Comment les chantiers qui seront impactés par l’emprunt obligataire peuvent influer l’environnement économique de la sous-région?
Solidement implanté en Afrique centrale, doté de près de la moitié de la population et produisant plus du 1/3 du PIB sous-régional, limitrophe avec l’ensemble des pays de la CÉMAC – Communauté des Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale -, désirant être émergent en 2035, le Cameroun annonce et lance depuis plusieurs mois une série de projets de grande envergure. Pensons notamment au Fer de Mbalam. Selon Idriss Linge du journalducameroun.com, «le projet du fer de Mbalam représente donc un coût global de plus de 1 700 milliards de Fcfa. Selon le gouvernement camerounais, il pourrait impacter pour près de 17% sur le produit intérieur brut.». Selon le Ministère de l’Économie camerounais (MINEPAT), dans sa Lettre économique du Cameroun d’août 2009, annonçait que Rio Tinto Alcan investira 2500 milliards au Cameroun à compter de 2011. En décembre dernier a eu lieu, en faveur de l’État camerounais, la période de souscription à un emprunt obligataire d’une valeur de 200 milliards de FCFA (Environ 4 milliards de dollars canadiens). Le Conseil de l’Émetteur est constitué par trois banques situées sur le sol camerounais à savoir : Afriland First Bank, CitiBank Cameroon et la Société Générale des Banques au Cameroun (SGBC).
Cet emprunt, d’après la note d’information relative à l’emprunt obligataire, servira à financer 13 projets structurants dont le Cameroun a une quote-part évaluée précisément à 206 milliards. Cette une opération, à priori, intéressante car elle va dans le sens de faire du Cameroun un pays émergent en 2035. En effet selon plusieurs experts, dont l’économiste TOUNA MAMA, Conseiller spécial du Premier Ministre du Cameroun, notamment dans son livre « L’Économie Camerounaise : Pour un nouveau départ » (Éditions Afrédit), pour se développer, il faut que le taux d’investissement variant entre 25 et 30%. Donc s’endetter pour investir dans les grands projets est une excellente initiative car ces derniers permettent de : booster la productivité, renforcer l’appareil de production et améliorer l’attractivité du pays.
Des conséquences pour la CÉMAC
Il va de soi que l’ensemble des projets présentés plus haut ont un impact plus ou moins directs sur l’environnement économique de la CÉMAC mais, nous nous attarderons spécifiquement sur le Port en eau profonde de Kribi ainsi que la construction de la fibre optique.
Port en eau profonde de Kribi
La construction du port nécessitera près de 300 milliards, s’étalera sur 26 000 ha (environ 43 fois la superficie du port de Douala, capitale économique du Cameroun) et génèrera plusieurs dizaines de milliers d’emplois directs et indirects. D’après Éric Roland Kongou de Mutations, «le port de Kribi qui accueillera les navires de commerce d’une capacité de 100. 000 tonnes et d’un tirant d’eau de 16 mètres palliera le déficit du port de Douala jusqu’ici limité aux navires de 15. 000 tonnes et 7 mètres de tirant d’eau.». Dans un article sur jeuneafrique.com, paru en janvier 2010, Georges Dougueli mentionnait, en citant Nlend Banack, directeur du projet que : « Nous pourrons ainsi augmenter les flux de transports dans la sous-région à travers le corridor Kribi-Bangui [RCA]-Kisangani [RD Congo] »
Construction de 3 200 km de fibre optique
Ce projet coûtera près de 40 milliards de FCFA et la Chine le financera à hauteur de 85%. Là aussi, c’est un projet porteur qui à terme, permettra de contribuer à l’intégration de la sous-région Afrique centrale. Selon l’agence Xinhua : « le backbone national sera combiné avec le projet « Réseau de télécommunications haut débit à fibre optique de l’Afrique centrale » ou Central African Backbone (CAB), a expliqué Pierre Sonfack, coordonnateur de la composante nationale, lors du lancement officiel au Cameroun de ce projet concernant par ailleurs la Centrafrique et le Tchad. [.] »En ce qui concerne le projet CAB, il s’agit d’interconnecter les backbones des différents pays. Il faut également que ces pays- là mettent en place leurs backbones, c’est-à-dire leur infrastructure nationale à haut débit », a outre précisé M. Sonfack. [.]Prévu en deux phases, il consiste, d’une part, à l’interconnexion sur plus de 1.000 km du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad en s’appuyant sur la fibre optique posée le long du pipeline Tchad-Cameroun, et d’autre part, à l’extension du réseau aux trois autres pays (Congo, Gabon et Guinée équatoriale) de la CEMAC. ».
