En ce 21ème siècle, la capacité managériale de toute entreprise, fût-elle une société d’Etat, est une nécessité fondamentale
Le ralentissement de l’économie mondiale dû à la persistance de la crise économique et financière, affecte fondamentalement les économies du tiers-monde en général, et celles des pays Africains en particulier, tout en accentuant le niveau de misère et de pauvreté dans cette partie du monde. Les résolutions des «Grands de ce Monde», sous la houlette de l’Organisation des Nations Unies (ONU), pour une réduction de la pauvreté, sous l’appellation d’Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), est une tentative louable qui apporterait une bouffée d’oxygène aux pays pauvres, et notamment les pays Africains au Sud du Sahara.
Seulement, si les efforts des pays occidentaux en direction du tiers-monde, dont les résultats tardent à se matérialiser, s’avéraient nécessaires pour un meilleur équilibre mondial, la nécessité pour les pays en développement de se réorganiser, et de renforcer leurs atouts pour la croissance et la création des richesses est impérative. Dans le contexte d’un pays comme le Cameroun, où les sociétés d’Etat jouent un rôle moteur dans l’économie de développement, et absorbent en moyenne 2% du PIB (chiffre de Assiga Ateba, 2009), soit à peu près 250 milliards de francs cfa en 2008, le modèle de gestion de ces structures étatiques, pourtant appréciable, n’a pas favorisé le renforcement de la croissance dans la perspective d’un développement durable.
En effet, l’Etat du Cameroun, conscient des difficiles enjeux pour le développement, a mis en place un vaste chantier de création d’entités capables de solidifier son économie et de poser les bases nécessaires à la création des richesses. L’on a donc assisté au cours des cinquante premières années d’indépendance, à la création d’entreprises de développement telles que la Bcd (Banque Camerounaise de Développement), le Fogape (Fonds de Garantie et d’Aide aux Petites et Moyennes Entreprises), l’Oncpb (Office National de Commercialisation des Produits de Base), le Cenadefor ( Centre National de Développement Forestier), l’Onarest ( Office National pour la Recherche Scientifique et Technique), l’Onadef (Office National de Développement des Forêts), la Maetur (Mission d’Aménagement et d’Equipement des Terrains Urbains et Ruraux), la Mideviv (Mission pour le Développement des Produits Vivriers), la Sodecoton (Société de Développement du Cacao), le Fonader (Fonds National pour le Développement Rural), l’EDC (Electricité du Cameroun) qui deviendra plus tard la Sonel (Société Nationale d’Electricité), la SNEC (Société Nationale des Eaux), pour ne citer que celles-là.
Toutefois, force est de constater que la quasi-totalité de ces entreprises n’ont pas pu atteindre les objectifs qui leur étaient fixés, malgré la présence à leur tête, et pour la plupart, d’hommes issues de l’une des plus prestigieuses écoles du pays, en l’occurrence l’ENAM (Ecole Nationale de Magistrature), et aussi d’autres structures de grande renommée . Les causes à cette dramatique situation sont multiples, parmi lesquelles on distingue, entre autres: le manque d’obligation de résultat, le règne du laisser-faire, l’insuffisance des mécanismes de contrôle, caractérisée par l’inefficacité des mécanismes de supervision et de revue; les erreurs de gestion, la gouvernance, et l’inadaptabilité de ces structures à l’évolution du temps.
Cependant, en ce 21ème siècle, la capacité managériale de toute entreprise, fût-elle une société d’Etat, est une nécessité fondamentale, d’autant plus qu’elle tend à être l’élément essentiel pour la réussite de l’entreprise elle-même, et partant pour la revitalisation de l’économie du pays, lui permettant de s’insérer dans le nouveau contexte de globalisation de l’économie mondiale. Aujourd’hui, les entreprises modernes évoluent dans un environnement fait d’une multitude d’impératifs socioculturels et politiques qui demandent des hommes aux qualités multidimensionnelles et capables de faire face à la complexité des challenges qui existent. Il s’agit ici de leaders et non simplement de managers, capables d’insuffler une dynamique, imprimer une orientation et une vision à la vie de l’entreprise.
Au-delà des qualités innées dont ils pourraient faire preuve, les leaders se forment et s’améliorent pour s’adapter à l’évolution du temps, et cette nouvelle race de dirigeants a et continue de faire défaut à l’Afrique en général, et au Cameroun en particulier ; ce qui compromet de manière significative, la création des richesses pour le bien être collectif. En effet, les leaders viennent de plusieurs variétés; partant du visionnaire charismatique, au bon joueur d’équipe. Dans des pays comme les Etats-Unis ou en Asie où le concept de leadership est largement recommandé, bon nombre de dirigeants d’entreprises se sont mis à cette école et présentent plusieurs caractéristiques ou profils de leadership, tels que la vision, la stratégie, la gestion, la facilitation, l’aptitude à résoudre les problèmes, l’innovation, la recherche de profit, l’aptitude à exercer la pression, et la création de systèmes; d’autant plus que chaque entreprise ou organisation fait face à des défis particuliers dont chacun pourrait exiger une combinaison de différents styles de leadership.
