Elle même chef d’entreprise, Odette Tedga est intervenue en faveur de la femme rurale, le 10 mars dernier, à l’ambassade du Cameroun à Paris
Femmes rurales et accès aux moyens de productions et aux techniques de transformation et de conservation des aliments
La femme rurale joue un rôle socio- économique et culturel déterminant dans son environnement en s’acquittant quotidiennement et convenablement des tâches domestiques. Elle suit de près ses progénitures et offre ses services à toutes les étapes des travaux agricoles. La femme rurale intervient aussi bien individuellement que dans le cadre dans groupements d’âge. Selon qu’elle habite un pays sahélien comme le Mali ou le Niger, un pays humide comme le Cameroun, elle rencontre des difficultés liés non seulement au climat et à la nature des sols, mais aussi à la place que lui réserve la religion et les traditions. Cette femme a aussi la particularité d’avoir un niveau scolaire bas, quand elle n’est pas analphabète.
Au Mali 60% des femmes rurales travaillent dans le secteur primaire. Présentes tout au long de la chaine agricole, du travail de la terre jusqu’à la transformation et la commercialisation, les femmes assurent plus de 80% de la production alimentaire et comblent les besoins nutritionnels de la famille. En général 75% des femmes rurales, sont présentes dans l’agriculture, Malgré les freins à l’accès au contrôle et la propriété de la terre, aux moyens de production, soulignons l’engagement des pouvoirs politiques et des partenaires extérieurs dans la prise en charge de certains projets présentés par des groupements des femmes rurales.
Accès aux moyens de production et technique de transformation
Disons d’emblée que c’est l’une des difficultés rencontrées par la femme rurale. Prenons le cas du collectif des femmes d’Ebebda dans la province du centre, à 60 km de la ville Yaoundé, présenté par Deborah Ngo Tonye. Nous apprenons que 48 femmes exploitent un champ de deux hectares. Il s’agit d’un groupement de femmes rurales qui travaillent à la force de leurs bras, selon des méthodes et un outillage archaïques. Le manioc produit sans intrant est transformé en bâton de manioc, tapioca, et couscous. Ces produits sont destinés à la vente à Yaoundé ville située à 60km du lieu de production. Cet exemple montre les différentes étapes des travaux agricoles jusqu’à la commercialisation qui est ici l’objectif final. Maintenant prenons l’exemple d’une femme rurale du Nord du continent. Il s’agit là de la fraction OULED Baida de la zone d’EL GUEDID, région de Djelfa en Algérie. La femme rurale d’Ouled Baida de la zone partage avec sa soeur subsaharienne le devoir de s’occuper également des tâches domestiques. Toutes les deux travaillent 14 heures par jour en année peu pluvieuse. Son travail qui s’étale sur les quatre saisons comprend en plus de la récolte des céréales, la traite, le petit élevage, l’entretien des animaux. La production est agro-pastorale et les moyens mis en uvre pour cette femme rurale sont:
-La terre louée ou possédée
– La moissonneuse batteuse louée
– La force physique
– Travaux à l’intérieur
– Hiver: tissage des vêtements, tapis et couture
– Printemps : soin des animaux
– Eté: transformation du lait en beurre et fromage puis travail de la laine
– Automne: transformation du lait en beurre et fromage et travail de la laine
Travaux à l’extérieur
La traite: se fait dans la bergerie pour les vaches et en plein air pour les brebis et les chèvres.
Le petit élevage
Existence d’un poulailler traditionnel à proximité de l’habitat
L’entretien des animaux
Nettoyage de la litière
L’alimentation de l’abreuvement.
L’activité agro-pastorale se caractérise aussi par les déplacements des éleveurs. La femme prépare tout ce dont la famille a besoin sur le lieu de déplacement tels que les ustensiles de cuisine, les vêtements, les couvertures, ainsi que tout ce qui concerne l’installation de la tente. Arrivée sur le lieu, aidée par son mari elle monte la tente, arrache des herbes du sol qu’elle recouvre d’alfa. Ensuite elle installe les articles ménagers, aidée par les enfants. On pourrait croire à une prise en charge totale de la famille dans les activités agricoles et domestiques. En réalité comme dans d’autres milieux difficiles les rôles de la femme et de l’homme soit complémentaires et bien organisés. La comparaison des deux cas présentés respectivement par Ngo Tonye Deborah et Y. Medouni, N Boulachiche, R Brahimi du centre universitaire de DJELFA montre que la femme rurale, qu’elle soit d’un pays en développement à 2 ou à 4 saisons s’occupe de sa famille et participe de façon déterminante à la production agricole ou agro-pastorale. L’Algérienne bénéficie d’une moissonneuse batteuse louée, pour la récolte des céréales, elle comme la femme rurale Camerounaise transforment leur produit agricole selon des méthodes archaïques où compte avant tout la force physique. Tous les deux ont accès à une terre arable louée ou possédée. Elles n’ont accès ni aux ressources financières ni à la formation.
