L’entreprise aurait continué de couper les arbres dans la forêt où elle se trouve, alors que le ministère du secteur avait imposé une suspension
Selon la branche camerounaise de Greenpeace, l’organisation non gouvernementale internationale de protection de l’environnement, l’entreprise camerounaise SGSOC, filiale du groupe américain Herakles Farms aurait violé la suspension imposée par le ministère en charge des forêts et de la faune relativement à la coupe des arbres dans la zone qu’elle occupe actuellement dans la région sud-ouest du pays. « De nouveaux éléments révélés par Greenpeace International démontrent qu’Herakles Farms a continué de défricher la forêt pendant une période de suspension des travaux imposée par le gouvernement camerounais et impliquant l’arrêt de tous les travaux », a déclaré mercredi 11 septembre Irene Wabiha, chargée de programme au sein de l’ONG. Dans un communiqué publié le 18 mai, SGOSC avait fait savoir qu’elle avait arrêté ses travaux mettant en danger de milliers d’emplois et une opportunité de développement pour les populations de la localité. Mais selon Greenpeace une descente sur le terrain a permis de constater que des bois estampillés de la marque de l’investisseur datés de la période supposée de suspension ont été vus stockés dans ses installations. Cette situation pose plusieurs types de problèmes. Déjà il y a une atteinte grave au respect de l’autorité. Et surtout procéder ainsi met à mal la mise en uvre des accords FLEGT visant à introduire la traçabilité des bois exportés à partir du Cameroun. Enfin c’est carrément une violation de la loi car la loi nationale n’autorise pas à une entreprise agricole ou tout autre installé dans une forêt et couper du bois à des fins commerciales », a expliqué madame Wabiha
Même si elle reconnaît que rien ne permet de façon directe que le bois coupé aurait été vendu par Herakles, la responsable de Greenpeace insiste sur le fait que l’entreprise applique un cas d’école de spoliation des terres et d’exploitation illégale de bois. On se souvient qu’au mois de juillet, Greenpeace associée à deux ONG camerounaises (RELUFA et CED) ont porté plainte au groupe américain pour des faits allégués et non contestés de corruption. Ces ONG citaient des articles parus dans des médias sérieux en occident et prenaient à témoin la violation flagrante de la loi dans la manière dont HF a occupé les terres au Cameroun. Selon la loi, au-delà de 50 000 hectares seule une signature du président de la république attribue une concession foncière. Pourtant sur la base d’un document signé par un ministre, le groupe américain revendique 90 000 hectares. Malgré ce lourd plaidoyer qui dure depuis près de trois ans, Herakles Farms n’a pas beaucoup bougé et continue de braver la volonté d’une bonne partie des communautés, qui disent ne plus vouloir de sa présence. « Même le travail qu’ils disent qu’ils vont donner aux gens on ne voit pas. Par contre on se rend très bien compte que nous sommes interdits de circuler désormais librement sur nos terres », expliquait Nasako Besingi un natif de la région résolu à voir partir les américains. Chez Greenpeace, outre la destruction des forêts c’est la menace que le projet fait peser sur les écosystèmes qui est la plus inquiétante. « Greenpeace appelle le gouvernement camerounais à mettre fin à ce projet, et à mettre en place un moratoire sur l’attribution de toutes les concessions foncières à grande échelle au Cameroun jusqu’à ce que des gardes fous soient mis en place pour protéger les moyens de subsistance des communautés locales et les forêts dont ils dépendent », a conclu Irene Wabiha.

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