C’est la réponse apportée par le gouverneur de la banque des Etats de l’Afrique Centrale à la polémique créée par des médias ivoiriens
Lucas Abaga Nchama le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), est intervenu dans le débat sur la dévaluation annoncée du Franc CFA, pour dire que cette question n’était pas d’actualité. Au regard du niveau actuel des indicateurs macroéconomiques des pays de la CEMAC, rien ne peut justifier aujourd’hui une quelconque dévaluation du franc CFA. En effet, contrairement à la période qui a précédé la dévaluation de 1994, depuis quelques années, les économies de la CEMAC sont caractérisées par une bonne tenue des produits d’exportation, une croissance soutenue, des excédents budgétaires important, un système bancaire solide, une balance commerciale fortement excédentaire un niveau très confortable de réserves de change et un taux de couverture extérieur de la monnaie de 100% a-t-il déclaré, dans le cadre d’une communication spéciale lors du dernier comité de politique monétaire tenu le 16 décembre 2011 au siège de la Banque à Yaoundé.
Le gouverneur de la Banque centrale a aussi fait le pari d’une monnaie européenne sauvée dans un futur proche, écartant ainsi la menace d’une conséquence sur le Franc CFA. S’agissant de la situation économique et monétaire qui prévaut en Europe, il convient de rappeler le problème de soutenabilité de la dette de certains pays qui se pose…Les 17 pays membres de la zone Euro formant l’union monétaire et les dix autres membres de l’union européenne représentent le quart du produit intérieur bruit (PIB) de l’ensemble des économies de la planète, soit le premier rang mondial. J’ai confiance en la capacité des européens à pouvoir remettre très rapidement leurs économies sur la voie du progrès, a rajouté Lucas Abaga Nchama.
Dévaluer une si mauvaise chose?
La position de l’Afrique centrale n’est pas très éloignée de celle de sa zone monétaire s ur d’Afrique de l’Ouest. La situation actuelle des pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) reste marquée par une hausse de la croissance qui est passée de 2,9% en 2006 à 4,3% en 2010 dans un contexte de maîtrise du taux d’inflation limité à 1,4% en 2010 a fait savoir Fatimathou Zahra Diop gouverneur de la banque centrale d’Afrique de l’ouest (BCEAO). Elle note elle aussi, que les réserves de change de la BCEAO se situent à un niveau satisfaisant, assurant selon elle un taux de couverture de la monnaie largement au-dessus de la norme de 20% requise. De nombreux experts s’arriment aussi à cette position, mais s’interrogent sur la pérennité et la pertinence d’un tel statu quo.
Aux yeux de l’opinion publique générale, la dévaluation implique l’aggravation de la pauvreté et l’augmentation des prix sur le marché. Pourtant de nombreux experts estiment qu’une dépréciation bien encadrée du franc CFA, ne serait pas une mauvaise chose. C’est l’avis de l’économiste sénégalais Sanou Mbaye, qui trouve à cette monnaie plusieurs types d’inconvénients. Le FCFA rencontre deux difficultés majeures. Premièrement… le taux de change le plus élevé au monde. De plus, ce taux est fixe, alors que tous les autres pays cherchent à avoir un taux de change fluctuant. Comment voulez-vous que les pays qui ont adopté le FCFA soient compétitifs ? Avec un tel système, ils ne pourront jamais l’être dans ces conditions, a-t-il fait savoir dans une interview accordée au site d’information Afrik.com.

Et si le débat était ailleurs
Certains pensent que le vrai débat sur cette monnaie Africaine n’est pas celui de sa valeur ou de son arrimage à l’euro ou toute autre monnaie. Cette position aussi partagée par la Gouverneur de la BCEAO. Dans un contexte de mondialisation, lorsqu’un pays ou une Zone dispose d’une monnaie convertible, arrimée à une autre monnaie selon une parité fixe, les variations sur le marché du cours de cette dernière ont des impacts divers, tant en termes d’avantages que d’inconvénients, a-t-elle fait savoir. Pourtant aucune étude n’a jamais été menée pour évaluer ce qu’on perd dans la situation actuelle. Lorsqu’une monnaie est convertible, le flux des capitaux n’est pas contrôlé. Cela veut dire que les entreprises présentes dans la zone franc sont libres de transférer leurs capitaux où bon leur semble. Donc, leurs bénéfices ne profitent pas aux pays dans lesquels ils sont implantés, puisqu’ils transfèrent une grande partie de cet argent ailleurs. L’argent qui sort des pays de la zone franc est supérieur à l’argent qui y rentre. D’ailleurs, ces entreprises font plus de bénéfices dans les pays de la zone franc que dans leur propre pays argumente Sanou Mbaye.
Dans une zone économique comme l’Afrique centrale ou près de 60% du capital appartiennent aux étrangers, on peu évaluer l’ampleur du mal. Parmi les économistes ils sont nombreux à partager l’idée selon laquelle, renforcer la productivité de l’économie pourrait être un début de solution, mais que la vraie solution demeure une dévaluation du franc CFA, contrairement à ce que peuvent penser les uns et les autres.
