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Joseph Djeugap Fovo soutient une thèse pour soigner «le djencent» de ses maladies

Le pathologiste des cultures a soutenu en une thèse en Sciences forestières à l'Université de Dschang Enseignant au département de…

Le pathologiste des cultures a soutenu en une thèse en Sciences forestières à l’Université de Dschang

Enseignant au département de protection des végétaux de la Faculté d’Agronomie et des Sciences agricoles depuis 2009, Joseph Djeugap Fovo a soutenu le 17 juin 2013, sa thèse de doctorat Ph.D en Sciences forestières. Ses travaux sont intitulés : «Contraintes de germination et diagnostic moléculaire des champignons associés à des maladies chez le ricinodendron Handelotii au Cameroun». Le ricinodendrom Handelotii est appelé au quartier «djencent». Les graines sont utilisées dans les sauces. D’après le scientifique, «on en fait également de l’huile. Cela a aussi des vertus thérapeutiques. Les feuilles, les écorces et les racines de cet arbre sont utilisées pour soigner les maladies humaines. C’est donc l’importance de ce végétal qui a orienté mon choix», affirme-t-il. En réalité, l’espèce végétale étudiée est un produit forestier non ligneux. Il pousse tout seul. Mais il faut domestiquer sa culture. « Dans la perspective de domestication des essences forestières, notamment ceux qui rentrent dans le quotidien de l’Homme, le Centre de recherche en agro-foresterie de Nkolbisson – Yaoundé en 2004, s’est heurté à beaucoup de difficultés. Il s’agissait des maladies et des insectes qui déciment les plants. En 2009, après une enquête menée sur les collines de Yaoundé et de Batibo (Nord-Ouest) à laquelle j’ai participé, on s’est rendu compte qu’aucun plant n’atteignait l’âge de la transplantation. Cela m’a donc inspiré l’idée de résoudre le problème en identifiant les agents pathogènes responsables de ces pathologies.

Objectifs
Il s’est donc agi dans mon travail de résoudre les problèmes de germination que rencontre cette espèce. Dans les conditions normales, la coque ne germe pas. Elle est coriace. Donc, si vous prenez les graines, vous mettez en germination, vous devez attendre 05 à 06 mois pour voir la plante sortir du sol. Cela crée une perte de temps. J’ai résolu cette contrainte en procédant à la scarification mécanique des graines. J’ai pu atteindre les taux de germination jamais atteints en sylviculture camerounaise (88%). Le second pan de cette recherche est que nous avons pu identifier les contraintes phytosanitaires de domestication et de croissance de cette essence. On a identifié 07 agents pathogènes d’importance phytosanitaire, lesquels causent des dégâts sur cette culture et sur d’autres arbres en forêt. Nous avons pensé qu’il était utile, si on voulait aider les paysans à se lancer dans cette domestication, de proposer des stratégies de lutte contre ces agents pathogènes. Dans un premier de temps, nous avons testé divers fongicides (un pesticide) de manière rapide pour contrôler la pathologie. L’oxyde de cuivre s’est révélé le plus efficace. Mais au vue des dégâts de ces pesticides sur la santé et sur l’environnement, il sera question à l’avenir d’enclencher une lutte biologique qui va éviter de recourir à leur usage », explique-t-il. Il se dit prêt à mettre les fruits de sa recherche à la disposition du ministère de l’Agriculture et du développement rural. Le jury lui a décerné la mention «Très honorable avec félicitations du jury».

Joseph Djeugap Fovo
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Délocalisation
La thèse de Doctorat de Joseph Djeugap Fovo a été soutenue dans la salle des conférences et des spectacles de l’Université de Dschang. Il s’est agi d’une délocalisation spéciale, la première de l’histoire de cette université. L’intéressé a bénéficié d’une bourse de l’Université Laval en 2009 pour y aller faire sa thèse, dans le cadre du projet de «formation en gestion des ressources naturelles du Bassin du Congo». Ledit programme financé par l’Agence canadienne de développement a comme point focal au Cameroun, la FASA de l’UDS. En décembre 2012, le scientifique réussit à déposer ses travaux pour évaluation. Au vue de leur qualité, l’Université Laval décide de délocaliser la soutenance dans son université de rattachement. «Tout part de la qualité de la formation que j’ai reçue à l’Université de Dschang et du sérieux que j’ai mis dans ce programme. Le fait de déposer la thèse dans les délais et de publier un article a été vu d’un bon il par mon directeur, le ¨Professeur Louis Bernier et les autorités universitaires de l’Université Laval. J’ai réussi en trois années à soumettre mon travail, ce que les nationaux n’arrivent pas à faire. Fort de cela, ils ont estimé qu’il fallait venir au Cameroun pour voir où je me cache, la structure qui m’a formé jusqu’au Master». Le voyage des deux professeurs canadiens membres du jury a été financé par l’UL.

Né le 26 juin 1975 à Dschang, Chargé de Cours depuis novembre 2013, convoité à l’extérieur, le Dr Joseph Djeugap Fovo ne jure que par le Cameroun. «Je suis revenu par amour pour mon pays, pour mes frères et s urs d’ici. Je me plais à partager ces connaissances avec les miens. Nous avons besoin d’être émergents comme le dit le chef de l’Etat. Si nous partons rester à l’étranger, qui va penser au développement du secteur forestier ? Il faut impulser la recherche dans ce secteur nouveau qu’est l’agro-foresterie », conclut-il. Pour prouver son patriotisme, il dispense une demi-dizaine de cours par semestre et accueille tout étudiant qui vient à lui.

Dr Joseph Djeugap Fovo face au jury
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