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L’Afrique au sommet du monde

Par Michel Lobé Etamé, journaliste Les amateurs du football mondial se sont régalés des exploits de leur jeunesse durant trois…

Par Michel Lobé Etamé, journaliste

Les amateurs du football mondial se sont régalés des exploits de leur jeunesse durant trois semaines au Chili. Les équipes de 24 pays issues de six fédérations ont participé à la Coupe du Monde des moins de 17 ans (U-17). Pour la deuxième fois, nous avons assisté à une finale entièrement africaine qui a opposé le Nigeria au Mali. Le Nigeria a décroché le soulier d’Or Adidas pour la troisième fois et devient le pays le plus titré au monde pour cette compétition qui unit une jeunesse hétéroclite, ambitieuse et sans préjugé.

La plus grande surprise, au cours de ce tournoi, a été l’élimination en quart de finale du Brésil qui s’est fait étriller sur un score sans appel de trois buts à zéro par les vaillants nigérians. La nation du football carioca est tombée si bas que les commentateurs qui soutenaient ces « artistes » ont perdu leur voix.

Les allemands, les mexicains, les chiliens à domicile, les belges devenus depuis peu numéro un dans le classement de la FIFA ont tous fait piètre figure. La domination des « petits africains », considérés dès le départ comme des « faire valoir », a fait vibrer tout un continent habitué à des frasques et à l’indiscipline. Dans le milieu du football, le monde a changé même si les esprits rétrogrades continuent à véhiculer des thèses développées par le siècle des lumières.

Le Nigeria était en fête pour célébrer ses héros. L’Afrique, pour une fois, s’est reconnue à travers cette jeunesse insouciante, pédante par moment, mais sûre d’elle et de sa force. Elle a réussi là où ses aînés peinent à réaliser parce qu’elle est débarrassée de ses complexes coloniaux.

Les enseignements de la victoire
La jeunesse africaine fait de moins en moins de complexe face à l’occident et au reste du monde. Elle suit avec intérêt et bonheur les informations universelles grâce à Internet et aux chaînes de télévisions étrangères. Son horizon n’est plus bouché par le mensonge quotidien des ondes locales. Elle devient active et veut façonner librement son avenir en préservant ses acquis.

Le Nigeria et le Mali ne sont pas les meilleures équipes en Afrique. Mais ces deux pays ont quelque chose de commun : ils sont dirigés par des présidents démocratiquement élus au suffrage universel avec des opposants bien actifs, libres et qui font entendre leurs voix.
Ces jeunes travaillent sereinement et en toute liberté. Ils ne sont pas soumis aux choix arbitraires de clanisme, de tribalisme ou d’obédience quelconque. Ils ont pour éducateurs des hommes du sérail qui ont joué au football dans le même univers qu’eux. Dans un langage qui leur est familier, ils communiquent sans égard ni appréhension.

La formation des jeunes, dans un sport populaire, offre des changes égales à chaque enfant. La corruption, dans cet univers de mineurs est absente et ne présente aucun intérêt pour les « sorciers blancs ». La jeunes a toute la latitude de s’exprimer, de progresser, de se fixer des objectifs, loin du cadre nauséabond des influences politiques.

La victoire des Eaglets du Nigeria contre les Aiglons du Mali sur un score de deux buts à zéro a été fêtée sans retenue. Elle doit servir d’exemple à nos gouvernements qui s’entêtent à placer aux premières loges des incapables soumis qui s’accrochent à des privilèges qu’ils ne méritent pas.

Cette jeunesse qui vient de nous faire pleurer de bonheur doit aussi servir d’exemple aux dirigeants africains. En effet, le renouvellement des cadres et des joueurs se fait de manière naturelle. Les jeunes s’épanouissent vite et se dirigent vers les seniors. Avec du sang neuf, les équipes sont plus compétitives. Mais en franchissant le palier des seniors, il faut redouter que cette jeunesse ne soit gangrenée par le spectre de la corruption et le népotisme à grande échelle tissées par la classe dirigeante dominante.

Les chefs d’état africains devraient s’inspirer du « turn over » qui s’applique en sport afin de garantir la pérennité des fédérations et de leur équilibre. Or, nos chefs d’état, vieux et séniles, s’accrochent au pouvoir et entraînent les pays vers le bas. Le changement de génération doit s’appliquer en politique comme dans le football. Laisser la place aux jeunes est un acte républicain qui doit servir de modèle.


Journalducameroun.com)/n