la tribune de Louis David Lobè, Président du Front des Jeunes du Renouveau, publiée dans le journal camerounais Le Soir
Monsieur le Président,
Le discours que vous avez adressé à vos jeunes compatriotes est bienvenu. Mieux qu’un rituel républicain, il est un moment particulier d’assurance de cette composante de notre pays qui est en proie à l’âpreté du quotidien. Nous vous écoutons toujours avec cette attention soutenue qui ex rime la grande admiration que les jeunes vous portent. A Cameroun, conformément aux dispositions de la polit que nationale de la jeunesse, la jeunesse se situe dans les tranches d’âge allant de 15 à 35 ans. Cette précision est essentielle dans un environnement où les plus âgés, les adultes vieillissants, s’agrippent scandaleusement à cette tranche. C’est donc à nous que vous avez parlé le 10 février 2014.
La rudesse de la vie nous confine dans un chômage avilissant. Nous sommes à la merci de toutes les dépravations. Les étiquettes les plus viles nous sont affublées. Nous sommes sujets à la mésestime.
Loin de nous l’idée de nous dédouaner, relatons les faits afin d’identifier les responsabilités: un jaillissement vertigineux des lieux de débauche autour des sanctuaires du savoir que sont, nos universités, nos lycées, nos écoles, « l’imbécilisation » de nos cadets à travers l’admission à des classes supérieures avec des notes médiocres, promotions collectives’ le silence complice des forces de main¬tien de l’ordre devant les lieux de distributions, de commercialisations, et de consommations des stupéfiants.
La promotion des jeux de hasard comme tremplin vers la félicité. A y voir de près, nous ne sommes pas si coupables. Devant les difficultés nombreuses et multiformes que nous connaissons, vous avez constitué plusieurs départements ministériels pour l’émancipation des jeunes. Ainsi, les ministères en charge des questions d’éducation, le ministère de la Jeunesse et de l’Education Civique, le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, le Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat.., nous sont dédiés. Plusieurs organismes de résorption du chômage ont été salués avec une rare frénésie, mais n’ont pas su mériter ni votre haute confiance, ni l’estime folle des jeunes qui y trouvaient des raisons d’espérer.
Il y a un gap entre ces dirigeants froids et les aspirations des jeunes, et nous le disons très respectueusement, nous n’en voulons plus! Nous sommes motivés. Votre adresse nous rappelant que la construction des infrastructures routières, sanitaires, scolaires sera notre tâche, nous interpelle. Vous nous mettez au c ur de nos responsabilités devant la République du Cameroun, devant l’histoire. Cette motivation sera accrue si vous daignez vous appesantir sur ces deux suppliques: la création de l’Observatoire National du profil Administratif qui viendrait émonder l’administration publique de ces resquilleurs, mais surtout veiller à la régularité des concours d’admission dans les grandes écoles, car malgré ce qui est dit, le doute persiste.
Nous souhaitons voir éclore des ministres jeunes au sens propre du terme. Quel bonheur, que de voir un jeune aux côtés de cet illustre compatriote dont la côte d’estime est rayonnante auprès des jeunes! Le retour des valeurs essentielles passe aussi par la refonte des partis politiques. Ils doivent cesser d’être des étals commerciaux qui génèrent des prébendes et garantissent des ascensions sociales à quelques sombres personnes, pour redevenir des lieux d’initiation à l’action militante, d’appropriation d’idées fécondes et concurrentielles dans le sens de la construction du Cameroun.
Dans ce cafouillis tourbillonnant, nous avons choisi le Renouveau. Oui Mr le président, nous sommes les chantres du Renouveau! ce modèle de référence indispensable à la construction d’un Cameroun prospère et fort, véritable prophylaxie devant les errements qui enlaidissent notre quotidien dont le pan visible est une administration publique dans laquelle la corruption, l’absentéisme, la délation se sont sédimentés. Un espace public où intolérance, injures et outrances diverses tiennent lieux de projet politique; où les valeurs normatives se sont galvaudées avec un rare cynisme. Le renouveau que vous inspirez est la rigueur dans la gestion des affaires publiques, la moralisation des comportements, la libéralisation de notre économie, la démocratisation de notre espace publique.
A y voir de près, rien de grand ne se fera sans l’infusion des règles-préceptes du Renouveau dans nos vies.
Tout en vous réitérant notre déférence et notre soutien infaillible, veuillez agréer Monsieur le Président, les salutations des jeunes authentiques.