La marche vers la succession a viré à l’affrontement entre des manifestants et les forces de l’ordre
Deux mois seulement après la mort d’Omar Bongo, et trois semaines avant la présidentielle qui doit désigner son successeur le 30 août prochain, des premiers incidents notables ont eu lieu à Libreville. Dans la matinée de vendredi dernier, le face-à-face entre la centaine de policiers et les manifestants a duré plus de deux heures. Ces heurts ont éclaté après la dispersion par les forces de l’ordre d’un rassemblement de plusieurs centaines d’opposants qui demandaient la démission du gouvernement du ministre de la Défense Ali Ben Bongo, fils du défunt président Omar Bongo et candidat à la présidentielle. Jeudi soir, une coalition d’une dizaine de candidats à la présidentielle avait annoncé pour vendredi cette marche initiative que les autorités ont déclaré interdite.
Des affrontements violents
D’après un reportage de l’Agence France Presse, gaz lacrymogène, charges, coups de matraque, cailloux, bouteilles et autres projectiles étaient lancés. De sources indépendante, ces affrontements ont fait plusieurs blessés. Ils ne sont que quelques centaines, lorsque la police tire les premières grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants. Etouffés par le gaz lacrymogène, les manifestants se replient derrière les maisons et les rues secondaires. Quelques jeunes vindicatifs se sont jetés sur les policiers qui ont répliqué à coups de matraque. Toujours d’après l’AFP, l’un d’eux, roué de coups, s’est évanoui. Les policiers l’ont placé dans leur camion. La foule le prenant pour mort s’est excitée davantage.
Une réaction démesurée de la police
Un peu après la bataille, Bruno Ben Moubamba un des candidats ayant appelé à la manifestation, est arrivé. Pierre Mamboundou, Zacharie Myboto et les autres leaders de l’opposition sont arrivés. Ils ont négocié la possibilité d’organiser la marche malgré son interdiction et ont obtenu satisfaction. Une nouvelle manifestation s’est ainsi déroulée dans l’après-midi. Ces affrontements sont les plus violentes depuis la bataille pour le multipartisme des années 90. Après les manifestations, les populations ont envahie les rues par milliers. Elles ont scandé leur ras le bol. Sur des images retransmises par de nombreuses chaine de télévision, on peut entendre : « Le Gabon n’est pas une monarchie. C’est le peuple qui doit décider. Ali va-t-en ». « La réaction de la police a été très violente, démesurée » souligne Bourdès Ogouliguendé, porte-parole des candidats présents, qui a notamment pu faire transporter à l’hôpital le blessé emporté par la police.
Revendications pour des élections transparentes
Ces opposants revendiquent tout simplement la démission d’Ali Bongo du gouvernement et la révision des listes électorales, pour une meilleure transparence. Au jour d’aujourd’hui, Ali Bongo est le seul candidat au scrutin présidentiel qui exerce toujours des fonctions ministérielles. Le ministre de l’Enseignement technique Maganga Moussavou a annoncé, jeudi, qu’il démissionnait du gouvernement pour se consacrer à la campagne électorale. Le Parti démocratique gabonais (PDG) au pouvoir, avait fait savoir, fin juillet, qu' »aucune disposition ne disqualifie les candidats à l’élection présidentielle pour siéger au gouvernement ». Vingt-trois candidats, dont trois femmes, sont en course pour la présidentielle du 30 août, un scrutin à un seul tour. La campagne électorale doit s’ouvrir le 15 août prochain pour deux semaines. Selon certains analystes, ces élections seraient une formalité pour le candidats du PDG.
A Paris, près de 70 manifestants se sont également rassemblés près de l’ambassade de Gabon en France, pour demander un processus électoral « transparent » et la démission d’Ali Ben Bongo.
