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L’eau: Source de vie et, plus que jamais, de conflits dans le monde?

La question est au c ur du 6e Forum mondial de l'eau à Marseille jusqu'au samedi 17 mars 2012 L'eau…

La question est au c ur du 6e Forum mondial de l’eau à Marseille jusqu’au samedi 17 mars 2012

L’eau est à toutes les sauces cette semaine à Marseille où la cité phocéenne accueille en effet jusqu’au samedi 17 mars 2012 le 6e Forum mondial de l’eau (FME), le plus grand rassemblement au monde d’experts sur la question. Venus de 140 pays, 25 000 participants vont plancher sur le sujet de l’eau, cet élément source de vie et, plus que jamais, de conflits dans le monde. Partout dans le monde, mais surtout en Afrique et en Asie, la population s’entasse dans les villes. Cela se produit forcément au détriment des campagnes pourtant chargées de nourrir de plus en plus d’individus. Cette pression se double d’une menace constante sur les ressources en eau de la planète. Une situation préoccupante pour l’ONU qui met en garde contre le risque de pénurie d’eau «qui menace tous les objectifs majeurs de développement», selon son rapport publié le 12 mars 2012.

De longs fleuves rarement tranquilles
En Asie, et précisément en Chine, la construction du barrage des Trois-Gorges a déplacé entre deux et quatre millions de personnes, la plupart du temps sans relogement, ni compensation. Mais ce gigantesque ouvrage est pointé du doigt par les populations vivant en amont ou en aval. Près de 1 400 réservoirs dans la province du Hubei ont ainsi été asséchés, affectant l’approvisionnement en eau potable de plus de 300 000 personnes. Nombre de paysans accusent de manière ouverte les Trois-Gorges d’avoir aggravé le phénomène climatique et détournent depuis quelques mois l’eau du barrage. Dans le même ordre d’idées, le projet de déviation du Rhône dans le sud de la France, destiné à alimenter la ville de Barcelone, suscite la colère et l’inquiétude des agriculteurs français qui redoutent de voir leurs concurrents directs, les paysans espagnols, en bénéficier. En Amérique, la nappe de Guarani, la troisième réserve mondiale d’eau douce souterraine est l’objet de tiraillements politiques entre le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. En Amérique du Nord cette fois, les Etats-Unis accusent le Mexique de polluer le Rio Grande et d’ainsi nuire à leurs cultures. De leur côté, les Mexicains reprochent aux Américains de «retenir» la plus grande partie des eaux du Colorado en construisant barrages et canaux. Dans le monde, on dénombre quelque 270 cours d’eau transfrontaliers dont beaucoup sont disputés. Alors que le changement climatique en cours risque d’aggraver les pénuries, il est plus jamais nécessaire, selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), d’améliorer la gestion rationnelle de l’eau.

L’affiche du forum de Marseille

Sauvetage du lac Tchad et du fleuve Niger
Victime du changement climatique, la superficie du lac Tchad a diminué de 95% en quarante-cinq ans. Autant dire qu’il a presque disparu et l’état du fleuve Niger qui assure la survie de 110 millions de personnes n’est guère plus rassurant, surexploité et pollué qu’il est. «Le lac Tchad et le bassin du Niger connaissent les mêmes problèmes» de diminution des ressources, a précisé le président tchadien Idriss Deby Itno devant la presse à Marseille. «Les gens vont aller à la recherche de nouvelles possibilités, de nouvelles sources de vie et cela sera source d’insécurité, de problèmes…» a-t-il déclaré. Les populations du bassin du Congo «elles aussi ne pourront survivre que si nous arrivons à redonner vie aux bassins du lac Tchad et du Niger. Nous devons aller très vite pour sauver les populations de 30 millions de personnes sur les rives du lac Tchad», a souligné le président tchadien. En effet, le recul des eaux du lac et celles du Niger, aggravé par le réchauffement climatique, met en danger les populations des agriculteurs et éleveurs nomades sur ses rives.

Réunis au sein de l’Autorité du bassin du Niger, neuf chefs d’Etat et de gouvernement se sont engagés à Marseille à tout faire pour améliorer la situation dans leur pays (Burkina Faso, Bénin, Cameroun, Mali, Niger, Nigeria, Tchad, Côte d’Ivoire, Guinée). Une initiative qui laisse cependant sceptique Bakary Koné, le directeur de l’ONG Wetlands International pour le Mali, qui rappelle la Charte de l’eau du bassin du Niger, signée en 2008 et «jamais mise en uvre». De son côté, la France a affirmé son soutien financier au projet de sauvetage du lac Tchad : une première tranche de 800 000 euros sera versée sur un total de 12 millions d’euros à terme.

L’eau source de conflits?