Les bénéfices présentés dans un rapport du ministère des Finances ne réflètent pas les prix sur le marché mondial.
La note sur l’exécution du budget de l’Etat au cours du premier semestre 2008, rendue publique lundi dernier sous la forme d’un communiqué de presse par la direction des affaires économiques (Daf) du ministère des Finances (Minfi), est formelle : « les recettes pétrolières passent de 232 milliards de Fcfa à fin juin 2007 à 406,5 milliards de Fcfa à fin juin 2008. Elles sont en hausse de 174,5 milliards de Fcfa ». Soit une augmentation en valeur relative de 75,2%. A en croire la Daf du Minfi, cette performance due « aux cours mondiaux du pétrole brut qui sont restés élevés [dépassant plusieurs fois la barre historique de 130 dollars le baril] » au cours de la période concernée, sont par ailleurs en dépassement de 9,5 milliards de Fcfa par rapport aux objectifs du gouvernement à fin juin 2008. La somme finalement récoltée étant de 406,5 milliards de Fcfa contre 397 milliards prévus.
Conclusion : contrairement à l’idée généralement répandue par les pouvoirs publics camerounais pour justifier la hausse des prix des produits pétroliers à la pompe, la flambée du prix du baril de pétrole brut sur le marché international n’est pas que négative pour le Cameroun. Parce que, parallèlement à l’augmentation des prix à l’importation [le pétrole consommé au Cameroun provient entièrement de ce importations], ce pays producteur de pétrole tire aussi des bénéfices faramineux de la tendance haussière des prix sur le marché international. Ces bénéfices, en plus de contribuer à la réalisation d’un certain nombre d’investissements, peuvent également servir à subventionner les prix à la pompe, afin que les consommateurs ne ressentent pas dans leurs bourses déjà dégarnies les conséquences de la flambée des cours mondiaux de l’or noir.
Ainsi, par exemple, pour bloquer les prix à la pompe depuis les émeutes de février dernier contre la vie chère, le gouvernement camerounais a débourser, au titre de subventions aux prix des hydrocarbures à la pompe, quelque 169 milliards de Fcfa, dont respectivement 19 et 23 milliards de Fcfa pour les seuls mois d’août et septembre derniers. Ce qui signifie que le gouvernement a dû trouver 160 milliards sur d’autres lignes budgétaires pour subventionner les prix des produits pétroliers à la pompe depuis le début de cette année, les recettes pétrolières n’ayant connu qu’un excédent de 9,5 milliards de Fcfa, selon la direction des affaires économiques du ministère des finances. Une statistique qui peut laisser interrogateur l’observateur averti.
Hausse des salaires
En effet, dans la loi des finances 2008 de la République du Cameroun, le baril de pétrole brut a été budgétisé à 62 dollars. Pourtant, depuis le début de l’année, ce produit a largement dépassé cette barre sur le marché international, battant même à plusieurs reprises le record de 130 dollars. Au regard de ces détails, l’on est en droit de s’attendre à une augmentation plus substantielle des recettes pétrolières à fin juin 2008, qui dépassent largement les 9,5 milliards de Fcfa sus mentionnés. A moins qu’à un moment donné, le gouvernement a revu à la hausse ses prétentions de recettes pétrolières (397 milliards de Fcfa) à fin juin 2008, en prenant en compte les prix alors en vigueur sur le marché international, et non ceux qui ont servi de référence lors de l’élaboration de la loi des finances 2008.
Mais, cela est-il possible après le vote de ladite loi par l’Assemblée nationale?
A cette question, l’on est tenté de répondre par la négative. Ce d’autant qu’il a fallu une ordonnance du chef de l’Etat (pas moins) pour modifier la loi des finances 2008, afin d’y intégrer les incidences financières des mesures prises par le gouvernement le 7 mars dernier, au lendemain des émeutes contre la vie chère qui ont officiellement fait 40 morts. Il s’agit notamment de la revalorisation des salaires es agents publics de 15%, de l’augmentation de 10% sur l’indemnité de logement desdits agents, et l’exonération des droits de douanes sur certains produits de première nécessité.

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