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Elysée Bogning Deumany : Femme chef d’entreprise à 28 ans

Cette jeune camerounaise a eu le courage de démissionner d'un poste de cadre pour devenir son propre patron Vous la…

Cette jeune camerounaise a eu le courage de démissionner d’un poste de cadre pour devenir son propre patron

Vous la croiseriez sur votre chemin que vous ne pourriez jamais deviner la détermination de cette jeune camerounais qui a eu le courage de démissionner d’une structure au sein de laquelle elle était cadre pour devenir son propre patron, alors même que l’environnement prêtait le flanc au chômage mais surtout au moment où elle ne disposait d’aucune ressource pour lancer son entreprise.

Enfance classique
Elysée Bogning Deumany est le 6e enfant d’une fratrie de huit, née le 29 avril 1975 à Mbanga – dans le département du Moungo, région du Littoral – de père sous officier de l’armée camerounaise dans son grade de caporal chef, la famille est très souvent amenée à changer de localité – les affectations professionnelles intervenaient tous les deux ans – c’est ainsi que Elysée vit le départ de ses parents de Mbanga pour Douala alors qu’elle n’a que trois ans. Dans la cité balnéaire celle qui par la force de l’ambition deviendra une vingtaine d’années plus tard femme d’entreprise dévale tour à tour la maternelle, le primaire le secondaire et les études supérieures. S’il ne lui reste pas beaucoup de souvenirs de son cycle maternel et primaire, Elysée Deumany révèle néanmoins avoir terminé cette étape sans difficultés particulières en obtenant son Certificat d’étude primaire et élémentaire mais surtout en s’ouvrant les portes du lycée de New bell l’un des plus réputés de Douala.

La révélation
Ici également la vie est plutôt tranquille, en dehors des cours Elysée s’investit dans des associations scolaires, on la retrouve au sein de l’Association des Jeunes et des Etudiants Chrétiens (AJEC), elle milite aussi dans le Groupe Biblique des Elèves et Etudiants du Cameroun (GBEEC), parce qu’ayant grandit dans une famille pieuse la religion était au centre de toute action maman était très chrétienne et la religion était le fondement de notre éducation une raison qui selon Elysée lui aura permis d’éviter des dérapages de jeunesse j’étais une fille rangée, je n’avais même pas le choix donc du coup mes camarades de classe me trouvaient vraiment spéciale, je n’allais pas avec des garçons et je n’avais pas de petits copains. En dehors de son engagement dans des associations chrétiennes, dès la classe de 3eme ses parents lui permettent d’intégrer le club musique du lycée, Elysée est séduite par le micro c’est donc comme chanteuse qu’elle se laisse aller dans cette activité qui va durer trois ans j’interprétais pas mal de musiciens et je n’avais pas de préférence précise, c’était le maitre d’orchestre qui arrêtait le chant qu’on devait interpréter et nous on avait le devoir de le suivre. La néo-musicienne se souvient avoir interprété le slow de Claudia et Sam Mbede – qu’elle a finit par aimer-, la principale fierté de cette expérience reste gravée dans la mémoire de notre hôtetous mes camarades de chant du lycée on finit dans la musique, paix à son âme mais je vais citer Cool bass, il y a aussi eu Zibi de Petit pays, il a chanté dans les sans visas.Si Elysée n’a pas fini chanteuse c’est surtout à cause de la détermination de ses parents qui à un moment n’en voulaient plus. Il faut avouer qu’en dépit de son comportement généralement sérieux à l’école, Elysée n’était pas forcement une élève toute calme, mieux elle était très taquine voire même troubleuse sur les bords je n’étais surtout pas délinquante clame -t- elle pour se dédouaner. Celle qui avait pour 2e langue d’apprentissage l’allemand n’était pour autant pas fanatique de cette langue, tout comme Mlle Deumany n’avait aucun amour pour les mathématiques c’est tout naturellement qu’elle se retrouve en 2nde A -littéraire- une étape franchie sans peine aucune. Par contre le véritable accident de parcours intervient en 1ere, Elysée est obligée de refaire la classe parce que ses notes ne sont pas bonnes et elle n’a pas pu obtenir son probatoire mes parents ont estimé que c’était à cause de la musique, on passait le temps à faire des concerts interscolaires. La déception était si forte que j’ai dû changer d’école, je suis allée chez les religieux au Collège Chevreuil en 1995 là bas j’obtiens mon probatoire et le baccalauréat en 1996. Au niveau supérieur Elysée est un peu perdue, dans un premier temps elle s’inscrit à l’Institut de technologies et d’informatique (Iti), sa rencontre avec les inspecteurs d’orientation du ministère de l’éducation nationale semble révélatrice j’ai compris que j’avais une relation avec le commerce, au lieu de m’inscrire à l’université je devais faire le commerce pour que le génie que j’avais déjà en moi se développe. D’ailleurs pendant ses classes du secondaire Elysée Deumany avait découvert son petit don pour les affaires quand j’allais à l’école j’aimais toujours faire du commerce, j’aimais vendre n’importe quoi, tout ce qui me tombait sur la main. En première année elle s’inscrit en action commerciale et marketing à l’Iti, en 1997 suite à la fermeture de l’Iti, la jeune étudiante va faire ses classes à l’Institut supérieur de management (Isma), elle appartient d’ailleurs à la 1ere promotion de l’école bâtie par Bob Ngamoe, faisant d’une pierre deux coups c’est également cette année là que le Brevet de technicien supérieur (Bts) est empoché.

