OpinionsNon classé, Opinions, Tribune




Les aventures de Faka-Bilumba

Par François Zoomevele Effa Cette histoire d'enterrement de belle-mère présidentielle est devenue une affaire d'Etat. Les ministres, les porte-paroles gouvernementaux,…

Par François Zoomevele Effa

Cette histoire d’enterrement de belle-mère présidentielle est devenue une affaire d’Etat. Les ministres, les porte-paroles gouvernementaux, les députés et le peuple s’en sont mêlées. Mais, ce que vous ne savez pas chers qui nous lisez, c’est que, arrivée au pays qui est censé être du grand repos, notre Rosette n’a pas connu de répit du tout. Elle a vu une cohorte de rancuniers et de vindicatifs qui l’attendait. Ce n’était pourtant pas encore le jugement dernier! Comme d’habitude, j’étais là afin de pouvoir vous mettre au parfum, ce que je fais.

«Je te l’avais bien dit, Jeanne Irène, je t’avais prédit que cette Chantou fera voir à son Barthélémy de mari de toutes les couleurs. Maintenant, c’est à la nation toute entière qu’elle fait subir les quolibets. Moi, Amadou AHIDJO qui te parle, j’ai essuyé les plâtres de la fonction de chef d’Etat dans ce pays et avec Germaine, la fonction de première dame ;la dignité qui prévaut à ce titre n’était pas traînée dans la boue. Tu as d’ailleurs toi-même hérité de la noblesse de ce statut que tu portais avec panache. Voilà que, dans la concession familiale que tu as établie, celle qui t’a succédé et qui s’acharne à balayer ton souvenir, ton nom et tes uvres, vient faire entrer à tes côtés, dans le caveau familial sa mère. Je ne serai pas étonné si elle décidait qu’on y enlève ta dépouille. Il est de notoriété traditionnelle publique qu’une épouse se doit, comme toi, d’être enterrée dans le village de son mari, dans sa famille. Je comprends que tu lui mènes la vie dure ici dans l’au-delà, elle qui mérite son repos éternel. Je ne comprendrai jamais ce Barthélémy, qui ne veut pas que mon âme trouve du repos en autorisant que je sois enterré au Cameroun. C’est pourquoi je squatte le palais d’Etoudi et même ici sa maison dans son village».

«Et je te réponds que tu es aigri et que tu as la mémoire courte et sélective, cher AHIDJO. Ta Germaine de première dame était une institution quand vous étiez aux affaires. Elle faisait des tournées dans le pays avec tout le tralala protocolaire présidentiel, la voiture mobile de la radio diffusion nationale, la garde républicaine à cheval et à moto. Quand elle arrivait dans une ville, c’était chômé, tout le monde allait l’attendre sous le soleil ou la pluie, elle faisait des discours retransmis en direct de la radio nationale, car il n’y avait pas encore de télévision, et les militaires, les écoles et le folklore habituel défilait devant elle qui trônait à la tribune officielle. Elle était aussi la présidente de la déclinaison féminine du parti unique, l’ O F U N C.

Mais réfléchis et analyse un peu. C’est à après moi le déluge que joue le couple présidentiel! Ils savent parfaitement qu’il n’y a pas beaucoup de chance qu’ils finissent leurs jours au Cameroun, ou qu’ils y soient enterrés. Quel que soit la façon dont ils quitteront le pouvoir, ce n’est pas dans le berceau de leurs ancêtres qu’ils pourront vivre et mourir. Où passent-ils déjà la plus grande patrie de leur pays, c’est en Suisse. Ce pays n’a jamais été un paradis fiscal pour les fortunes des chefs d’Etat du tiers monde. L’exemple de MOBUTU ne leur suffit pas. Je ne sais pas si ça peut te consoler, mais Barthélémy ne sera pas enterré au Cameroun. Tu verras ses successeurs y veilleront».

«Et moi-même Rosette dans tout ça, comme d’habitude, personne n’a demandé mon avis. De mon vivant, quand il a fallu demander la dote de ma fille, quand il a fallu que je sois nommée, pardon, élue maire, quand il a fallu réhabiliter je ne sais pas trop pourquoi ce géniteur de VIGOUROUX, on ne m’a jamais demandé mon humble avis. Et voilà maintenant que les TSIROMA les OWONA et des tas de spécialistes de la tradition, des institutions, et même toi, FAKA BILUMBA, vous ne me laissez pas tranquille. On prétend que mes dernières volontés ci, mon testament ça! J’aurai pu, si j’avais été consultée, demander de mettre comme épitaphe, en lettres d’or, -j’étais comme vous et vous serez comme moi-.»

On se retrouvera à la prochaine édition, mais je me dois de vous avertir qu’il se prépare une lettre de la semaine au Ministre Conseiller de l’Ambassade du pays des Lions Indomptables en France. Un Ministre dans une ambassade est-il plus grand que l’Ambassadeur, et pourquoi ne répond-il jamais?

François Zoomevele Effa
Journalducameroun.com )/n