Notons que pour le premier cas, un groupe de femmes additionnent leurs forces pour produire à des fins commerciales, alors que l’Algérienne vit de ses produits et vend ses surplus pour se donner un revenu. Nous savons que les ressources humaines productives dont la qualité dépend de l’éducation, de la formation etc. Et dont la quantité est sujette au temps de travail, aux flux saisonniers, à la disponibilité, et à l’âge de la personne, sont déterminantes dans la création du capital qui est accessible grâce à la commercialisation des produits agricoles. Grâce au capital la femme rurale peut prétendre à l’acquisition de technologie, d’équipements d’intrants, de crédits. Il permet son admission dans les organisations paysannes et communautaires ce qui lui confère le statut de femme agricultrice. La femme rurale accède rarement à ce statut. Dans le meilleur des cas elle sera agent dans les activités de transformation agricole (projets moulins, projets décortiqueuses).

Technique de transformation et de conservation des aliments
Les problèmes de la malnutrition et de l’auto-suffisante alimentaire sont dûs, en partie, au manque des moyens de conservation de la production agricole exposée à une détérioration rapide en raison des conditions climatiques peu favorables et beaucoup d’autres aléas endogènes et exogènes. Il devient évident que la conservation des denrées alimentaires n’est pas moins importante que leur production. Pour remédier au déficit alimentaire de certaines régions du monde, il est nécessaire non seulement d’accroître la production, mais aussi d’examiner toutes les Possibilités d’élaboration et d’utilisation de méthodes de conservation compatibles avec la situation socio-économique et les conditions climatiques de ces régions.
Les techniques couramment utilisées sont issues des savoir-faire ancestraux
Afrique subsaharienne en zone humide ou sèche, la pratique du fumage est connue depuis des siècles au Cameroun. Par exemple chez les Bassa, à chaque foyer de la cuisine est suspendu un filet en osier (Sanga) où l’on met des bâtons de manioc à huile(mitumba) , du poisson et des morceaux de viande à conserver après séchage au feu doux. Dans les régions dont le taux d’humidité de l’air est inférieur à 30% pendant une longue période de l’année et le rayonnement solaire global en moyenne de 650 W par mètre carré par an le séchage des produits agricoles représente une activité très importante. C’est le cas dans la région Adrar en Algérie. Cette région réputée pour la diversité de sa production agricole et sa richesse en plantes condimentaires et médicinales fournit des dattes, tomate du piment de la menthe, du tabac sous leur forme sèche. Ces pratiques artisanales parfois remises en cause pour la qualité des viandes qui peuvent contenir un produit au pouvoir mutagène et cancérigène sont loin de satisfaire la consommation de masse qu’assure l’autosuffisance. Il devient indiqué de développer des installations de séchage pouvant prendre en compte la production agricole locale et prévenir sa détérioration lors des pics de production. La déshydratation osmotique est une réponse à cette préoccupation: Elle consiste à immerger les produits parés et découpés dans des solutions concentrées contenant un ou divers solutés (sel, sucre). Le produit se déshydrate rapidement en s’imprégnant des substances contenues dans la solution. Cette technique est couplée à un séchage ultérieur à l’air chaud .Cette technique présente un triple avantage:
-Le produit est stabilisé quels que soient les conditions climatiques.
-Les qualités organoleptiques sont conservées (couleur, souplesse etc.)
-Il y a une économie d’énergie avec une finition en séchoir
Précisions que ces produits méritent le label bio comme ceux issus des pratiques ancestrales.
En conclusion
La femme rurale qui nourrit la famille en jouant un rôle prépondérant dans la chaine des travaux agricoles a des besoins spécifiques suivants pour son épanouissement et le développement de son activité : L’accès à la terre. Les moyens de production (équipement, et outillage modernes): Education et formation (TIC). Promouvoir la filière de la transformation dans un environnement sécurisé. Adopter les nouvelles techniques de conservation des aliments Accéder au capital par la valorisation et la commercialisation des produits d’exportation. S’organiser par le biais de groupements et de coopératives En donnant à la femme rurale tout ce qui lui manque dans son rôle d’agent de production agricole les pouvoirs publics luttent contre la faim l’exode rural, la faim, la pauvreté, en renforçant les capacités d’un secteur générateur de croissance économique. Le projet d’une agriculture de deuxième génération droit intégrer cette donnée.
