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Gino Sitson : «La quête du savoir et de la connaissance m’obsède»

L'artiste et musicien camerounais possède plusieurs cordes à son arc. De New York où il vit, son talent s'exprime sur…

L’artiste et musicien camerounais possède plusieurs cordes à son arc. De New York où il vit, son talent s’exprime sur la scène internationale, mais aussi à travers la recherche

Parlez nous de votre rencontre avec l’univers du jazz américain ?
D’abord par le biais d’un ami, le brillant saxophoniste Antoine Roney, qui a parlé de moi a Michael Brecker (paix a son âme), qui a lui ensuite fait écouter mon travail à Pat Metheny.Et bla bla bla (rires). Après il y a eu Craig Harris, Larry Williams, Billy Cobham, John Scofield, Jeff « Tain Watts, Ron Carter, Bobby McFerrin. j’en passe.

Chose rare chez beaucoup d’artistes Camerounais, vous avez poursuivi des études de musique jusqu’au niveau universitaire, notamment à la Sorbonne à Paris où vous avez étudié l’Ethnomusicologie ; ces études vous servent-elles dans la pratique ?
Paris IV-Sorbonne, c’était en LEA (langues étrangères appliquées), musicologie à Paris 8. Tout ce que j’apprends, me sert énormément ; c’est une forme de nourriture. J’ai même fait deux années de contrebasse à la Harlem School of the Arts ici à New York, . (rires). Je suis un éternel « apprenant » et je pense que c’est à priori le propre de tout être humain. L’envie de se surpasser, de ne pas penser qu’on a réponse à tout et qu’on connaît tout. La quête du savoir et de la connaissance m’obsède. D’ailleurs un de mes sujets de recherche parle des savoirs, de leur transmission. Tous ces apprentissages me permettent aussi par la suite d’être à mon humble niveau « transmetteur » de connaissances par le biais des workshops, des cours ou des « lecture démonstrations ». J’en ai d’ailleurs un ici à New York à la Columbia University au mois de Mai qui portera sur l’improvisation vocale, tout juste au retour de ma tournée européenne.

Pendant longtemps vous avez parcouru de nombreux pays pour faire des concerts, et en 2000 vous décidez de rester à New-York, quelles sont les raisons profondes de ce choix?
Ce sont des raisons profondément personnelles, mais surtout musicales. New York est une ville stimulante. Les gens sont curieux de tout, le novateur est valorisé et trouve une place. Les gens sont moins arrogants et plus accessibles. New York est devenue ma ville d’adoption.

Vous êtes depuis 2006 ambassadeur des arts de la ville de Miami dans l’Etat de Floride aux Etats-Unis. Peut-on parler de reconnaissance?
Bien sûr que c’est une belle reconnaissance par rapport à ma carrière, ma vision et mes recherches. Ce n’est jamais désagréable de recevoir des honneurs de la part des gens sérieux et brillants (sourires). J’y ai d’ailleurs enseigné (Florida Memorial University).

On se souvient du featuring que vous avez fait avec Lucky Dube ; comment avez-vous ressenti sa disparition ?
J’ai « fait » des voix sur un album où figurait une pléiade d’artistes africains parmi lesquels Lucky, Papa Wemba, Youssou N’dour. J’aimais beaucoup son grain de voix. Il avait un timbre unique, un style bien a lui ; un peu mélancolique. Sa mort tragique m’a énormément affectée !

Vous avez aussi fait des featurings avec d’autres grands noms de la musique africaine et négro africaine d’Amérique ; est ce qu’il y’a une chance de voir tous ces génies d’Afrique venir pour un concert sur le continent?
Pourquoi pas ? Je ne suis malheureusement pas promoteur de spectacles (rires). Il y a pas mal d’artistes qui ont soif de jouer en Afrique mais je dois avouer qu’ils ont quelques fois un peu peur.

Le Jazz est son univers
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La réputation qui vous suit rapporte que vous distillez de l’amour et de la compassion pour l’autre dans vos mélodies, est ce que Gino a déjà trouvé une âme s ur qui lui rende aussi cette part d’affection ?
Je suis très flatté d’avoir cette réputation. Tout ce que je peux dire, c’est qu’on ne se refait pas (sourires). D’autre part, l’équilibre se trouve au fond de soi-même, l’entourage relève de l’intimité à laquelle je tiens énormément.

Que fait Gino Sitson lorsqu’il n’est pas entre deux concerts ?
En famille, je lis, j’enseigne, j’écris de nouvelles musiques (pour Discovery Channel, PBS, Nickelodeon/CBS .), j’apprends de nouvelles choses, je fais de la recherche. Du moins je viens d’entamer ce processus. Je vous solliciterais peut-être pour publier certains fruits de mes explorations (rires)

Quel est le meilleur souvenir que vous avez-vous du Cameroun ?
Une enfance heureuse en famille. Une « boulimie excessive » pour les livres, pour la littérature, « imposée » par les parents. Rien de farfelu que je sache

Avez-vous un avis sur la crise des droits d’auteurs que traversent les musiciens au Cameroun ?
Je n’en sais pas grand-chose. J’aurais du mal à donner un avis là-dessus. J’ai cru entendre qu’il y a eu quelques « tohu-bohu » à un moment ?

Gino Sitson, entre savoirs et transmission
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