Ce port camerounais, rarement évoqué dans l’histoire, a representé plus de 10% de la traite négrière
Outre-Atlantique, ils seraient plus de 8 000 Afro-Américains à avoir identifié leurs origines camerounaises, dont les ancêtres esclaves seraient vraisemblablement partis du port négrier de Bimbia, au sud-ouest du pays. Parmi eux, le célèbre producteur de musique Quincy Jones ou encore l’ancienne secrétaire d’État Condoleezza Rice. De quoi faire revivre la mémoire de ce port oublié du Cameroun.
Grâce à ces révélations, les vestiges enfouis de Bimbia refont peu à peu surface. Le site a même été classé au patrimoine national de l’État camerounais et des projets d’aménagement commencent à voir le jour, notamment pour accueillir les touristes. Parmi les visiteurs, Je Ngo Nyemb : « Je suis très surprise parce que lors de nos cours d’histoire, on ne parlait jamais de l’esclavage au Cameroun, se rappelle-t-elle. Quand on parlait des sites d’esclavage, c’était toujours Gorée, Ouidah, la Gold Coast. Jamais le Cameroun », regrette-elle.
Si l’histoire de l’esclavage a retenu la célèbre île de Gorée au Sénégal, elle découvre tout juste l’existence du port négrier de Bimbia, au sud-ouest du Cameroun. Pourtant, parmi les centaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants victimes de la traite transatlantique des esclaves, plus de 10 % seraient partis de Bimbia. « La place du Cameroun dans la traite transatlantique n’a pas été bien estimée. Les dernières recherches et découvertes indiquent que plus de 10 % des esclaves seraient partis du Cameroun », souligne le professeur Stephen Fomin, historien, spécialiste de l’esclavage. Il participe aux recherches qui repositionnent le Cameroun dans l’histoire de la traite négrière.
Progressivement, les autorités se mobilisent pour faire revivre les vestiges de Bimbia, premiers témoignages archéologiques de la traite négrière au Cameroun. En mars dernier, l’inscription du site a même été soumise au patrimoine mondial de l’Unesco. En attendant, des projets touristiques voient le jour.
« Notre projet est d’aménager le site afin de le rendre visitable à travers une signalétique, qui indique au touriste où il se trouve, à quoi a servi la structure, explique Anita Kamga Fotso, directrice marketing du programme ‘Route des Chefferies’. C’est de pouvoir [.] dire aux gens partout dans le monde que dans l’histoire de la traite négrière, Bimbia existe, Bimbia a sa part d’histoire à raconter et vous pouvez la visiter ».

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