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La chronique de FZE: Les aventures de Faka Bilumba N°71

C'était la Journée internationale de la femme. Beaucoup de femmes et d'hommes demandent la parole. La suite des prophéties... La…

C’était la Journée internationale de la femme. Beaucoup de femmes et d’hommes demandent la parole. La suite des prophéties…

La semaine dernière, les prophéties d’Akouma Mba, voyageur interplanétaire, lors de son passage éclair parmi nous, ont fait bien des malheureux. Les dirigeants de ce monde ont tremblé ; ils m’ont demandé, m’ont supplié, de ne pas continuer à transcrire, à traduire et à donner une intelligibilité à ces choses tellement vraies, et tellement dures pour eux. Aujourd’hui, ce n’est qu’une trêve que je leur accorde. C’est que, hier, il se trouve que c’était la Journée internationale de la femme. Beaucoup de femmes et d’hommes demandent la parole. La suite des prophéties n’est que partie remise…

«Je ne puis m’empêcher de méditer sur ce poème de Camara Laye, qui, nostalgique de son Afrique-mère, l’évoquait:
Femme noire, femme africaine, et toi, ma mère, je pense à toi.

Oui, mère Afrique, que sont tes femmes devenues ? Elles évoluent certes avec le temps. Mais sont-elles encore celles qui, quand le jour se lève, quand le jour paraît, quand tout s’éveille dans le village, se lèvent avec courage, pilent le mil, le maïs, les feuilles de manioc, la banane plantain ?…

O Daman, ô ma mère, toi qui me portais sur le dos, toi qui m’as allaitée, toi qui gouvernais mes premiers pas, toi qui la première m’ouvris les yeux aux prodiges de la terre, je pense à toi…

Il se trouve aujourd’hui, cher Camara Laye, que les jeunes mamans africaines, certaines en tout cas, se veulent modernes. Aussi, porter son enfant sur le dos, l’allaiter avec son sein, c’est dépassé. Alors que d’autres peuples du monde nous envient cette effusion de tendresse maternelle, nos mamans modernes, civilisées à l’occidentale façon « culture télé », ne veulent plus abîmer leurs seins en allaitant leur bébé. Ces seins sont devenus des armes d’agression amoureuse, que dis-je, d’incitation et d’invitation au plaisir, à la débauche… Il faut les entretenir, les mettre en valeur, les gonfler, les refaire, les faire désirer ingénieusement par des décolletés agressifs, des hauts moulants…

Femme des champs, femme des rivières, femme du grand fleuve,
O toi ma mère, je pense à toi.

Mais quels champs même encore ? Plus personne ne veut cultiver la terre. Etre cultivatrice, femme de la terre, nos femmes y renoncent, cher Camara Laye. C’est vrai que tenir la houe, la daba et tous les outils agricoles rudimentaires qui n’ont pas évolué depuis nos aïeux, plus personne ne veut s’y résoudre à l’heure de la « mondialisation ». Nos femmes africaines, certaines en tout cas, ne sont plus valorisées par ce métier pourtant si noble, qui est devenu un métier de misère, de raillerie, celui qu’on exerce quand on a échoué dans les autres. Pourtant, ces Africaines, avec leurs moyens rudimentaires, nourrissent nos pays, notre continent. Leurs hommes cultivent des produits comme le coton, le café, le cacao et bien d’autres choses encore que nous ne consommons pas, et dont nous ne fixons pas non plus le prix. Et puis il y a les sécheresses qui se suivent. Nos champs sont devenus improductifs, nos terres arides. Alors, les rivières et les grands fleuves tarissent ; les poissons, les crevettes et les crabes périssent. C’est sans compter sur une nouvelle race d’envahisseurs qui achètent nos terres fertiles, y cultivent et font cultiver des produits -avec des moyens modernes- qu’ils envoient chez eux, dans leur pays. Il paraît qu’ils nous les revendent en conserve !

O toi Daman, ô ma mère, toi qui essuyais mes larmes, toi qui me réjouissais le c ur, toi qui patiemment supportais mes caprices, comme j’aimerais encore être près de toi, être enfant près de toi ! Femme simple, femme de la résignation, ô toi ma mère, je pense à toi.

Comme femme simple et comme femme de la résignation, sache, mon poète dépassé, que ça, c’était avant. Maintenant, même pour aller dans les champs, ou devant son stand de produits vivriers au marché, la femme africaine, dans son élégance innée, est de plus en plus sophistiquée, même dans sa simplicité. La coiffure est multicolore, effet d’ajouts de mèches, de tissages en teinture blonde, rouge, noire, brésilienne… ou idiote ! Comme femme simple, elle sait aussi surfer sur le net, à la recherche de son « vieux Blanc », pour une émigration exotique amoureuse, mais fondamentalement économique.

O Daman, Daman de la grande famille des forgerons, ma pensée se tourne vers toi, la tienne à chaque pas m’accompagne. O Daman, ma mère, comme j’aimerais encore être dans ta chaleur, Etre enfant près de toi…

François Zo’omevele Effa, Ekilafrica.com
Journalducameroun.com)/n

Là, cher Camara, tu traduis notre pensée profonde, celle qui est au c ur des Africains, jeunes et vieux, qui ont affronté les périls, la traversées des océans sur des pirogues ou celle du désert du Sahara et l’armée occidentale Frontex qui sévit en Afrique pour les empêcher d’atteindre l’Europe. Leurs pensées se tournent vers la maman, vers l’Afrique, et ils chantent comme Francis Bebey:

Ma pauvre mère était désolée
En me voyant partir,
Je lui ai dit que je reviendrais
Mettre fin à sa misère
car
Je suis venu chercher du travail,
J’espère qu’il y en aura,
Je suis venu de mon lointain pays
Pour travailler chez vous.»

«Ne soumets-tu pas un peu trop nos poésies et nos proses à tes goûts du moment, cher ami ékilien ? Tu es un des rares lecteurs d’Ekilafrica à vouloir garder l’anonymat. Moi, Francis Bebey, je respecte cela. Tu n’as même pas eu le temps de demander à Barthélémy de libérer Enoh Meyomesse, ce prisonnier politique, de le libérer sans conditions. Mais, laisse-moi te dire qu’en l’honneur de cette Journée internationale de la femme, c’est à Chantou que nous allons demander de dire à son mari de délivrer Enoh Meyomesse. C’est que, dans la ville d’Enoh, on a fait de Chantou, l’an dernier, une « Myia Meyon », une Mère des Populations. Alors, qu’elle utilise tous ses atouts, quitte à imposer une grève de l’essentiel au grand Chef, tant qu’il n’aura pas libéré Enoh Meyomesse !»

Et moi, Faka, je vous dis que le règne du racisme et de la xénophobie a pris le pas sur la campagne électorale française. Aux abois, plusieurs proches de Sarko, à l’instar de Guéant, le nouveau raciste, et de Fillon, l’apprenti xénophobe, se mettent à l’école du Borgne et de sa fille ! Pauvre France, que sont tes valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité devenues? Les chefs d’état africains «doungourous» sont en train de préparer la transition, car on ne sait pas, en cas de départ sarkozien, si, comme au temps de Mitterand, on ne va pas passer à une Françafrique de gauche!