A un an de l’échéance pour le transfert des compétences de l’Etat aux collectivités territoriales décentralisées, ce corps estime ses compétences sous-exploitées
Depuis 2004, le Cameroun a engagé un processus de décentralisation afin de permettre aux collectivités territoriales décentralisées (CTD) d’être plus autonomes, et pouvoir, par ricochet, impulser un développement par le bas.
Entré effectivement en vigueur en 2010, le transfert des compétences aux CTD devrait être effectif en 2015. Cependant, l’Etat, à qui les magistrats municipaux demandent plus de ressources, émet encore des réserves sur la capacité de ces derniers à gérer les finances dégagées de manière orthodoxe.
La Chambre des comptes de la cour Suprême du Cameroun avait déjà jeté un regard critique sur la viabilité de la gestion financière dans les CTD. Sur 394 comptes attendus pour examen en 2011, la haute juridiction financière n’en avait reçu que 29 contre 4 pour l’année 2010 et 9 pour l’année 2010.
Cette difficulté pour les CTD de produire des états financiers a servi de prétexte, parmi d’autres, à une conférence tenue hier à Yaoundé à l’hôtel Hilton sur le thème : « Décentralisation : Gouvernance et émergence ». Organisé par le cabinet Fiduciaire Audit Afrique, elle a rassemblé une brochette de personnalités autour des enjeux de la décentralisation au vu des opportunités qui se présentent pour les communes et.les experts comptables.
Le Français Jacques Potdevin, ancien président de la Fédération européenne des Experts comptables et président de JPA International, réseau avec lequel l’Ordre national des experts comptables camerounais entretient un partenariat depuis janvier 2014, a insisté sur la nécessité de travailler sur des référentiels communs et connus de tous.
Les communes, dans ce sens, doivent s’assurer que les projets qu’elles montent répondent à des normes universelles. « Une mairie, si ses comptes sont bien montés, elle peut cesser d’aller pleurer auprès de l’Etat. Elle peut lever ses propres fonds », a ajouté à sa suite un enseignant d’université au cours de la conférence. Les experts comptables ont ainsi affirmé détenir cette compétence qui ferait défaut aux communes et à l’Etat.
Jean-Marie Momo, ancien président de l’Ordre national des experts comptables du Cameroun (Onecca), a estimé que ce corps professionnel permet, en général, d’apprécier la qualité de l’information financière et d’évaluer les performances des institutions. L’Onecca en particulier à travers son partenariat signé avec le réseau JPA International dont les représentants ont assisté à la conférence, se prévaut d’apporter en plus, la qualité de la signature, « élément d’attraction des investisseurs, source de financements ».
En dehors des conférences comme celle qui a eu lieu ce 11 mars, les experts comptables camerounais indiquent qu’il existe d’autres possibilités pour eux de se faire entendre auprès du gouvernement. « En dehors de cette manifestation, nous obtenons aussi des audiences auprès des décideurs à qui nous exprimons notre vision. Il ne s’agit pas pour nous de dire au gouvernement ce qu’il faut faire. Il s’agit pour nous de l’accompagner avec nos moyens [.] Les notions de gouvernance font forcément appel aux notions de traçabilité, donc de chiffres et ça nous concerne au premier degré », a plaidé Crispin Yimgnia, de l’Ordre national des experts comptables du Cameroun et par ailleurs associé au cabinet « Fiduciaire audit Afrique » qui organisait l’événement.