Elysée Bogning Deumany
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Jeune cadre
A peine s’est elle remise de son succès que se présente l’opportunité d’intégrer une entreprise, c’est ainsi que la connaissance du groupe Batoula est faite, après son passage dans la structure pour le stage académique, les dirigeants n’ont pas hésité à lui offrir un poste. Contrairement à ce qui pourrait paraitre, l’emploi offert à Elysée la laisse sur sa soif, elle est intégrée au sein d’African distingning Compagny (Adic) une structure du groupe Batoula au sein de laquelle elle doit s’occuper de l’audit, la confiance placée en elle par les dirigeants les poussent à la désigner responsable du poste vous vous imaginez ? Je n’avais pas fait audit à l’école mais il fallait que j’organise en tant que responsable un service de gestion et d’audit interne. Pour ses nouveaux collègues, Elysée était perçue comme le policier ou mieux le serpent à abattre, c’est elle qui dénonçait en cas de constat toutes les petites magouilles et fraudes qui se tramaient. Assez souvent les rapports faits à la direction entrainaient des licenciements, un rôle qu’elle trouvait non seulement ingrat mais dans lequel elle se sentait parfois coupable même à la cantine à l’heure de manger mes collègues avaient peur de moi. Ceci a créée une sorte de psychose telle que moi-même je ne me sentais pas bien et je me disais si je dois faire un travail qui n’est pas ce que j’ai appris, qui n’est pas ce que j’aime et qu’en plus il fallait payer le prix. pour moi c’était un peu dur. Sept ans plus loin, la démission tombe je devais faire semblant durant tout ce temps et vous savez je n’avais pas le choix parce que justement je ne sais pas faire semblant.je ne sais pas jouer. Avant mon départ il y avait eu un nouveau besoin, celui de communiquer, mes patrons m’avaient confié ce rôle, pour une fois je faisais ce que j’ai appris à l’école mais surtout ce que j’aimais. C’est ainsi qu’Elysée réussit à concevoir des spots radios et des affiches publicitaires pour Adic, l’expérience dure trois ans. Trois années au cours desquelles elle se forge à l’apprentissage de l’objet publicitaire, en même temps le contact avec les acteurs de ce secteur est noué, elle découvre que cette activité concentre tout un métier je me suis dit si les autres le font et le font si bien moi aussi je peux le faire. Avec un peu de recul, je peux dire que mon expérience chez Adic était un passage nécessaire.

