâce notamment à ses rencontres avec d’autres femmes, révèle-t-elle. Au fur et à mesure que le lecteur parcourre le livre, il se rend compte que Sarah est une femme qui fait face au déterminisme qui prévaut dans les sociétés traditionnelles, mais qui tant bien que mal, essaie de s’accrocher à ses rêves, malgré le contexte. « Dans ce roman, je raconte l’histoire de Sarah. La trame vraie du récit est constituée par les confidences de ma grand-mère, une femme africaine du début du vingtième siècle (.) Le défi pour moi consistait à raconter une tranche de vie tout en respectant la vérité anthropologique », déclarait l’auteur l’année dernière, dans un entretien accordé à notre site après la parution de son livre. Après la France, le public de Douala au Cameroun, aura l’occasion de connaître les détails qui ont conduit à la rédaction de ce premier roman, ce jeudi soir. Le titre est évocateur, et suscite déjà la curiosité des aficionados de la littérature.
