Esclavage: Encore une célébration dans l’oubli au Cameroun

Ce 10 mai est jour de commémoration de l'abolition de l'esclavage, un évènement célébré partout, sauf dans la plus part…

Ce 10 mai est jour de commémoration de l’abolition de l’esclavage, un évènement célébré partout, sauf dans la plus part des pays concernés

Une idée de Jacques Chirac
Ce lundi 10 mai 2010 est journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Une idée de Jacques Chirac, alors qu’il était encore président de la république en France. Une date qui correspond à l’adoption définitive en 2001 de la loi Taubira reconnaissant la traite et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Dans le discours qui annonçait l’instauration de cette journée commémorative, Jacques Chirac avait reconnu que dans l’histoire de l’humanité, l’esclavage est une blessure, (…) une tragédie dont tous les continents ont été meurtris,(…) une abomination perpétrée pendant plusieurs siècles par les Européens à travers un inqualifiable commerce entre l’Afrique, les Amériques et les îles de l’Océan Indien. Il avait en outre ajouté que l’esclavage a nourri le racisme. (…) Le racisme, d’où qu’il vienne est un crime du c ur et de l’esprit. Il abaisse, il salit, il détruit. Le racisme, c’est l’une des raisons pour lesquelles la mémoire de l’esclavage est une plaie encore vive pour certains de nos concitoyens, avait-il conclu.

Histoire oubliée
Les observateurs déplorent le fait que le mouvement ne soit pas suivi dans les principaux pays directement concernés, principalement en Afrique, d’où partaient la grosse majorité des contingents d’esclaves. A Yaoundé la capitale camerounaise, ce jour qui est celui de la commémoration d’une grande victoire sur l’échelle historique reste assez anodine. Les énergies sont toutes affectées à l’organisation de la célébration du cinquantenaire des indépendances. Pourtant en tant que pays côtier, le Cameroun a subi les ravages de l’esclavage. Une traite des Noirs a fait subir à la société africaine de profonds bouleversements. Seules aujourd’hui quelques ONG, organisations non gouvernementales et certains gouvernements africains (Sénégal) comme le CMDP, Conseil mondial de la diaspora panafricaine souhaitent que l’histoire ne soit pas oubliée. C’est-à-dire qu’il y ait une justice et qu’elle soit marquée à jamais dans les esprits. Ces organismes et surtout le peuple noir veulent que cette traite soit considérée comme un génocide; défini comme l’extermination intentionnelle, systématique et programmée d’un groupe de personnes.

Au-delà de l’abolition
Au-delà de l’abolition, de nombreux observateurs pensent que la journée devrait être l’occasion pour les gouvernements africains d’engager une réflexion générale sur l’ensemble de la mémoire de l’esclavage longtemps refoulée. Aussi, une réflexion devrait être menée pour faire entrer véritablement tout le concept de l’esclavage dans leur histoire, afin que les jeunes générations en aient une vision claire. L’occasion aussi est donnée de s’interroger sur la façon dont l’esclavage peut trouver une place juste et appropriée dans les programmes de l’école primaire et des enseignements secondaires, non pas comme un cours passager, mais comme un concept bien élaboré.

Christiane Taubira, celle par qui la journée a été instaurée
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Pour d’autres experts, il doit se dégager une volonté de développer la connaissance scientifique de cette tragédie. Selon eux, enrichir le savoir sur cette question est le moyen d’établir la vérité et de sortir des polémiques inutiles. La problématique n’est pas simple et pose la question d’une repentance de l’occident vis-à-vis de l’Afrique. Le pape Jean Paul II de son vivant et pontificat en 1991 et Bill Clinton alors président des États-Unis d’Amérique en 1998 s’y sont employés lors de leurs voyages respectifs en Afrique. Certains chefs d’État, tels ceux du Cap-Vert, du Mozambique ou du Togo ont demandé réparation aux pays développés pour la traite dont leurs sociétés ont été victimes arguant que le préjudice subi par le continent noir pénalise son développement.

Esclavage et néo esclavagisme
La traite des Noirs est la période la plus honteuse de l’histoire africaine que l’humanité ait connue. À cette époque, on considérait les hommes Noirs comme des sous-hommes. Une considération qui a conduit à l’esclavage d’un peuple pendant près de quatre siècles. L’appât du gain et le profit ont été à l’origine de ce massacre humanitaire. Cette main d’ uvre bon marché était idéale pour le commerce en plein essor de l’époque. Ce sont les Portugais qui ramenèrent dans leur pays les premiers esclaves noirs. En 1452, le pape Nicolas V donna sa bénédiction pour la conquête des terres africaines et l’exploitation de ce peuple. Français, Anglais et hollandais suivront. L’esclavage n’est pas imputable aux seuls Européens. Il était une pratique coutumière en Afrique, qu’il s’agisse des captifs de guerre, des captifs pour dette, des peuples de cultivateurs noirs asservis par les peuples nomades tels les Rimaïbe chez les Peuls, les Abds des Maures ou encore des peuples de l’arrière-pays soumis aux razzias de sociétés guerrières. Aujourd’hui, de nombreux théoriciens pensent que l’esclavage n’a pas été abolie au regard des rapports économiques entre l’Afrique et l’occident. Des millions d’Africains sont encore esclaves d’un système international de l’aide qui les obligent à travailler pour payer des dettes dont ils n’ont pas été les bénéficiaires directs. Les chiffres exacts sont difficiles à établir, mais on estime que plus de 60 millions de Noirs ont subi l’esclavage.


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