Par Véronique Nzié
Qui saura d’où est parti le premier post annonçant la disparition de notre «mama nationale» sur le réseau social en vogue, Facebook? Toutefois, lorsque Monsieur Mathieu Youbi, co-administrateur du groupe «fb» de plus de 14 mille membres, annonce avec un calme imperturbable le décès d’Anne-Marie Nzié la voix d’or camerounaise, la maman des Camerounais et de la musique camerounaise, et que cette nouvelle sur la base d’une sorte de tweet infondé se répand telle une traînée de poudre, elle provoque une colère grande et légitime. En effet comment un responsable d’un « groupe Facebook » aussi lourd de membres peut-il relayer une information aussi grave sans vérification sérieuse ? Irresponsabilité avérée, incompétence doublée d’inconscience, volonté de créer le « buzz » au détriment d’une bonne moralité, acte léger sur fond de tribalisme ? Il y a certainement ici une ignorance des us et coutumes qui régissent la vie chez les Ngoumba, une ignorance de la cosmogonie de cette tribu à laquelle l’artiste et moi-même appartenons.
Maintenant posons-nous des questions simples voire élémentaires:
– Quelle était donc la motivation première de Monsieur Mathieu Youbi en diffusant cette nouvelle, sans aucune explication ?
– Pourquoi plusieurs d’entre nous ont-ils aveuglément relayé l’information sans analyse critique de la légèreté du post initial lançant ladite triste nouvelle ?
Nous avons un code de bonne conduite. Oui, la nouvelle d’Anne-Marie Nzié qui disparaît ne doit pas être lancée telle une bille de bois sur le pavé de la rumeur. En attendant des explications de Monsieur Youbi qui, je l’espère, prendra ses responsabilités en tant qu’administrateur de LCCLC (ainsi que ses co-équipiers de gestion de ce groupe), en tant que citoyen camerounais et en tant qu’enfant de notre diva nationale, je profite de cette regrettable rumeur pour attirer notre attention générale sur certains points qui me semblent importants.
Responsabilité dans les publications sur les réseaux sociaux
Il est certes grisant de créer le « buzz » sur une star, mais de là à jouer sur le terrain de la mort, nous constatons que très rapidement le mur de la décence et du respect trivial d’une personnalité qui a donné envie à plusieurs générations de pousser la chansonnette est franchi. Il y a eu et il y aura certainement encore des publications à fortes sensations sur Facebook notamment. Cependant nous semblons occulter en permanence la réalité selon laquelle derrière nos claviers d’ordinateurs ou de tablettes se trouvent des individus en chair et en os, avec une sensibilité dont nous ignorons la profondeur, avec qui nous sommes « amis » ! Nous oublions que comme nous-mêmes, chaque « coup » reçu ne fait pas mal au clavier mais à nos âmes. Souvenons-nous que par le passé une vidéo d’à peine quelques minutes a déclenché une bagarre tribale entre Betis et Bamilékés, situation qui au final n’a grandi personne, en commençant par ceux qui croient détenir une force par le nombre .ou par le pouvoir. Sous le prétexte de la virtualité des relations entre amis Facebook et membres des différents groupes, certains d’entre nous se permettent d’injurier, de calomnier, de déchiqueter la personnalité de personnes que pour la plupart ils ne connaissent pas physiquement, dont ils ignorent le domicile ou la vie professionnelle et sociale, oubliant la fonction première de ce réseau social : lieu virtuel de loisir et d’échanges pour se détendre. Rappeler la responsabilité de tous les journalistes publiant sur le Net est un euphémisme, tant il est vrai que l’incompétence journalistique dans le canevas de la déontologie du métier pour nombreux d’entre eux n’est plus à démontrer. Tous nous devons véritablement changer notre mentalité du « glisser les lettres et mots sans réfléchir aux conséquences » en une attitude plus responsable, aussi bien dans la forme que sur le fond de la présentation de nos publications et commentaires sur l’ensemble des réseaux sociaux.
Longue vie à Anne-Marie Nzié !
Détail dans l’histoire, Anne-Marie Nzié est ma tante par alliance. belle-s ur et amie de ma défunte mère. Je suis comme beaucoup de camerounais, lorsque vous connaissez quelqu’un « au quartier » vous percevez mal son côté paillettes, surtout lorsque vous avez des rapports simples. Mais hier l’aspect public de sa vie a pris le dessus, d’où mon cri de colère à l’annonce abusive de sa disparition, cri partagé par tous ses enfants des quatre coins du Cameroun ! Anne-Marie Nzié est une femme très simple, qui sous ses coups de gueule cache une générosité de c ur incroyable. Sa jeunesse est marquée par beaucoup de souffrances physique et morale ; cependant, femme courageuse et tenace, elle est encore parmi nous et toujours prête à donner de la voix, quelle voix ! Son nom s’orthographie bel et bien NZIE. Elle est la reine de plusieurs styles de musique camerounaise, en commençant par celui de son terroir voisin des pygmées, le « Bidé ».
Longue vie à toi maman Anne-Marie Nzié, continue de nous bercer et illuminer par ta seule présence parmi nous.
