L’annonce a été faite mercredi 22 février et devrait se voir décidée lors d’une réunion de l’assemblée constituante de juin 2012
L’ex-Premier ministre libyen Mahmoud Jibril a annoncé mercredi soir la création d’une coalition prônant un islam modéré et regroupant plus de 40 partis et plus de 200 organisations de la société civile, en vue des prochaines élections d’une assemblée constituante en juin 2012. L’engagement pour un régime constitué d’islamistes modérés, avait déjà été donné par le président du CNT (conseil national de transition) auteur du renversement du régime de l’ex-guide Mohamar Khadafi. Les islamistes dérangent les Libyens avant de déranger l’Occident. 90% des Libyens veulent un islam modéré. Il y a 5% de libéraux et 5% d’extrémistes, a estimé le chef de l’autorité libyenne de transition dans un entretien jeudi 2 février au journal français [Le Figaro]. J’ai confiance, malgré les obstacles posés par les anciens du régime et certains arrivistes. Les élections auront lieu à la date prévue, avait estimé Moustapha Abdeljalil. Selon Mahmoud Djibril, L’alliance des forces politiques patriotiques regroupe 44 organisations politiques, 236 associations de la société civile et 281 personnalités nationales indépendantes. La formation de cette alliance représenterait, selon lui, un message fort. Les citoyens libyens de différentes régions et appartenances ont décidé que l’étape de reconstruction a commencé, le vrai travail commence aujourd’hui, a-t-il ajouté au cours d’une conférence de presse.
Ces tractations empreintes de réconciliation et d’union cachent pourtant mal la menace de la répression. La semaine dernière alors que le pays s’apprêtait à célébrer l’anniversaire de son soulèvement contre Khadafi, le président du CNT s’est voulu clair. Il a prévenu qu’il serait ferme envers ceux qui menacent la «stabilité». Nous avons ouvert nos bras à tous les Libyens, qu’ils aient soutenus la révolution ou pas. Mais cette tolérance ne signifie pas que nous soyons incapables d’assurer la stabilité de notre pays, a déclaré Mostapha Djibril, lors d’un discours télévisé à la nation. Nous serons fermes envers ceux qui menacent notre stabilité. Les Thowars (ex-combattants révolutionnaires) sont prêts à répondre à toute attaque visant à déstabiliser le pays, a-t-il poursuivi. Dans ce contexte, un groupe inconnu de partisans de l’ancien régime a annoncé dans un communiqué circulant sur internet la formation d’un «Mouvement libyen populaire national» qui dénonce notamment l’absence d’institutions pour la justice et la sécurité ainsi que la prolifération des milices armées. Ce groupe, qui se dit fier du «courage» du «martyr Mouammar Kadhafi», affirme avoir notamment pour objectifs de dissoudre les milices armées et de bâtir les institutions de l’Etat. Il ambitionnerait également de libérer «tous les prisonniers sans exceptions, y compris Seif al-Islam», fils de Mouammar Kadhafi détenu depuis son arrestation dans le sud du pays. Il y a quelques semaines, des organisations internationales ont rendu public un rapport faisant état de l’usage par les membres du CNT, de la torture sur des prisonniers ex-partisans de Khadafi.
