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Georges Njamkepo, le camerounais qui gère la direction commerciale grand public à Orange Niger

Diplômé de l'école de commerce de Toulouse, il a travaillé en Centrafrique, au Cameroun avant de poser ses valises au…

Diplômé de l’école de commerce de Toulouse, il a travaillé en Centrafrique, au Cameroun avant de poser ses valises au Niger

Vous êtes aujourd’hui directeur commercial grand public chez Orange Niger. Racontez nous votre parcours ?
Mon parcours est long à raconter, çà consisterait à vous faire partager mes 52 années de vie à travers le monde et je crois que ce n’est pas le but du jeu. J’ai fait mes études scolaires et universitaires au Cameroun et ensuite, je les ai terminées en France, à l’Ecole Supérieure de commerce de Toulouse. Après quelques postes plutôt alimentaires en France, je suis rentré au Cameroun en 1988 comme Chef des Services de Comptabilité Analytique aux Brasseries du Cameroun. Je suis marié et père de 3 enfants, dont deux sont étudiants à l’université à Toulouse.

Vous avez travaillé pendant longtemps au Cameroun notamment chez Orange comme Chef de Pôle Evénementiel-Partenariat-Sponsoring après un passage aux brasseries du Cameroun. Pourquoi êtes-vous parti du Cameroun ?
J’ai l’avantage d’avoir rencontré en 2005, le DG de Télécel Centrafrique, Monsieur Serge PSIMHIS, qui m’a proposé de l’accompagner dans le développement de l’entreprise qu’il avait alors en charge, ce que j’ai accepté avec enthousiasme. Lors de notre rencontre, il m’a parlé de son entreprise, avec en marge une présentation fidèle de l’environnement, des enjeux du secteur, du marché et surtout la pression de la concurrence. J’ai été tout de suite séduit par ce challenge et en juin 2005, j’embarque sur un vol CAMAIR à destination de Bangui. Je dois vous dire qu’en décembre 2008, quand je quitte Bangui, j’ai largement réalisé les objectifs qui m’avaient été assignés par le DG et les actionnaires et c’est un succès. Pour preuve l’entreprise sera cédée à un nouvel actionnaire à un prix d’acquisition de plusieurs dizaines de milliards de Fcfa. Cela dit, j’aime voyager, c’est une passion et je profite de ma vie professionnelle pour justement découvrir le monde et ses secrets, c’est aussi la raison pour laquelle je me suis embarqué très facilement pour le Niger en Janvier 2009.

Après une expérience professionnelle en occident et une autre en Afrique, quelle est la différence fondamentale entre les deux systèmes?
En Europe, le marketing s’exécute sur des marchés structurés avec des consommateurs rationnels dont la gestion reste finalement très simple en termes d’approche, à comparer avec les marchés des pays émergents (l’Afrique) dont le niveau d’informel atteint parfois 85 ou 90%. Malgré ces freins structurels, il est possible de faire ce métier en Afrique, en appliquant les principes directeurs de la stratégie des 3A (Affordability-Availability-Acceptability), fondatrice de tout développement d’entreprise à travers le monde. Il faut pouvoir transformer ces principes en plans d’actions et les dérouler au quotidien, malgré la barrière de l’informel. C’est définitivement physique et çà nécessite intelligence et énergie comme dans une guérilla urbaine. Durant les expériences que j’ai eues, j’ai pu mettre en uvre la seule stratégie qui vaille pour une entreprise qui officie sur des marchés de produits de consommation courante et qui se résume par « des produits disponibles dans les conditions optimales d’achat et de consommation ». Un vrai challenge, tandis qu’en Europe le combat consiste à être référencé auprès des grandes surfaces, en Afrique, c’est la même problématique, sauf qu’il n’y a pas de rayonnages, pas de centrales d’achats… Il faut donc contourner les freins, sauter les obstacles, encercler les concurrents, imaginer des ponts et des relais suffisamment efficaces et souples pour qu’au bout de la chaîne, votre produit soit entre les mains du consommateur en lieu et place de celui des concurrents, Nestlé, Coca-cola ont prouvé que c’était possible. Cette démarche conduit à des marchés qui ne peuvent être que soit un monopole pur (c’est le cas du métier des Brasseries dont le Groupe Castel est l’archétype), soit un monopole en amont et un oligopole en aval (le premier possède plus de 50% de part de marché et les autres acteurs se partagent le reste du gâteau). Aujourd’hui, la croissance des marchés de la téléphonie mobile en Afrique est d’environ 40%, avec un taux de pénétration encore faible (12/13%), ce qui laisse alors de larges potentialités pour les années futures et permet d’envisager l’avenir avec sérénité pour ceux qui ont pris le risque d’investir dans des environnements dont le dynamisme est réel, mais où il faut aller chercher sa place avec les dents. La croissance du secteur est renforcée par un élément endogène mais néanmoins lié, l’absence ou la mauvaise qualité des infrastructures de communication (routes, chemin de fer,…) et du planteur de café au PDG de la plus grande société de la place, le seul lien avec le monde, reste le téléphone portable, comme un prolongement de la main gauche. Nous sommes en décembre 2009 et Orange Niger est classé N°2 et sera dans un an, leader incontesté du secteur, c’est une question de méthode, mais aussi la réponse à la fameuse ambivalence entre la raison et la volonté, ce qui n’est pas le cas en Europe, où l’on vit sur le tout rationnel. En Afrique dans tous les domaines même en amour, il faut opposer au pessimisme de la raison, l’optimisme de la volonté, substituer à la rationalité économique, une forte et puissante dose de passion énergique … parce qu’ici en Afrique, l’autorité du droit est travestie par l’arbitraire du fait. Une véritable équation à plusieurs inconnues dont le mouvement de l’une, influence le schéma des autres individuellement et collectivement. La réponse n’est dans aucun livre de stratégie… Je suis affirmatif car je me réfère toujours à Confucius qui disait: « l’expérience est une lanterne qui éclaire le chemin parcouru »

