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Education: Faut-il faire sauter les classes aux élèves?

Sur incitations des parents, de nombreux enfants brûlent les étapes scolaires, mais les conseillers d'orientation condamnent cette attitude L'idée d'un…

Sur incitations des parents, de nombreux enfants brûlent les étapes scolaires, mais les conseillers d’orientation condamnent cette attitude

L’idée d’un passage anticipé dans la classe supérieure est de plus en plus répandue dans les m urs camerounaises. Un petit tour dans deux écoles maternelles de la capitale camerounaise, Yaoundé, a permis de faire ce constat. A l’école Les bambins à Biyem-Assi et les Decourtis, à Montée Jouvence, deux maitresses, parlant sous couvert de l’anonymat avouent qu’au moins un élève sur deux a sauté une classe au niveau de la maternelle: «nous avons plusieurs enfants de quatre et cinq ans au Cp. Alors qu’en principe, ils devraient être à la Grande section ou la Sil (..).La plupart du temps, le saut de classes ne répond pas à un besoin de l’enfant mais à une fierté des parents».

Au niveau du secondaire, le phénomène semble un peu rare. Au Lycée d’Elig-Essono et Nkol-Eton, on dit n’enregistrer aucun cas cette année. D’ailleurs, Gertrude Chantal Selema, chef de service d’orientation scolaire au Lycée de Nkol-Eton est formel : «Il ne faut pas faire sauter les classes aux enfants ! Parce que l’expérience à montrer que l’enfant à qui l’on fait sauter les classes devient très moyen en classe supérieure. Chaque classe nécessite un certain nombre de pré requis très important pour la classe suivante. Et alors ces enfants à qui l’ont fait sauter les classes, on ne prend pas soin de bien faire assimiler toutes les notions dont-ils ont besoin », elle ajoute en nuançant son propos «Toutefois, il y a des exceptions, genre surdoué, mais ils ne sont pas nombreux. Pour ces derniers, seuls les conseillers d’orientation peuvent entreprendre, sur la base d’un programme jumelé de classes, faire sauter une classe. Et même là on doit s’en méfier, à chaque classe correspond un âge mental. J’en veux pour preuve le programme de philosophie de classe Terminale, où les élèves sont amenés à traiter des sujets de réflexion pur (.) Par ailleurs, ce que l’on ne comprend pas, c’est l’attitude de certains parents très prompts à inciter les enseignants et dirigeants d’établissement à faire sauter leurs enfants la classe de 4ème, même s’ils sont moyens. Quand on s’y oppose, ils préfèrent généralement faire changer d’établissement à leur enfant ou les faire composer le Bepc en candidat libre ».

Génies
Complexe internationale de la Gaieté, toujours à Yaoundé, le principal de cet établissement scolaire René Noubissie Sandefo, montre très fièrement dans son bureau les photos des «Génies» sortis de son Institut : «Kamga Tamkho, actuellement étudiant en 4ème à Polytechnique est issue de notre collège. Il a obtenu son bac à 15 ans. Mieux, Mahamat Akaye, étudiante en 3ème à l’Université de Soa, a reçu son Bac à 14 ans dans notre collège. On peut faire sauter une classe à un enfant, à une condition : qu’il soit particulièrement brillant ; qu’il soit mur dans son comportement et même dans son expression. On n’a souvent vu les parents faire sauter les classes à des élèves qui ont douze de moyenne. Très souvent ces derniers se plantent, après. Les parents, comme les encadreurs, doivent être extrêmement vigilants pour ceux des enfants qui brulent les étapes. Ils doivent mettre un accent particulier sur toutes les difficultés donc ces enfants peuvent faire fasse.
A la faculté de médecine de l’Université de Yaoundé I, au niveau 1, ils sont nombreux à avoir 16 ans, ce qui laisse supposer qu’ils ont sauté au moins une classe durant leurs parcours scolaires. Leslie Ingrid Metim Kenmogne, fait partir de cette catégorie. Sur les secrets de sa précocité, elle explique : «Au complexe scolaire de l’Espérance, j’ai fait le CMI et le CM2 en une année. Au vu des mes résultats, mon père m’avait demandé si j’étais prête à affronter le concours d’entré en 6ème et le Cepe dans un an, j’ai répondu favorablement. Après mes 15/20 de moyenne au premier trimestre, à la demande de mon père, mon maître m’a proposé à ses collègues du CM2. Etant issu d’une famille d’enseignant, mon père et ma mère se relayaient tous les soirs pour me faire des cours de répétition. Mais un problème s’est posé au moment de faire le concours d’entrer en 6ème, je n’avais pas l’âge requis. J’ai du composer en candidat libre. Une fois en quatrième, mes parents m’ont de nouveau concocté un programme qui m’a permis de réussit au Bepc. Mais le directeur du collège à insister pour que je fasse la classe de 3ème. Ce qui a été fait. Sauter une classe dépend donc des capacités de tout un chacun» conclu telle.

Sur incitations des parents, de nombreux enfants brûlent les étapes scolaires, mais les conseillers d’orientation condamnent cette attitude
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