L’école est désormais de retour avec sa cohorte de problèmes dont l’éternel casse-tête de l’alimentation et du sport!
Comment se nourrir à l’école ? Où se nourrir convenablement ? Pas facile d’échapper au dilemme : manger à ses risques et périls ou mourir de faim. Les cas d’intoxication alimentaires sont du reste assez fréquents pour rappeler le risque lié à l’alimentation dans nos établissements scolaires. Il y a quelques années plusieurs élèves d’un établissement de Yaoundé ont été saisis d’un malaise subit après avoir consommé du maïs acheté dans les abords de l’école. Six enfants transportés dans un état clinique inquiétant vers les urgences du Chu ont révélé une intoxication alimentaire. Ils avaient consommé du pop-corn avarié.
Cette douloureuse séquence a frappé de manière émouvante la mémoire des cours de récréation, rappelant de manière fort dramatique le danger de l’insécurité alimentaire dans nos établissements scolaires. Cet épisode, on s’en souvient, provoqua chez les responsables de la santé un regain de lucidité en matière de vente d’aliments au sein des établissements scolaires. Il fut exigé à tous les vendeurs de produits alimentaires de s’astreindre à la présentation d’un certificat médical en bonne et due forme pour commercer à l’intérieur des établissements scolaires, tout comme on sommait les élèves de se restaurer uniquement dans les cantines scolaires où la qualité des aliments est soumise à des règles d’hygiène plus recommandables.
La mesure eut le mérite de sensibiliser l’opinion sur les dangers réels de l’alimentation à l’école mais pas de sanctionner les contrevenants. L’ignorance et la pauvreté aidant, le temps passa et on oublia. Le laxisme fera le reste, jusqu’à l’implantation de restaurants à ciel ouvert dans les abords des établissements scolaires, authentiques guets-apens pour les ventres fragiles, où il est plus facile de chopper une diarrhée pernicieuse que de calmer une fringale.
Car dans ces endroits où on sert des expédients coupe-faim, il est toujours difficile, en dehors des cantines scolaires, de garantir la qualité des aliments servis. Autant les conditions de préparation en aval sont discutables, autant la conservation des aliments laisse à désirer. Il n’y a pas jusqu’au service qui ne soit détestable, du fait justement de l’ignorance des règles d’hygiène de base. Celles qui prescrivent notamment que les aliments ne doivent être exposés à l’air libre, que les produits de consommation doivent être vendus dans un environnement sain, ou encore que les personnes chargées de la vente doivent savoir garder les mains propres en les lavant régulièrement au savon.
En réalité, seuls l’appât du gain et l’affairisme des vendeurs guident ce commerce dangereux qui, chaque jour, expose les corps fragiles d’enfants souvent imprudents au danger permanent de l’intoxication alimentaire. Les parents et les responsables d’établissement en sont-ils conscients ? Les réponses, parfois, frisent le pis-aller dans un environnement où les enfants n’ont pas toujours les moyens de manger décemment, alors que le responsable d’établissement se voit contraint, trop souvent par humanisme, de laisser prospérer le petit commerce, source de revenus pour bien des familles.
Ici, le sauf-conduit est un petit certificat vaguement authentifié par un médecin qui, dès lors, ouvre la porte à toutes sortes d’impostures. Et autant de drames. Car si la réglementation exige l’obtention d’un certificat médical pour exercer dans la vente des aliments directement voués à la consommation, les restaurateurs n’en font que peu de cas. Trop souvent, ils s’abstiennent de tout examen médical, se contentant de brandir un document faussement estampillé qui peut alors les couvrir de tous les soupçons. Y compris les infections les plus contagieuses telles la tuberculose pulmonaire, la grippe, et toutes la cohorte des maladies dites des » mains sales « . Et lorsqu’on observe le comportement des vendeurs de sandwiches et autres glaces, sucettes et beignets dans nos établissements scolaires, l’on comprend la tragédie quotidienne dans laquelle vivent nos enfants en situation de famine. Difficile pourtant de dire comment ils y échappent chaque jour.

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