Fils de footballeur camerounais, Achille Emana assume l’héritage à sa manière
Depuis la fin de la désastreuse campagne des Lions indomptables au Mondial sud-africain, Achille Emana ne cesse de défrayer la chronique. Indexé à tort ou à raison au lendemain de la Coupe du monde par certains responsables du football camerounais comme l’un des instigateurs de l’indiscipline dans la tanière des Lions, Achille Emana a été écarté de la sélection camerounaise. D’un tempérament frondeur, voire provocateur, Achille Emana aurait déclaré, dans une interview à So Foot, avoir «demandé des explications à la Fécafoot et au Minsep». En guise de réponse, la commission d’homologation et de discipline de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a convoqué le sociétaire du Bétis de Séville (D2 espagnole) pour le 26 janvier prochain. Comme beaucoup s’en doutaient, le fils de René Emana, ex-sociétaire du Canon et des Lions indomptables ne s’est pas présenté devant la commission.
Si Achille Emana a déclaré qu’il ne jouera avec les Lions indomptables que lorsque les autorités sportives camerounaises lui auront présenté des excuses publiques, son père avait, quant à lui, prématurément, interrompu sa carrière internationale. Mais ce fut pour d’autres raisons. Victime d’une sévère pneumonie, René Emana mettra un temps fou pour se soigner à l’hôpital Jamot à Yaoundé. En mars 1984, à la sortie du palais de l’Unité où les Lions indomptables, fraîchement champions d’Afrique, venaient de recevoir leur médaille, ses ex-coéquipiers feront escale à l’hôpital Jamot pour un « coup de c ur » à l’endroit d’ «Essuie-glace». Une fois rétabli, il ne parvint plus à se faire une place de titulaire au sein du mythique Canon. Il se contenta alors d’inoculer le virus du football à son fils à travers les terrains vagues de la capitale camerounaise.
Dans un sport devenu beaucoup plus physique qu’au temps de René Emana dit «Essuie-glace», Achille Emana apparaît plus costaud que l’ailier de l’époque glorieuse du Canon. Il possède d’ailleurs l’une des plus grosses cuisses des internationaux camerounais. Son passé d’ancien judoka a, en plus, contribué à lui donner de larges épaules. Et comme dit l’adage : «Bon sang ne saurait mentir», Achille Emana est l’image tout craché de son géniteur de regrettée mémoire (décédé le 22 juillet 2009) : visage fin, sourire angélique, démarche élégante et même goût pour la fantaisie. Il adore en plus croquer la vie à belle dents, comme le faisait jadis son défunt père. Ainsi donc, l’ex-Toulousain, né le 5 juin 1982, voue une passion pour le luxe. Il n’est pas rare de le voir à bord d’une grosse cylindrée 4×4, vêtu de fringues griffées et portant des montres et bijoux en or.
C’est Joseph Antoine Bell qui l’a pris sous sa protection quand, encore adolescent, il évoluait dans une équipe jeunes baptisée Jeunesse Star de Yaoundé. Arrivée en France en 2001 en provenance du club espagnol de Valence où il a été formé, Achille Emana a contribué à la remontée historique de Toulouse, et au titre de champion de France de D2. Il est même élu cette saison-là (2002/2003), meilleur joueur à son poste de Ligue 2. Cependant, depuis sa première sélection chez les Lions indomptables à l’occasion de la Coupe des confédérations en 2003, il éprouve des difficultés à s’imposer chez les vert-rouge-jaune, à la griffe du Lion. Comme son père, Achille Emana à un goût immodéré pour le geste superflu. Il fait presque toutes ses passes de l’extérieur du pied. Un geste de nature à désorienter même ses propres partenaires. Tous les sélectionneurs qui se sont succédé chez les Lions ces huit dernières années lui ont fait des reproches pour ce jeu inefficace. Très régulier en club, il ne réussit que rarement à avoir le même rendement en sélection. Sa mésentente permanente avec Samuel Eto’o, le leader technique des Lions, y est certainement pour quelque chose. Et depuis que son club du Bétis Séville évolue en Seconda B, l’équivalent ailleurs de la deuxième division, son aura ne cesse de diminuer.
