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Les évêques de Maiduguri, Yola et Umuahia dans le camp de réfugiés de Minawao

Une délégation de la Conférence épiscopale des évêques du Nigéria s'est rendue dans ce camp qui abrite plus de 36.000…

Une délégation de la Conférence épiscopale des évêques du Nigéria s’est rendue dans ce camp qui abrite plus de 36.000 réfugiés, à l’extrême-nord du Cameroun

Le 05 mars dernier, une délégation de la Conférence épiscopale des évêques catholiques du Nigeria (CBCN en anglais, ndlr) dirigée par l’évêque d’Umuahia (capitale de l’Etat d’Abia au Nigéria) et président de la Fondation Caritas catholique du Nigeria (CCAN), Lucius Ugorji, a visité le camp de réfugiés de Minawao dans la région de l’Extrême-Nord, au Cameroun.

La délégation comprenait également les évêques Oliver Dashe Doeme de Maiduguri; Stephen Dami Mamza de Yola; le Révérend Evaristus Bassey, Secrétaire exécutif de la CCAN et Christina Anyanwu, directrice des communications sociales au Secrétariat catholique du Nigeria (CSN).

La délégation nigériane a été accueillie et conduite dans le camp par l’archevêque camerounais de Douala, Mgr Samuel Kleda, par ailleurs président de la Conférence épiscopale du Cameroun.

«Aujourd’hui ce camp est devenu votre Egypte»
« Aussitôt que nous avons reçu des informations sur le sort des réfugiés nigérians lors de notre première réunion plénière à Abuja, il y a une semaine, nous sommes passés à l’action en tant que Conférence. C’est pourquoi nous sommes venus ici pour voir la situation par nous-même, afin d’envisager les domaines dans lesquels nous pouvons fournir des secours et une assistance immédiate », a déclaré Monseigneur Lucius Ugorji.

L’évêque a promis aux réfugiés du camp qu’ils ne sont pas seuls et qu’il rendra compte de leur situation au gouvernement fédéral nigérian. «Nous sommes ici pour vous encourager. Nous sommes ici pour faciliter votre retour éventuel au Nigeria. Nous ferons en sorte que la situation que vous vivez attire l’attention immédiate du gouvernement fédéral nigérian qui est au courant de notre visite. Christ était un réfugié en Egypte. Et ce n’est qu’un réfugié qui comprend mieux les sentiments et les émotions d’un garçon réfugié. Christ est donc ici, de nombreuses manières, pour vous guider et vous consoler. Aujourd’hui, ce camp est devenu votre Egypte. Mais nous tenons à vous rassurer que, tout comme Dieu a conduit les Israélites de l’Egypte vers la Terre promise, il vous ramènera tous chez vous, » a promis l’évêque d’Umuahia.

Monseigneur Ugorji a également remercié l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), pour sa réponse rapide à la situation des réfugiés. Il a exprimé sa gratitude, en particulier au diocèse de Maroua, et à toute la Conférence épiscopale du Cameroun pour leur hospitalité envers les Nigérians. « Leur action démontre l’unité ecclésiale de l’Eglise pour répondre aux besoins humains sans distinction de tribu, de nation ou même de religion », a déclaré l’évêque.

Pour Mgr Oliver Doeme, l’évêque catholique de Maiduguri, dont le diocèse est le plus touché par l’insurrection de Boko Haram, il s’agissait là d’un moment de communion avec une partie de son troupeau déplacée.

«Je suis heureux de faire partie de cette délégation. C’est une mission fantastique et un merveilleux spectacle de solidarité renforcera les réfugiés. Notre présence aujourd’hui est un coup de pouce moral pour eux et l’assurance qu’ils ne sont pas abandonnés », a déclaré Mgr Doeme.

Le sentiment général dans le camp Minawao, accompagnée des prières des évêques pour les réfugiés, était celle d’un vif désir de voir la fin de l’insurrection de Boko-Haram au Nigéria.

«Boko Haram est un mal et nous devons utiliser toutes les ressources à notre disposition pour en finir avec. Nous n’avons pas les armes. Notre arme c’est nos prières. Nous exhortons tous les chrétiens à prier, surtout en cette période de Carême, pour une paix durable et la résolution définitive de la crise au Nigeria », a déclaré l’évêque de Maiduguri.

L’évêque d’Umuahia (au centre) a conduit une délégation de la Conférence épiscopale nigériane au camp de réfugiés de Minawao, dans l’Extrême-Nord du Cameroun
Radio Vatican)/n

Maroua, si loin et si proche de Maiduguri
Le diocèse catholique de Maroua, dans la région de l’Extrême-nord du Cameroun, et celui de Maiduguri, dans le nord du Nigeria ,ont de nombreux traits en commun. Outre le partage d’une frontière commune, les habitants de la région partagent une même langue et une même culture. Il faut en moyenne une heure de route pour rallier Maiduguri à partir de Maroua et vice versa. Avant l’invasion de Boko Haram, les habitants de Maroua allaient régulièrement à Maiduguri pour les affaires, ballades et autres. Les déplacements des deux côtés de la frontière s’effectuaient sans difficultés. Du point de vue de la pastorale aussi, les évêques de Maiduguri et Maroua utilisaient leurs bonnes relations pour se rendre visite, échanger des programmes et du personnel.

Aujourd’hui, l’histoire ne est plus la même. La frontière entre le Cameroun et le Nigeria dans le nord-est du pays que dirige Goodluck Jonathan est fermée en raison de l’insurrection de Boko Haram. Il n’est plus possible de se déplacer librement entre les villes frontalières de Maroua et Maiduguri. L’insurrection de Boko Haram semble avoir temporairement détruit et mis à l’arrêt ce qui était avant le symbole d’un échange pacifique et libre entre les deux diocèses.

«Nous avons été de bons voisins, jusqu’à ce que Boko Haram-nous sépare. Nous ne pouvons plus nous déplacer librement dans les villes l’un et l’autre en raison de l’insécurité créée par l’insurrection de Boko Haram », a déclaré Mgr Bruno Ateba, l’évêque de Maroua.

«Offrir la pastorale à plus de 36.000 réfugiés n’est pas une tâche facile. C’est un grand défi pour notre diocèse. C’est pourquoi nous avons porté la situation à l’attention de la Conférence épiscopale du Cameroun, qui a à son tour informé la Conférence épiscopale du Nigeria sur le sort des réfugiés nigérians ici dans notre diocèse», a ajouté l’évêque de Maroua.

Plus de 36 000 réfugiés nigérians ont été déplacés dans cette zone du Cameroun par les attaques de Boko Haram, et sont désormais hébergés par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Ces réfugiés, parmi lesquels on retrouve des hommes, des femmes et des enfants, ont dû marcher sur de longues distances pendant des jours, sans eau et sans nourriture, pour arriver dans un lieu plus sûr, le Cameroun voisin. Bien heureux d’avoir échappé vivants du groupe militant islamique, ils vivent maintenant dans un camp constitué de bâches du HCR.

Ils recherchent de la nourriture et de l’eau au quotidien dans l’immense camp de réfugiés de Minawao, au nord de Maroua, qui est maintenant un foyer temporaire, tout en espérant que la situation au Nigeria se rétablira afin qu’ils puissent retourner dans leurs maisons, et sur leurs terres ancestrales.

Le camp de réfugiés de Minawao vu du ciel. Des tentes à perte de vue
Deutsche Welle)/n