L’appel est du président international de l’UPF Alfred Dan Moussa
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Alfred Dan Moussa, président international de l’UPF |
Au moment de prendre la parole, Alfred Dan Moussa a donné le ton en annonçant qu’il prendra un peu plus de temps que ses prédécesseurs pour son discours. Le président international de l’UPF commence pourtant par des anecdotes mettant en exergue le caractère fourre-tout de l’internet. Quoi de plus normal. Puisque le thème de ces assises est éthique et déontologie à l’heure de l’internet. Liberté et responsabilité du journaliste. La première anecdote est l’histoire d’un patron qui entretient des relations très particulières avec sa secrétaire. Celui-ci filme tous leurs ébats sexuels à l’aide d’un téléphone portable. La deuxième, un enseignant du lycée qui ne résiste pas aux rondeurs de certaines de ses élèves. Leur union fait l’objet d’un tournage cinématographique à circuit fermé. Les deux histoires ont un dénominateur commun : les scènes, se déroulent dans un cadre privé et se retrouvent à la portée de tout le monde via les nouvelles technologies . Plusieurs sites se délectent de images produites par nos acteurs, et à la vitesse de l’éclair se retrouve sur tous les supports. La leçon qu’on en tire est triviale. La toile est un dépotoir où tout peut être déversé sans contrôle du contenu. Et n’importe qui peut s’auto-proclamer journaliste. D’où l’urgence pour les vrais journalistes d’être responsables. Désormais la toile, singulièrement, a révolutionné ce métier. Tout le monde peut écrire n’importe quoi sans vérifier la source de l’information. D’où l’intérêt de ce forum d’échange sur la déontologie et la responsabilité du journaliste.
La dépénalisation des délits de presse au menu
Personne ne voyait venir cet homme à l’allure effacée aborder froidement ce sujet que beaucoup n’osent aborder. L’orateur a néanmoins apporté un peu de bémol dans ses propos en reconnaissant qu’un journaliste n’est pas au dessus de la loi. Qu’il doit être puni, certes ; mais envoyer un journaliste en prison parce qu’il a commis un délit de presse n’est pas normal. Il souhaite que la peine privative de liberté soit remplacée par une peine pécuniaire, une somme symbolique et non de nature à asphyxier le journaliste ou son organe de presse. Des propos qui sont passés comme un courant d’air froid dans la salle. La dépénalisation est-elle synonyme de non condamnation à une peine de prison des journalistes poursuivis de délit de presse ? En tout état de cause, cela n’affranchit pas le journaliste d’une sanction. Ce qui pose problème, c’est la nature de la sanction.
Approché, le président de la branche camerounaise de l’UPF, Alain Blaise Batongué, n’a pas souhaité commenté ce discours. Visiblement embarrassé, il a fait savoir qu’on aura le temps lors de ce forum d’en discuter davantage. Ce qui n’a pas été le cas pour la directrice de la publication du journal Bebela, Henriette Ekwé qui a fait savoir qu’il est incompréhensible d’envoyer en prison un journaliste. Pour beaucoup des confrères, la dépénalisation du délit de presse est guidée par le souci d’accorder une sécurité juridique au journaliste pour lui permettre de faire mieux son travail. Mais pour d’autres, la question de l’efficacité de la dépénalisation reste à élucider. En tout cas ce grand rendez-vous des journalistes francophones va être très enrichissant surtout que parmi les objectifs spécifiques, le binôme responsabilité et liberté du journaliste occupe une place de choix et que le thème sur la dépénalisation de la presse est inscrit dans l’agenda des participants. Le forum s’achève ce vendredi et une visite touristique est prévue pendant le week-end.
