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Emeutes de février 2008, le contexte des troubles socio-politiques

La vie chère et les revendications politiques au centre des manifestations Il y a un an les grandes métropoles du…

La vie chère et les revendications politiques au centre des manifestations

Il y a un an les grandes métropoles du Cameroun étaient prises d’assaut par des vastes mouvements d’humeur qui ont, non seulement causé d’importants dégâts matériels, mais aussi et surtout, endeuillé de nombreuses familles camerounaises.
Ces mouvements d’humeur interviennent dans un contexte marqué par la hausse du prix du carburant à la pompe. Les syndicats de consommateurs et des transporteurs attiraient déjà l’attention des pouvoirs publics sur les éventuelles conséquences qui pourraient résulter d’une telle hausse du prix du carburant. Certains syndicats des transporteurs avaient même déjà envisagé l’éventualité de la hausse du prix du taxi pour compenser cette autre hausse du carburant de 15 francs CFA survenue le 7 février 2008. La coupe d’Afrique des nations de football à laquelle prennent part les lions indomptables, préoccupent les esprits au point où la hausse ne ferra pas grand bruit à travers le pays, le Cameroun étant une nation du football.

Malheureusement quelques jours plu tard la fièvre gagne les marchés camerounais avec notamment la hausse des prix des produits de première nécessité. Le panier de la ménagère n’arrive plus à se remplir. À cela vont s’ajouter l’inflation, les pénuries fictives créées par des commerçants véreux qui profitent de la situation pour s’enrichir. Malgré les ordonnances du chef de l’état signées bien avant mais jamais traduites en actes concrets sur les marchés, les descentes du ministre du commerce et les leaders des associations de défense des consommateurs, les hausses de prix gagnent le terrain et n’épargnent aucun secteur. Par ailleurs une rumeur d’une éventuelle hausse du prix du pain plane.

Des jeunes dans la rue
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Les émeutes de février interviennent aussi dans un contexte marqué par le projet de révision de la constitution camerounaise qui devrait permettre au président Paul Biya de se représenter à l’élection présidentielle de 2011.Le projet va rencontrer une vive opposition des leaders politiques et de la société civile camerounaise. Dans la région du littoral, le gouverneur Faî Yengo Francis avait pris des mesures préventives en interdisant systématiquement les marches et autres manifestations de l’opposition mais en tolérant celles qui allaient dans le sens des motions de soutien au chef de l’état. L’opposition, surtout le sdf, se voit interdire des meetings à douala. Le 16 février Mboua Massock est interpellé par les forces de police lors d’un meeting à bépenda et déporté vers yabassi. Joe la conscience, artiste engagé et leader d’opinion, avait envisagé une marche de Loum vers Yaoundé, le 17 février il est arrêté. A Bamenda, le 15 février les rues sont envahies par les forces de l’ordre surtout au moment où le parti de l’opposant John Fru Ndi organise une rencontre avec les jeunes sur « le rôle des jeunes dans la social démocratie ». Le 13 février une autre conférence du sdf est interdite par les autorités de la ville, les militants du parti seront dispersés par des gaz lacrymogènes.

Les troubles socio-politiques interviennent également dans un contexte marqué par la montée vertigineuse du chômage des jeunes. Malgré l’atteinte par le Cameroun du point d’achèvement, de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés en 2006, ou encore la signature du C2D avec la France, les signes criards du chômage et du sous- emploi sont visibles. Tous ces faits combinés, ont favorisé la montée en force d’un mécontentement généralisé surtout au près d’une jeunesse en perte de repères et exposée à diverses formes de déviances sociales et sociétales. Une jeunesse qui rêve elle aussi d’une promotion sociale dans un pays où, malheureusement, les fruits de la croissance peinent encore à servir véritablement à la lutte contre la pauvreté et la misère des populations.

On a compté des morts
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