Depuis le début de la crise, les soldats du CNT n’ont jamais été aussi proches du but à savoir la prise totale du pays
Les combattants du nouveau pouvoir en Libye encerclent depuis mercredi 12 octobre le tout dernier carré de fidèles de Mouammar Kadhafi dans le centre-ville de Syrte, où l’un de ses fils, Mouatassim Kadhafi, a été capturé avant d’être transféré à Benghazi, selon Abdelkarim Bizama, conseiller du chef du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil. Médecin et militaire de carrière, Mouatassim Kadhafi est né en 1975 et a été formé par des officiers égyptiens. Il avait été promu par son père à la tête du Conseil de sécurité nationale en 2007. A ce titre, il dirigeait sa propre unité d’élite. Il est le quatrième fils de Mouammar Kadhafi arrêté depuis le début de la révolte et le principal concurrent de Seif Al-Islam, un autre fils de Kadhafi. Nous n’avons pas annoncé cette capture plus tôt pour éviter toute tentative (par ses proches) de le libérer, a précisé Abdelkarim Bizama. Des tirs de joie et des concerts de klaxon ont résonné mercredi soir à Tripoli et à Misrata. Des combattants du CNT célébraient la victoire à venir sur la place centrale de Syrte à bord de dizaines de véhicules, en klaxonnant et en tirant en l’air à la mitrailleuse lourde.
Les combats se sont concentrés dans le quartier numéro 1, non loin du bord de mer dans le nord-ouest de la ville. Venus de l’ouest, les combattants pro-CNT ont pris le quartier numéro 2 (près du bord de mer, juste à l’est du quartier numéro 1) et le quartier Dollar (plus au sud), qui tient son nom des maisons luxueuses construites par les apparatchiks de l’ancien régime. Plusieurs hommes ont été faits prisonniers au cours d’opérations de reconnaissance et de nettoyage. Comme chaque jour, des dizaines de familles apeurées, avec parmi elles des hommes en âge de combattre, ont pu être évacuées sous le feu par les pro-CNT. Un prisonnier des pro-Kadhafi, le visage tuméfié et le corps marqué par les tortures, a aussi été libéré. Hagard, à peine conscient, l’homme a raconté avoir été interrogé par Mouatassim Kadhafi il y a moins de dix jours. Pour marquer la quasi-libération de Syrte, les pro-CNT ont détruit à coups de canons le monument pyramidal symbolisant la révolution du colonel Kadhafi sur la place centrale de la ville. Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil avait fait une brève visite dans le centre de Syrte pour soutenir ses troupes.
Le CNT, l’ex-rébellion qui a renversé le régime Kadhafi, attend la chute de Syrte, à 360 km à l’est de Tripoli, pour proclamer la libération totale du pays et reprendre ses discussions en vue de former un gouvernement chargé de gérer la transition. Outre Syrte, les forces du CNT ont assiégé toujours l’oasis de Bani Walid, à 170 km au sud-ouest de Tripoli, qu’elles espéraient prendre dans le sillage de la chute de Syrte. Le conflit en Libye, riche pays pétrolier, a débuté le 15 février par une révolte populaire contre le régime qui s’est transformée en guerre civile ayant fait plus de 25.000 morts, selon le CNT. Le ministre britannique de la Défense, Liam Fox, a annoncé ce mercredi que l’intervention militaire en Libye allait coûter 300 millions de livres (343 millions d’euros) au Royaume-Uni, qui a été avec la France en pointe dans les opérations. Recevant une délégation de 80 entreprises françaises à Tripoli, le ministre des Finances et du Pétrole du CNT, Ali Tarhouni, a cependant déclaré qu’aucun nouveau contrat pétrolier ne serait conclu en Libye pendant la transition.
