L’écrivain camerounais a quitté le pénitencier de Kondengui lundi après-midi. Un peu plus tôt, il avait adressé une lettre au Président de la République
Enoh Meyomesse a effectivement quitté sa cellule de la prison centrale de Yaoundé à Kondengui, lundi dans l’après-midi. C’est un homme heureux et souriant qu’on a vu, dans ses traditionnelles lunettes, une chemise blanche avec des manches retroussées sur un pantalon de couleur noire.
«C’est une émotion qui n’a pas de nom!», s’est exclamé l’écrivain et historien camerounais, fier de ressentir l’air de la liberté.
Le 17 avril dernier, Enoh Meyomesse avait été condamné à 40 mois d’emprisonnement pour «recel aggravé» dans une affaire de vente illicite d’or. La condamnation correspondait au temps qu’il avait déjà passé en détention, ce qui le prédisposait donc à sortir de prison. Le chef d’inculpation pour lequel il était condamné, fruit de la requalification des faits sur les chefs de «complicité de vol aggravé et revente illicite d’or», avait d’ailleurs été contesté par ses avocats. Ces derniers rappelant que le juge d’instruction avait rejeté trois ans plus tôt l’accusation de «recel aggravé». Enoh Meyomesse et ses conseils espéraient ainsi un acquittement pur et simple.
Après une dizaine de jours, las d’attendre le mandat de levée d’écrou, Enoh Meyomesse avait commencé à douter de sa libération effective. En témoigne cette lettre adressée par voie de presse au président de la République et au ministre de la Justice ce lundi en matinée. L’écrivain et historien se plaignait notamment de «persécution» «de la part d’une poignée d’individus, ennemis de la justice et de la démocratie» au sein du «gouvernement».
«Vous m’avez beaucoup aidé vous la presse», a témoigné Enoh Meyomesse lundi après-midi à sa sortie de prison. Il a ainsi expliqué que c’est la médiatisation de son affaire qui a permis qu’il soit transféré de Bertoua pour Yaoundé, et la presse qui a beaucoup aidé dans l’issue de son affaire. «Je n’ai passé qu’un an au Tribunal militaire là où d’autres passent quatre ans avant d’être jugé», a-t-il illustré.
Et les combats à venir semblent déjà tracés pour cet homme critique contre le régime de Yaoundé. «La lutte politique pour la démocratie, la justice, la liberté. J’ai passé 40 mois là dedans (au pénitencier de Kondengui, ndlr), ce n’est pas maintenant que je vais reculer», promet-il.
Enoh Meyomesse avait été arrêté le 22 novembre 2011 à l’aéroport international de Nsimalen, à Yaoundé, alors qu’il rentrait d’un déplacement à Singapour. Le 27 décembre 2012, après avoir passé 13 mois en prison, il avait été condamné à une peine de sept ans de prison et une peine d’amende de 200 000 CFA pour «complicité de vol aggravé et de revente illicite d’or». Trois autres personnes jugées avec lui avaient été condamnées à des peines allant de deux à neuf ans de prison. L’écrivain a toujours contesté les faits qui lui sont reprochés.
Le 17 avril 2015, après 24 renvois, 40 mois et 15 jours passés en détention, Enoh Meyomesse était condamné par la cour d’appel du Centre, à une peine de 40 mois d’emprisonnement pour «recel aggravé». Concrètement, cela signifiait la remise en liberté puisque la peine prononcée correspondait au temps déjà mis en prison. Quarante mois à Kondengui, vous ne pouvez savoir ce que c’est pour un être humain. Votre vie s’arrête», se plaignait-il encore ce lundi matin dans la lettre adressée au président de la République pour bénéficier de sa libération.

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