Pour son 117ème numéro, La Cité, journal dirigé par Pauline Biyong, revisite l’événement historique du Cameroun qui a conduit le 01er octobre 1961, à la réunification des deux Cameroun.
En 1884, les chefs Douala et les commerçants allemands signent le traité qui place le « Kamerun » sous protectorat allemand. Ces mêmes chefs Douala, les rois Akwa et Bell, avaient prié en 1864, 1879 et 1881 les Anglais d’être sous la tutelle britannique. Le gouvernement anglais prendra du temps pour répondre jusqu’à l’engagement des Allemands. Au moment où les Anglais se réveillent, et que le consul Hewett arrive pour négocier avec les chefs locaux, il est trop tard. Le pays avait déjà été annexé depuis une semaine par l’Allemagne. Cet épisode anecdotique donnera à l’émissaire anglais d’être surnommé « too late consul ». L’Allemagne administrera donc le Cameroun jusqu’en 1916, date au cours de laquelle l’issue de la Grande Guerre de 1914-1918 viendra redonner une nouvelle configuration au Cameroun.
Avec la victoire des Alliés et l’Allemagne qui se voit alors débouté de ses territoires, les Français et les Anglais se partagent le Cameroun. La France obtient les 4/5e du territoire partagé tandis que la Grande Bretagne occupe le 1/5e restant. Ce partage sera entériné par la Société des nations (SDN) qui accorde un mandat aux deux puissances pour administrer le Cameroun. La deuxième guerre mondiale viendra remettre les dés en jeu avec les velléités d’unité d’antan qui se manifestent. L’Assemblée générale des Nations Unies votera l’organisation d’un plébiscite dans les deux régions britanniques du pays pour savoir si les populations désiraient réintégrer le Cameroun (francophone, qui était devenu indépendant le 01er janvier 1960) ou se rattacher au Nigéria.
50 ans après
« C’est le 11 février 1961 qu’a finalement eu lieu le référendum portant réunification du Cameroun, simultanément dans le Southern Cameroons et le Northern Cameroons, et le 12 février, uniquement, dans le Northern Cameroons, à cause de la féodalité qui régnait là-bas, les hommes ne désirant pas se rencontrer dans les bureaux de vote avec les femmes. En conséquence, les femmes ont voté toutes seules, le 12 février. La suite est connue, le Northern Cameroons a voté en faveur du rattachement au Nigeria, tandis que le Southern Cameroons, quant à lui, a voté en faveur de la reconstitution de la patrie divisée arbitrairement le 4 mars 1916 », peut-on lire aux pages 19 et 20 du magazine. Le 1er septembre 1961, la constitution fédérale du Cameroun est promulguée en donnant naissance au Cameroun Oriental et au Cameroun Occidental. La réunification du Cameroun a solennellement eu lieu quant à elle le 1er octobre 1961. L’histoire du Cameroun a connu d’autres péripéties à partir de cette date : la transformation de la République fédérale en République Unie, celle de République Unie en République du Cameroun. Mais le journal la Cité ne va pas jusque-là, préférant présenter au lecteur les dates importantes du processus de Réunification, de 1946 avec l’accord de tutelle des Nations Unies jusqu’en 1961. Au fil du document, d’autres séquences rythment la lecture. Le magazine La Cité évalue ainsi par ailleurs « la responsabilité des intellectuels camerounais dans le bilan mitigé des cinquante ans d’indépendance », ainsi que les défis qui se présentent au Cameroun pour le prochain cinquantenaire. Ce magazine constitue une valeur documentaire à coup sûr. Mais l’on regrettera peut être le manque de légendes à l’essentiel des photos, ce qui aurait augmenté substantiellement sa valeur informative.

Magazine La CITE Spécial N° 117)/n