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Gouvernance: Encore des progrès à faire!

C'est dans une grande majorité, la perception que les ménages camerounais ont de cette notion, selon une étude. La corruption…

C’est dans une grande majorité, la perception que les ménages camerounais ont de cette notion, selon une étude.

La corruption encore indexée
87%, c’est le nombre des ménages camerounais qui estiment que la corruption demeure un problème majeur dans leur pays. Ce chiffre résulte d’une étude effectuée par l’institut nationale de la statistique (INS) sur la période 2002 à 2007. Le thème des travaux: « perception de la gouvernance et de l’intégrité au Cameroun ». L’étude qui repose sur une enquête sur la situation économique des ménages était un additif demandé par la commission anti-corruption (CONAC) du Cameroun. Il en ressort que selon des chefs de familles, la corruption tant au sommet de l’Etat, qu’à une moindre échelle, notamment dans diverses administrations, a augmenté au Cameroun en 2007, par rapport aux années précédentes. D’après cette étude, 55% des ménages interrogés pense que la corruption est l’une des trois causes majeures de la pauvreté. Les foyers pauvres sont plus susceptibles de résister à la corruption contrairement aux ménages les plus démunis. De plus, la corruption est plus ressentie en zone rurale que dans les zones urbaines selon ce rapport.

L’étude classe aussi les secteurs de corruption par hiérarchie de perception. Selon 73% des ménages, les actions menées en faveur de la bonne gouvernance pour l’amélioration des services publics, ont eu un effet limité sur six services. Au premier rang figure la santé, puis vient l’éducation, les impôts et les douanes, les infrastructures, la police et la gendarmerie et enfin la justice. L’interprétation des données laisse aussi entrevoir que ces secteurs sont les plus touchés parce que très sollicités par les ménages. Le rapport signale que cette situation perdure en raison du manque de transparence dans la gestion des affaires publiques. Parmi les recommandations, les réalisateurs de l’étude proposent la mise en place d’un cadre de loi pour punir les acteurs de la corruption, à côté d’un système de récompenses aux meilleurs agents.

Insatisfaction de plusieurs acteurs
Présenté devant de nombreux responsables d’administration et de la société civile, le rapport a pourtant fait l’objet de nombreuses critiques. En premier lieu son titre qui pose plus d’un problème. Il n’édifie ni sur le contexte, ni sur le moment de réalisation de la collecte des données. D’un autre côté, l’étude porte sur l’examen de la perception de la gouvernance au Cameroun, alors que la plupart des indicateurs semblent se focaliser sur la question de la corruption, qui n’est qu’un des aspects de la mauvaise gouvernance. Ce à quoi, le directeur général de l’INS a répondu que: « c’est un choix ». En prenant en compte l’objet même de l’étude, de nombreux observateurs ont relevé, que les bases de collecte n’ont pas semblé pertinentes. En ce qui concerne par exemple la corruption dans le domaine des transports, seuls les automobilistes semblent avoir été interrogés, pourtant de nombreux pans de corruption dans les transports existent, au-delà des simples véhicules privés. Sur le plan de la corruption dans le secteur de l’éducation, l’étude s’appesanti d’avantage sur la corruption dans le primaire et le secondaire, pourtant la corruption au sein du milieu éducatif gangrène aussi l’enseignement supérieure. On y retrouve par exemple des faux diplômes, des fausses notes, qui donnent l’impression de « toute une filière de mauvaise gouvernance ».

On a aussi reproché à l’étude d’avoir négligé la perception des investisseurs, et même de l’administration. Tout cela fait dire à certains, que l’étude ne sera que d’une très petite utilité, en raison de l’absence de pertinence de plusieurs des indicateurs sur lesquels elle se fonde. Le Directeur Générale de l’INS a reconnu le bien fondé de toutes ces limites qui ont été soulignées. Du côté de la banque mondiale, l’insatisfaction est également perceptible. De nombreux volets importants de la gouvernance n’ont pas été pris en compte. Seule la corruption a été mise en avant, alors même que son impact réel sur la gouvernance n’a pas été donné. Selon des sources proches de l’organisation, les résultats de l’étude ont traîné parce que la CONAC qui en est le commanditaire, n’aurait pas honoré ses engagements financiers. Il a fallu le soutien de la banque mondiale pour permettre l’achèvement des travaux. Leur déception si elle était exprimée, se comprendrait aisément. C’est peut-être beaucoup d’argent dépensé pour peu de chose finalement.

Joseph Tedou, directeur général de lINS et la Représentante de la banque mondiale ont présenté le rapport
journalducameroun.com)/n