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Le bilan de l’ONU est-il honorable?

Par Michel Lobé Etamé, journaliste L'ONU souffle cette année ses 70 bougies. Cette organisation qui est garante de l'équilibre des…

Par Michel Lobé Etamé, journaliste

L’ONU souffle cette année ses 70 bougies. Cette organisation qui est garante de l’équilibre des nations, de l’égalité des races et des droits élémentaires du citoyen peine à assumer son rôle. Elle est soumise au diktat des intérêts des grandes puissances.

La paix entre les nations a été l’objet fédérateur des occidentaux après la première guerre mondiale. Les horreurs de la guerre ont conduit les « nations civilisées » à préserver les futures générations du fléau de la guerre comme le rappelle en préambule la Chartre de l’Organisation des Nations Unies. Cette chartre est-elle encore d’actualité?

Si le rôle de l’ONU a bien été défini dès le départ, il n’en demeure pas moins vrai que le « droit » des grandes puissances ne permet pas un équilibre de cette organisation. Le droit de véto octroyé d’office aux « cinq grands de ce monde » met en péril cette organisation. Les guerres bourgeonnent un peu partout dans le monde sans l’aval de l’ONU. Les raisons sont simples : aucun consensus n’est possible quand les intérêts géopolitiques divergent et que le vote n’est pas démocratique.

Le privilège des vétos
Les cinq membres permanents de l’ONU usent et abusent du droit de véto (Grande Bretagne, USA, France, Russie, Chine). De la guerre froide à la mondialisation, le rôle de l’ONU s’est progressivement amenuisé. Elle est devenue une organisation où chacun des puissants bombe le torse. Le rapport des forces a faussé l’objet recherché par les fondateurs de cette organisation.

Nous assistons donc impuissants à la désintégration du monde. Le droit de véto paralyse les actions de l’ONU. Les pays du sud, c’est-à-dire les pays pauvres, sont soumis aux humeurs et aux alliances avec les membres permanents. Il n’est donc plus possible aujourd’hui de choisir librement un allier sans subir les foudres des autres.

Les prétextes ou l’hypocrisie des membres permanents de combattre les « dictateurs » ont conduits des peuples entiers dans la rue. La crise actuelle qui déverse en Europe des réfugiés en est la parfaite illustration.

Selon son appartenance ou le camp choisi, il existe des dictateurs fréquentables. Ceux-là sont intouchables tant qu’ils servent les intérêts des puissants. Mais gare aux récalcitrants, ceux qui osent briser les codes.

Les confessions tardives de l’ancien premier ministre britannique, Tony Blair, nous apportent un éclairage sur l’intervention militaire en Irak. Ce secret de polichinelle n’échappait d’ailleurs à personne.

Mais le mal a été fait et il est irréparable. Ces confessions ne mettront pas fin aux tragédies en cours et à venir. Le monde entre bien dans une ère de désintégration et ce sont les nations du sud qui en feront les frais.

L’action de l’ONU est pourtant présente dans certaines contrées où elle dispose de contingents pour maintenir la paix. C’est le cas du Soudan du Sud, de la République Démocratique du Congo, du Mali et de la Centrafrique. Ses programmes pour l’enfance gérés par l’Unicef et la lutte contre la faim ont eu un impact non négligeable. L’ONU peut mieux faire. Son action en cours contre le réchauffement climatique est fort louable, même si les obstacles sont nombreux. Le bilan de l’ONU serait plus honorable si cette organisation mettait fin au droit de véto des membres permanents dont les intérêts géostratégiques ne servent que leurs égoïsmes.

Nous devons appeler de tous nos v ux à un équilibre démocratique au sein de l’ONU. Mais ce v u pieux qui n’a aucune chance d’aboutir car les grandes puissances ne sont pas prêtes à renoncer à leurs droits de véto ni à leurs privilèges.

Soyons réalistes ! Nous sommes condamnés pour longtemps encore à vivre dans un système antidémocratique qui s’appelle l’ONU.

Michel Lobé Etamé.
Journalducameroun.com)/n