Tout savoir sur le plus fréquent des cancers féminins !
Dans le monde, plus de 1 050 000 nouveaux cas de cancer du sein surviennent chaque année, dont plus de 580 000 dans les pays développés (Europe de l’ouest, Amérique du nord) où il est plus fréquent qu’en Afrique ou en Asie. Il est responsable chaque année de plus de 400 000 décès de femmes.
Plus de 50 % des cancers sont observés après 65 ans, près de 10 % avant 35 ans. Aujourd’hui, le taux global de survie relative à 5 ans après le diagnostic est de 85 %.
Il faut noter que le cancer du sein peut survenir aussi chez l’homme, mais il est rare et environ 200 fois moins fréquent que chez la femme.
Plusieurs facteurs de risque de survenue d’un cancer du sein ont été identifiés :
– L’âge : l’incidence augmente régulièrement à partir de 30 ans
– Le sexe : le cancer du sein est presque exclusivement féminin
– Les antécédents familiaux de cancer du sein
– Les facteurs hormonaux : règles précoces (avant 12 ans), ménopause tardive (après 50 ans), absence de grossesse ou grossesse tardive [b(après 35 ans), l’absence d’allaitement
– Le rôle des contraceptifs oraux et des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause est débattu
– Les antécédents personnels d’hyperplasie atypique au niveau mammaire
– L’exposition à des radiations ionisantes au moment du développement des seins
– L’obésité et les facteurs alimentaires
Impact de l’allaitement sur le risque de cancer:
L’allaitement diminue le risque de cancer du sein (pour la femme qui allaite, pas pour son enfant). Cette diminution du risque de cancer du sein est d’autant plus forte que la durée cumulée d’allaitement est longue (cumulée, c’est-à-dire que l’on additionne la durée de l’allaitement pour tous les enfants de la femme considérée). L’allaitement n’a pas d’impact sur les autres types de cancer.
Les symptômes:
Ils se manifestent essentiellement au niveau du sein :
– grosseur non douloureuse
– anomalie du galbe mammaire
– rétractation du mamelon
– rougeur, oedème ou aspect peau d’orange au niveau de la peau
– écoulement mammaire coloré de sang
– douleur localisée
Des adénopathies palpables peuvent aussi être retrouvées au niveau des aisselles.
L’autopalpation :
L’autopalpation des seins peut avoir de l’intérêt (pour détecter une éventuelle grosseur ou anomalies même s’il n’existe pas de preuve scientifique de son intérêt contrairement au dépistage par mammographie) mais il est important d’apprendre à bien le faire. Le médecin traitant ou le gynécologue peut apprendre les bons gestes. Il ne remplace pas le dépistage réalisé par mammographie, surtout à partir de l’âge de 50 ans.
Attention : L’autopalpation s’apprend, cela ne s’improvise pas. Il n’est pas possible d’apprendre à le faire par téléphone. La présence de modifications du sein ne veut pas dire qu’on a obligatoirement un cancer. Le mieux est de consulter son médecin traitant ou son gynécologue pour apprendre les bons gestes.
Le dépistage:
Le dépistage du cancer du sein repose sur la mammographie (radiographie des seins. Pratiquée régulièrement, elle permet de détecter des cancers du sein à un stade plus précoce, ce qui permet souvent des traitements moins lourds et améliore les chances de guérison.
Lorsqu’une anomalie est décelée, d’autres examens (échographie, ponction, biopsie) permettent de savoir s’il s’agit ou non d’un cancer. En France, un programme de dépistage organisé du cancer du sein permet à toutes les femmes de 50 à 74 ans de bénéficier d’une mammographie de dépistage gratuite (pas de forfait de 1 euro) tous les deux ans.
Les traitements:
Ils sont adaptés à chaque cas et décidés dans le cadre d’une concertation entre chirurgien, radiothérapeute et oncologue médical qui s’appuient sur les meilleurs traitements connus.
Cinq types de traitements peuvent être proposés, seuls ou associés entre eux.
-La chirurgie peut consister à enlever l’ensemble de la glande mammaire : mastectomie associée ou non à une reconstruction mammaire immédiate ou ultérieure. Pour les tumeurs de petite taille, la chirurgie est dite conservatrice et seule la tumeur est enlevée (tumorectomie).
Le curage des ganglions peut être associé à la mammectomie ou à la tumorectomie. La biopsie du premier ganglion lymphatique vers lequel la tumeur s’étend permet, s’il n’est pas porteur de cellules cancéreuses, d’éviter l’exérèse des autres ganglions.
Les complications de la chirurgie sont des hématomes, des infections, des douleurs, des séquelles esthétiques et s’il a été pratiqué, celles du curage axillaire (lymphoedème ou gros bras, engourdissement, sensation de brûlure persistante, limitation des mouvements de l’épaule). Ces effets secondaires peuvent être prévenues ou limités par des soins appropriés.
-La radiothérapie complète souvent la chirurgie et presque systématiquement la tumorectomie. La radiothérapie divise par 3 ou 4 la fréquence des récidives loco-régionales. Là encore les effets secondaires à type d’épithélite, du brûlures cutanées peuvent être prévenus par des précautions particulières.
-La chimiothérapie peut être administrée selon les cas avant ou après un traitement loco-régional par chirurgie ou radiothérapie. Son objectif est de diminuer le risque de développement de métastases. Administrée avant la chirurgie, elle peut aussi diminuer la taille de la tumeur pour permettre une chirurgie conservatrice. Les bénéfices de la chimiothérapie en termes de réduction du risque de rechute et du risque de mortalité justifient qu’elle soit proposée aujourd’hui à une majorité de femmes. Les effets secondaires de la chimiothérapie (nausées, mucite buccale, diarrhée ou constipation, perte des cheveux, fatigue, perturbation du cycle menstruel, anomalies sanguines) sont temporaires et pas systématiques. D’importants progrès ont été réalisés pour les éviter ou les minimiser.
-L’hormonothérapie est également efficace pour les cancers dits hormonosensibles. Son objectif est, comme celui de la chimiothérapie, de diminuer le risque de développement de métastases. Elle bloque l’action favorable des estrogènes sur les cellules cancéreuses.
-L’immunothérapie : son objectif est, comme celui de la chimiothérapie et de l’hormonothérapie, de diminuer le risque de développement de métastases.
Le suivi:
La surveillance doit être régulière et poursuivie pendant longtemps. La surveillance post thérapeutique repose sur l’examen clinique mammaire et des aires ganglionnaires qui doit être répété tous les 6 mois pendant 5 ans. Une mammographie annuelle à vie est également recommandée. D’autres examens complémentaires peuvent être prescrits selon les situations et en cas de symptômes : scanner, scintigraphie, échographie, dosage des marqueurs tumoraux,
bilan sanguin…
Sources:
– Bernier MO, Plu-Bureau G, Bossard N, Ayzac L, Thalabard JC. Breastfeeding and risk of breast cancer: a metaanalysis of published studies. Hum Reprod Update. 2000;6(4):374-86.
– Collaborative Group on Hormonal Factors in Breast Cancer. Breast cancer and breastfeeding: collaborative reanalysis of individual data from 47 epidemiological studies in 30 countries, including 50302 women with breast cancer and 96973 women without the disease. Lancet. 2002;360(9328):187-95.
– Helewa M, Levesque P, Provencher D, Lea RH, Rosolowich V, Shapiro HM; Comité sur les Maladies du Sein, Comité Exécutif et Conseil des Obstétriciens et Gynécologues du Canada. Cancer du sein, Grossesse et Allaitement. J Obstet Gynaecol Can. 2002;24(2):164-80

Journal du Cameroun)/n