« C’est ainsi qu’il y a quelques jours, à l’annonce de l’assassinat de Ben Laden, Sarko a appelé Obama; ils ont parlé et j’ai entendu »
Il semble que les « téléphones rouges », ces lignes confidentielles et interprésidentielles, en principe inviolables, aient été conçues pour que les grands de ce monde puissent communiquer entre eux à tout moment et sans être entendu de quiconque.
C’est ainsi qu’il y a quelques jours, à l’annonce de l’assassinat de Ben Laden, Sarko a appelé Obama ; ils ont parlé, et moi, Faka Bilumba, j’ai tout entendu, et je vais tout vous rapporter, car mes facultés ultra-sensorielles me permettent d’écouter tout et même, quand il le faut, de lire dans les pensées.
Sarko, ne sachant pas comment font ces présidents américains, n’en pouvait plus, et a demandé à Obama :
« Dis-moi, Obama, comment vous faites en Amérique ? Vous commettez les pires conneries, et on vous applaudi ! Vous avez été le premier pays au monde, et le seul aujourd’hui encore, à en avoir bombardé un autre avec la bombe atomique ! Et, contrairement à tout ce qu’on aurait pu imaginer, Hiroshima et Nagasaki vous ont propulsés au rang de première puissance mondiale, et non de l’horreur, comme il se serait dû, ou même de la terreur, mais de la plus grande démocratie. C’est vrai que nous avons admiré la grandeur de votre démocratie à nulle autre pareille, belle et grande Amérique, avec un génocide qui vous grandit encore, la liquidation des autochtones du continent, les Amérindiens. Ils sont à présent confinés dans leurs réserves, ces Peaux-Rouges sauvages que les westerns continuent de présenter comme les méchants Indiens.
Vous avez institué la ségrégation raciale, proclamant et mettant en oeuvre officiellement ce système honteux, et quand Martin Luther King et Malcolm X l’ont combattu, vous les avez abattus, ainsi que le président Kennedy.
Vous avez institué et entrepris des guerres sans fondements, parfois basées sur des mensonges, comme en Irak ! Vous vous en foutez de l’O.N.U. et du Conseil de Sécurité lorsque vous avez en tête d’envahir un pays, et vous vous trouvez toujours un ennemi dans le monde. Avant, c’était le communisme, puis ce fut le terrorisme arabo-musulman, Saddam Hussein et Ben Laden.
Je suis, moi Sarko, fasciné par l’impunité héréditaire de vos exactions. Dis-moi, Obama, comment as-tu pu, comment as-tu pu hériter de ce système américain, toi dont la négritude laissait présager quelque humanisme et humanité ? »
« Ce que tu peux être naïf, Sarko ! Moi, Obama, je ne suis pas de la trempe des nègres aux ancêtres esclaves américains qui ont subi et lutté. Mon père, Obama, ressortissant kényan, avait sans doute milité non pour le panafricanisme des Kwame Nkrumah et des Lumumba, mais pour la soumission aux colons, comme tes laquais de la Françafrique. Je renie mon africanité quand il le faut. Alors, ces rêves de voir un pays africain au Conseil de Sécurité parce que j’ai des origines africaines, même pas en rêve ! Je sais que tu brûles d’envie de savoir si j’ai vraiment fait exécuter Ben Laden, et si c’est sa vraie dépouille que nous prétendons avoir enfouie dans les océans ; tu ne le sauras jamais ! Je garde le flou artistique jusqu’à ma réélection. Tu as voulu nous imiter, nous autres Américains, en humiliant Gbagbo lors de son arrestation, comme nous l’avons fait à Saddam Hussein, mais, voilà, tu ne pourras pas nous le faire pendre, comme te soupçonne de le vouloir ton collègue Villepin, à un crochet de boucher.
Tu as voulu nous imiter en délogeant Khadafi. Tu l’as raté et tu as fait tuer son fils et ses petits-fils ; ta cote a presque baissé ce coup-là, et tu oublies que nous autres, Américains, avons déjà essayé de l’éliminer plusieurs fois, ce Kadhafi, sans succès. »
« Ce que tu ignores, toi, Obama, est que l’esprit de justice règne et plane au-dessus de tout. C’est moi, Nelson Mandela, qui vous le dis, à toi et à ton compère Sarko. Vous croyez gouverner le monde avec vos super puissances atomiques, mensongères, calomnieuses et intoxicatrices ? Voilà qu’en France, chez toi, Sarko, tu institutionnalises le racisme et la ségrégation raciale. Ces révélations sur les quotas des nègres et des bougnoules dans le football, que tout le monde connaît et feint de découvrir, n’en es-tu pas l’instigateur ? Toi, l’homme de Neuilly, qui veut nettoyer au karcher la racaille des cités, tu as commencé par nettoyer au karcher ton gouvernement. Toutes les minorités visibles issues de l’immigration sont parties. Il ne reste plus que ton traître de Besson, et la béni-oui-oui des DOM-TOM qui ne parle jamais, et dont on ne parle pas non plus. J’ai entendu dire que ce week-end, à Pontarlier, dans le Doubs, près du château de Joux où ton mentor, Napoléon, avait envoyé mourir en exil Toussaint Louverture, oui, à Pontarlier, se tiendra la troisième édition du « Festival Sans Chaînes ». Tu n’en parles pas du tout, ni les tiens, car il faut dire que c’est ce nègre marron de Toussaint Louverture qui, à Haïti, a fait subir la première défaite militaire à Napoléon. Tous vos livres d’histoire, menteurs sur l’esclavage et la colonisation, n’en parlent pas. Il y aura là-bas aussi Madame Taubira, cette député guyanaise qui, il y a dix ans, a fait voter la loi qui porte son nom ; cette loi reconnaît la traite des Noirs comme crime contre l’humanité. Il y aura là-bas aussi Lilyam Thuram, qui combat le racisme au sein même de l’équipe de France de foot et de la Fédération ; il y aura le fils de Lumumba, la fille de Malcolm X, bref, du beau monde, et ni toi, ni Obama, ne sauriez souiller ce genre de festival, je vous en remercie d’avance. »
Et moi, Faka Bilumba, je vous dis que Ben Laden m’a appelé pour me confier ce qui s’est réellement passé. Un peu de patience, car je vous le révélerai le semaine prochaine, et vous saurez si cet appel de Ben Laden provenait d’un téléphone rouge ou d’outre-tombe.
