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Effondrement des immeubles au Cameroun: Une question de qualité du fer

Le non-respect de la norme dans l'utilisation du fer à béton à l'origine de nombreux incidents Le 17 juillet dernier…

Le non-respect de la norme dans l’utilisation du fer à béton à l’origine de nombreux incidents

Le 17 juillet dernier un immeuble de six ni¬veaux encore en chan¬tier s’est effondré au quartier Akwa à Douala, cau¬sant la mort d’une fillette de 4 ans et sa mère enceinte de six mois. Les victimes, des lo¬cataires de l’édifice, avaient été surprises dans leur som¬meil aux environs de 3h. Un incident qui, loin d’être isolé, vient remettre au goût du jour la spirale d’effondre¬ments des immeubles que subit l’industrie du bâtiment depuis près de cinq ans. A ce jour, pas moins d’une dizaine d’immeubles se sont écroulés tels des châteaux de cartes, rien que dans les principales villes du Cameroun que sont Yaoundé et Douala. Avec à la clé, de nombreuses pertes en vies humaines. En la matière, le bilan le plus macabre a été enregis¬tré lors de l’effondrement de l’immeuble R+5, au quartier Nkol-Ndongo dans l’arrondis¬sement de Yaoundé IV en fé¬vrier 2010 : six morts sous les gravats. A cela, vient s’ajouter le décès de quatre personnes dont une femme enceinte, en¬registré lors de la chute d’un bâtiment de type R+4 surve¬nu quelques temps après au quartier Kondengui, toujours dans le même arrondisse¬ment. Un incident qui avait valu la descente sur les lieux des autorités administratives, à l’instar du Gouverneur de la région du Centre, Roger Moïse Eyene Nlom et du délé¬gué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evou¬na. Selon ce dernier, dans sa déclaration de circonstances, une seule cause peut justifier cette succession d’effondre¬ments de bâtiments dans la cité capitale : « l’absence de respect des normes ».

Selon les experts, les effondre¬ments d’immeubles remet¬tent en cause la bonne qualité des matériaux de construc¬tion utilisés, parmi lesquels le fer à béton. Les normes des fers à béton, pourtant d’application obligatoire, ne sont pas encore respectées sur le marché camerounais. Les importateurs et produc¬teurs nationaux contournent la loi. Ils mettent à la disposi¬tion des consommateurs des fers de 6,5 en lieu et place de ceux de 8. Des fers de 8,5 sont passés pour ceux de 10 et les fers de 5,5 pour ceux de 6, explique Fabien Mballa Mballa, ingénieur des travaux publics. D’où la nécessité d’une mise en oeuvre des mesures contraignantes pour les diffé¬rents acteurs de la filière de fer à béton au Cameroun. La première s’applique aux opérateurs économiques. Les importateurs de fers à béton doivent signaler leurs marchandises dans les dé¬lais. Cela permet de faire des prélèvements et des analyses avant leur introduction dans le circuit de la distribution. La deuxième concerne les producteurs. Les produc¬teurs locaux doivent sou¬mettre leurs produits à des contrôles mensuels. Troi¬sièmement, les opérateurs de la filière du fer à béton au Cameroun (Prometal, Afrique Construction, Sorepco.) doi¬vent s’assurer qu’ils disposent « d’un certificat de confor¬mité » avant toute mise en circulation de leurs produits, explique cet expert. La dernière mesure porte sur les descentes « inopinées » des structures ministérielles chargées du contrôle de la conformité. Ce contrôle ne sera efficace que s’il est fait prioritairement « en amont », c’est-à-dire dès l’usine, pour les fabrications locales ; et au Port pour les produits impor¬tés. En effet, les importateurs peuvent sortir leurs marchan¬dises du port autonome de Douala, avant que des prélè¬vements soient effectués sur lesdites marchandises pour analyses. De ce fait, certains importateurs réussissent à tromper la vigilance des pou¬voirs publics et écoulent leur cargaison sans le moindre contrôle de qualité.
Or depuis 2007, au Came¬roun, le fer à béton est régi par la norme NC236:2007-07 qui indique clairement que la longueur nominale des barres de fer est de 12 mètres et les diamètres homologués de 6, 8, 10, et 12, sauf pour des commandes spécifiques à consommer en dehors du réseau de distribution natio¬nale. Cependant les fabricants locaux et les importateurs ne respectent ni la longueur, ni le diamètre réglementaires. Par conséquent, la résistance et la consistance de leurs fers sont approximatives.

En réalité l’utilisation des fers à béton dépend de la taille du bâtiment, du plan de construction et de la qua¬lité du sol, Indique ce ma¬çon. Sur ce dernier point, il est donc indispensable pour l’entrepreneur, de faire appel au Labogénie (un laboratoire d’analyse des sols), avant le lancement des travaux de construction. C’est à la base des résultats de ses analyses que l’entrepreneur décide d’utiliser un type de fer par rapport à un autre , révèle-t-il.
Néanmoins, pour des im¬meubles avec dalle (R+2 ; R+3 ; R+4 ; R+5.), nous (les maçons ndlr) utilisons les fers de 12, notamment au niveau des semelles. Car leur diamètre (12) favorise une meilleure implantation dans le sol, ce qui rend les fonda¬tions plus solides, à même de supporter le poids des diffé¬rents niveaux. En revanche, pour des simples maisons, les ouvriers utilisent des fers HA (haute adhérence) de 8, 10 et même de 6 RL (rond – lisse). En fonction du poids de la charpente

Effondrement des immeubles au Cameroun, une question de qualité du fer
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