Si on vous demande de donner un conseil aux jeunes qui veulent embrasser une carrière comme la vôtre ?
Je donne souvent trois conseils aux jeunes qui passent me voir et qui acceptent de discuter avec moi. D’abord de la patience, tout vient à point nommé pour qui sait attendre. Ce que vous ne faites pas avec le temps, le temps va le détruire. Ne pas être pressé. Ensuite, l’expérience. Il faut se mettre systématiquement dans une posture d’apprentissage, une position qui permette d’apprendre au contact de l’environnement et des autres. Quand on est fraichement sorti de l’école, il faut savoir que tout commence et que l’on ne sait finalement rien. L’école et tout ce qu’on y a appris permet simplement de mettre le jeune sur le chemin de l’initiation et de l’apprentissage. Dans les livres de stratégie, on n’apprend pas comment parler le haoussa, mais on apprend juste que pour vendre à un haoussa, il faut parler le haoussa. comprenne qui pourra. Enfin, je crois beaucoup à l’humanité et je pense que quand deux êtres humains se rencontrent, c’est sûrement pour bâtir quelque chose. Etre entier et se donner à fond sans retenue, chaque fois qu’une responsabilité vous est confiée, vous verrez donc le volume des opportunités qui s’offrent à vous.

Georges NJAMKEPO
Journalducameroun.com)/n

Et le Cameroun, qu’est ce qui vous manque ?
C’est un pays inimitable, il me manque les odeurs, les bruits, les images, l’ambiance, tout ce qui fait que lorsque vous êtes au Cameroun vous pouvez y vivre sans en sortir, il me manque mes parents, mes amis. Je nourris pour le Cameroun, une forte nostalgie, un long chagrin d’être hors du pays, je pleure de tout mon corps de cette absence, mais je sais aussi que je suis actuellement dans une posture d’épreuve et que mon parcours est un long chemin d’initiation dont je ne connais pas le terme, alors j’accepte la douleur de l’absence et je vis pleinement mon exil professionnel en essayant de me découvrir et d’entrevoir ce qui se cache à travers le monde. J’essaie justement, ma « camerounité » chevillée au corps, d’apporter ma part du Cameroun à ceux que je croise, pour lever un pan de voile sur notre pays qui reste pour beaucoup sur la planète, un grand mystère.

Y retournez-vous souvent ?
J’avoue que çà fait maintenant bien longtemps, une bonne année que je n’ai pas été au Cameroun, je pense que j’y serai au cours du mois de février 2010.

Votre plus beau souvenir du Cameroun ?
Je sèche. Le Cameroun à lui seul est un souvenir, CAMEROUN, CAMEROUN, CAMEROUN

On imagine bien qu’il existe une communauté camerounaise au Niger. Parlez-nous-en ?
Je vous avoue que sur ce plan, je suis blâmable, pressions quotidiennes du travail et exigence de résultats professionnels, je n’ai que très peu rencontré les membres de la communauté camerounaise. Je rencontre parfois les étudiants avec qui je partage quelques petits moments, ce sont eux qui ont besoin d’espérer et qui doivent être encouragés. Les étudiants, leur naïveté mais surtout leur envie d’avenir est particulièrement rajeunissante, ils sont porteurs de messages très lourds, on devrait un peu plus les écouter parce qu’ils fonctionnent sans aucun calcul.

Faites-vous partie d’une association communautaire ?
Non. j’ai l’esprit tellement nomade que je ne souhaite pas m’accrocher et donner de faux espoirs à ceux qui pourraient espérer faire un long chemin en ma compagnie, je ne sais pour combien de temps je suis au Niger.

Pour terminer, quel souhait peut-on formuler pour vous ?
Une santé de fer.

Georges NJAMKEPO
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