Il existe donc un bon nombre d’importantes théories ou modèles de leadership que les directeurs généraux des entreprises Africaines devraient utiliser ou posséder en tout temps et surtout pendant les périodes difficiles. Les techniques de leadership sont en fait basées sur des qualités, des comportements, ou des traits qui impliquent une combinaison de plusieurs types de leadership (diversité de leadership).
| |||
Thomas Mveng, Serge Mbappe |

Plusieurs sociétés d’Etat au Cameroun, au cours de ces cinq dernières décennies, n’ont presque pas dégagé de profit; pendant que d’autres ont tout simplement fermé ou ont été privatisées, compromettant de ce fait la croissance économique du pays. Si le leadership peut être défini comme l’habilité que possède quelqu’un à se faire suivre volontairement, chaque organisation aurait besoin d’un leader à tous les niveaux; et les leaders se reconnaissent par certains traits de caractère qui sont les suivants: la vision, la capacité de communiquer, la discipline, l’intégrité, la dédicacion, la magnanimité, l’humilité, l’ouverture, la créativité, la justesse, l’humour.
Toutefois, des traits de caractère intrinsèques tels que l’intelligence, la bonne apparence, la taille etc. ne sont pas nécessaires pour devenir un leader. Tout le monde peut cultiver ses propres caractères de leadership, et les dirigeants des entreprises Africaines, qui ont des qualités intrinsèques indéniables, devraient se mettre résolument à la culture du leadership, en appliquant des modèles spécifiques et adaptés, pour mener leurs entités vers des verts pâturages. En effet, il existe plusieurs modèles de leadership et ceux-ci doivent être adaptables pour contribuer aux appréhensions du lendemain, mais être toujours réalistes et fonctionnels pour offrir assistance et direction aux leaders, car avec l’avènement de l’intégration de l’économie mondiale et le phénomène de globalisation, les modèles de leadership sont appelés à s’améliorer, d’autant plus que les multinationales devront être effectives et efficientes dans les divers marchés du globe.
Les entreprises Africaines en général et Camerounaises en particulier, devraient donc, elles aussi, intégrer l’utilisation du leadership pour rester compétitives, car les circonstances du climat des affaires changent continuellement et continueront de changer dans le futur, et il y a un besoin continu de s’adapter, d’apprendre de nouvelles aptitudes et de connaissances pour faire face aux défis du futur, d’autant plus que le leadership met en exergue le talent de changer un style de fonctionnement pour arriver au succès. Les vrais leaders sont donc capables d’entreprendre multiples méthodes pour atteindre les exigences des situations.
Dans tous les cas, le leadership demande quatre caractéristiques: Etre un leader renvoie à l’influence sur les autres. De ce fait, là où il y a des leaders, il y a des suivistes ou collaborateurs; Les leaders deviennent donc visibles ou se découvrent lorsqu’une réponse nouvelle est voulue ou est nécessaire; Les leaders maîtrisent le concept de ce qu’ils veulent accomplir et pourquoi. En conséquence, les leaders sont des gens capables de penser et d’agir avec créativité dans des situations non routinières, et qui montrent leur capacité à influencer les actions, les croyances et les sentiments des autres (Doyle, 2001).
Le leadership varie selon la personnalité et les besoins de la situation. Le style de leadership est en partie le style de prise de décision, et en partie la manière de motiver les employés. Les classiques pensent que le style de leadership se réfère à la façon de prendre les décisions. Originellement, trois styles de leadership peuvent être identifiés: l’autocratique, le participatif, et le laissez-faire. Lorsque l’objectif part de la prise de décision à la façon de motiver les subordonnés, d’autres styles émergent. Il y a des leaders charismatiques, d’autres qui sont visionnaires ou transformationnels.
Il est évident que la notion ou le concept de leadership n’est pas très connu dans le continent africain, et encore moins utilisé par bon nombre de dirigeants d’entreprise. Toutefois, même s’il faut reconnaître que ces dirigeants font preuve de capacités managériales importantes, il leur faudrait désormais s’arrimer aux standards modernes en matière de gestion d’entreprises, pour des résultats encore meilleurs, et éviter ainsi des situations routinières de gestion qui handicapent considérablement la productivité, la compétitivité et la profitabilité.
Les leaders dans l’économie globale du 21ème siècle, font face à plusieurs challenges, dans ce sens qu’ils gèrent des individus, des groupes et des organisations complexes. Dans ce contexte, les leaders doivent gérer la diversité, engager et inspirer les subordonnés, former une culture d’entreprise, communiquer les valeurs et les croyances, et modeler les comportements d’éthique. Les leaders qui sont préoccupés d’accomplir ces tâches doivent être capables d’intégrer l’école et la pratique, en convertissant les connaissances théoriques en actions et comportements de leadership observables au jour le jour. En d’autres termes, la parole d’un leader doit correspondre à ses actions et comportements au jour le jour ; c’est dire qu’un réel leader doit démontrer un haut niveau de consistance et, seul celui qui peut combiner l’école et la pratique est effectif, aussi bien dans sa vie privée que professionnelle.
Il est donc urgent que les dirigeants Africains se transforment en véritables leaders qui gèrent leurs entreprises en démontrant plus de flexibilité et d’adaptabilité ; tout en sachant que l’habilité à intégrer la théorie et la pratique demande un examen personnel et l’envie d’être ouvert au progrès et au changement. Pour cela, ils devraient continuellement (1) s’assurer qu’ils font ce qu’ils disent (2) qu’ils conduisent une marge personnelle d’analyse pour identifier les inconsistances, et (3) qu’ils mettent en place des actions correctrices à travers un plan de développement pour l’amélioration de la performance de leur entreprise; d’autant plus que le leadership en période difficile est un leadership pour le progrès et l’amélioration, qui demande des plans spécifiques qui peuvent aider les leaders à appliquer les compétences de transformation-clés, en même temps qu’ils jaugent eux-mêmes par rapport à ces compétences.

Journalducameroun.com)/n