Une Biennale en Janvier pour booster le secteur. Il constitue l’un des domaines les plus créatifs et productifs du pays
En créant le ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat (MINPMEESA) en décembre 2004, le gouvernement camerounais a mis en place un cadre institutionnel permettant d’élever l’artisanat au rang de fonction gouvernementale. La loi n° 2007/004 du 3 juillet 2007 est venue consolider cet acquis en règlementant ce sous-secteur d’activités. Au regard des potentialités qu’il offre, aussi bien sur le plan de l’expression d’un patrimoine culturel et/ou d’un savoir-faire spécifique hérité de père en fils, l’artisanat peut être considérée comme la « première Entreprise du Cameroun » si l’on prend en compte les filières nombreuses, variées et très porteuses.
Le Corps National des Artisans du Cameroun (CNAC) recense à ce jour, près de 40000 artisans dans les dix régions du Cameroun. Ils sont répartis dans une quarantaine d’organisations et pas loin de 300 groupes et associations; une véritable fourmilière nationale qui, en fonction des régions et des traditions, dresse la carte du Cameroun de l’artisanat basé sur les différents types d’activités : Dans le grand Nord : la tannerie, le tissage et la poterie ; Dans le grand Sud : le bois et les sous-produits de la forêt ; Dans l’Ouest et le Nord Ouest : le cuivre, le bronze, la sculpture sur bois, le tissage et la broderie ; Dans le Littoral et le Sud Ouest : le bois et les sous produits du bois, la vannerie, la décoration et l’art floral, le textile et l’habillement.
Une difficile émergence du secteur
Le Cameroun, bien qu’étant l’un des plus anciens foyers de l’art africain est demeuré des décennies durant, timide dans la mise sur orbite de ce secteur, confronté à de nombreuses difficultés, qui freinent son évolution, sa modernisation et sa promotion. Sont ainsi à revoir, l’organisation et la structuration du secteur, l’accès aux crédits pour acquérir les équipements nécessaires au développement des activités, l’accès à la formation (gestion, renforcement des capacités), la mise en place d’un dispositif de protection sociale et d’une fiscalité adaptée.
Pour aider à relever ces défis, le gouvernement camerounais envisage à terme, la construction de douze grands complexes artisanaux qui comprendront chacun un espace formation, une exhibition des produits fabriqués et un atelier de fabrication. Ces complexes artisanaux seront répartis à raison d’un par région, deux villages spéciaux dont un à Foumban dans la région Ouest, spécialisé dans le travail du métal et l’autre dans la région Centre à Mbalmayo, spécialisé dans la céramique. L’autre option majeure du gouvernement pour célébrer le renouveau de l’artisanat au Cameroun, c’est l’organisation biennale au mois de janvier à Yaoundé, d’un salon international dédié exclusivement à l’artisanat. Une occasion pour les artisans de sortir leurs uvres des ateliers et les exposer au grand jour.
De leur côté, les artisans eux-mêmes doivent prendre conscience de leur rôle dans la société, rationaliser les activités pouvant les sortir des sentiers battus de l’informel et adopter des comportements citoyens qui feront d’eux des partenaires dignes et crédibles sur qui la nation pourra compter. Pour rappel, la loi du 03 juillet 2007 régissant l’artisanat au Cameroun coordonne les activités des artisans et fixe le statut d’artisan. Car, précise le délégué régional du MINPMEESA pour le littoral, «l’artisanat est l’ensemble des activités de production, d’extraction, de transformation, de réparation de tout genre d’entretien, de prestation de service essentiellement manuel». Toutefois, les artisans continuent de déplorer « les menaces venant des maires à cause de la fiscalité et des taxes sur les droits sanitaires »