Une chef d’entreprise qui croit en son destin
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Chef d’entreprise
La démission n’a pas été facile parce que mes anciens patrons n’étaient pas d’accord je pense sincèrement que le hasard n’existe pas dans la vie, pour moi chaque évènement a une raison d’être et a sa place, tout le monde même mes frères ont trouvé que j’étais malade, que j’avais fait la plus grosse erreur de ma vie. Plus grave Elysée se retrouve dans une petite déprime, la vie n’est pas facile à ce moment là sans salaire en dépit des charges, armée de sa volonté de créer une entreprise elle garde espoir et le destin lui sourit un jour j’allais rendre visite à une amie qui travail à Total Cameroun et puis curieuse je suis allée me présenter au service des achats pour leur dire que je fais dans les objets publicitaires alors qu’a l’époque je n’avais aucune machine, mais mon plan était de prendre des commandes et aller sous traiter. Malheureusement les conditions de partenariat ne lui sont pas favorables mais une faille se présente, il y avait un besoin de fûts métalliques et je me suis proposée d’en trouver, je me suis retournée vers mon ancien employeur qui vendaient des fûts. C’est ainsi que Total m’envoie le 1er bon de commande de la société Elbing -une entreprise que Elysée avait créée en 2003 mais qui n’existait que sur du papier- Un nouvel obstacle se présente, la commande en main la société Elbing – la combinaison de son nom Elysée Bogning- a besoin de financement pour acheter les fûts et les livrer chez Total je suis allée à la banque et grâce au virement irrévocable que Total m’a donné je réussis à livrer mon 1er client et surtout à me faire une marge de 2 millions de F.CFA ; depuis lors le porte feuille a grandi et des multinationales y font parties désormais, en même temps l’entreprise s’est structurée et compte aujourd’hui une vingtaine d’employés permanents. L’une des grosses déceptions rencontrées fut certainement le mutisme jusqu’ici observé par le Gicam suite à sa demande d’intégrer le Groupement interpatronal du Cameroun mon courrier n’a jamais eu de suite jusqu’aujourd’hui, je me suis naturellement retournée vers e-cam – entreprise du Cameroun- car en tant qu’entreprise j’ai besoin de me retrouver au sein d’une structure patronale qui contribue au développement des activités.

Une autre vie en dehors des affaires
Elysée Deumany est aujourd’hui en 2nde noces et mère de plusieurs enfants, avec ses multiples casquettes elle admet que s’organiser n’est pas facile surtout pour une femme mariée, le conjoint a un rôle très important à jouer, la femme chef d’entreprise ne peut pas s’en sortir toute seule quand elle est mariée, pour mon cas mon mari m’a beaucoup encouragé, il permet que je mène mes activités, me poussent à faire des stages et même je suis souvent dehors à des heures inconvenables à cause de mes activités. Pour assumer ses engagements Elysée se fait aider par une dame de ménage et un chauffeur qui assurent les tâches domestiques. Sur le plan spirituel le chef d’entreprise ne manque presque jamais ses trois réunions hebdomadaires de prière, de même son engagement associatif lui impose un agenda bien meublé, c’est ce cadre elle est quasi présente aux rencontres du Groupement des femmes d’affaires du Cameroun (Gfac), elle est aussi active au sein du (Fcem) femmes chefs d’entreprise mondiales tout en faisant valoir son coté humaniste au sein du corps sanitaire international -une ONG italienne- La dernière trouvaille de ses activités associatives s’intitule Lbf ici on encourage la jeune femme à se prendre en charge à travers des projets, j’en suis la présidente depuis la création il y a un an. A seulement 36 ans presque révolus Elysée Bogning Deumany dit être convaincue de n’avoir pas encore donné le maximum de son potentiel même si elle reconnait avoir jusqu’ici fait un parcours satisfaisant. A la question de savoir ce qui la fait courir, elle n’a qu’une réponse le destin. En guise de confirmation elle projette d’étendre les activités de son entreprise dans la sous région nous avons déjà des partenaires en France, en Turquie, en Chine… mais il faut creuser en Afrique centrale aussi.


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