Avec ses coups de basse magiques, «le vieux» a fait vibrer le nombreux public venu pour «Les retrouvailles»
Rien ne le distrait. Pas même les applaudissements. D’ailleurs il préfère se retourner, dos au public, pour rester concentré sur cet objet à casser la baraque, sa mythique basse. C’est lui qui crée et donne le ton de l’ambiance dès son entrée en scène. Casquette retournée, il sautille sur scène comme un footballeur rentre sur le terrain. L’image fait jaillir la salle du Centre Culturel Français de Douala qui en quelques minutes avait fait son plein. La preuve que le vieux était attendu. L’attente se fait sous des airs d’Asa, deux contextes musicaux certes différents mais il fallait créer le suspens. 20 heures 40 minutes, premier coup de basse. La salle s’obscurcit et Jeannot Carl comme on l’appelle par ailleurs, pousse le son, la voix aussi. Accompagné par l’orchestre du cabaret Joie d’été, de jeunes musiciens qui ont pris le temps d’apprendre, de bucher les textes, les mélodies. C’est quand même Jean Dikoto Mandangue! Il est allergique aux fausses notes, nous confie l’un d’entre eux.
D’ailleurs il suffit d’être attentif à ses gestes et aux regards qu’il lance par moment à ses musiciens sur scène pour s’en rendre compte. Et lui-même ne le cache pas. Ma rigueur, je la tiens de Clo clo. Il parle là de Claude François, avec qui il a passé de belles années et qui a fortement influencé son style musical. Raison pour laquelle celui que l’on nomme le père de la basse camerounaise a tenu à lui rendre hommage à travers la chanson Comme d’habitude. Belle ballade – interprétée par la chanteuse Yello Sister – qui est venue rappeler aux bons souvenirs, les nostalgies de ces années-là. Des ballades, il y en a eu lors de cette soirée placée sous le thème Les retrouvailles. Retrouvailles avec son public, ses fans et ses amis dont il s’est séparé il y a près de vingt ans pour des besoins professionnels. Des tournées à n’en point finir, des collaborations avec les plus grands à l’instar de Nino Ferrer, Mike Brant, Manu Dibango ou encore le mythique groupe ghanéen Osibita auquel il aussi rendu hommage.

Les retrouvailles c’est aussi le titre de son dernier album sorti en 2007, mais qui n’a jamais été commercialisé au Cameroun à cause de la piraterie ambiante explique t-il. Le public a donc pu le découvrir en live même si ce sont les anciens succès qui continuent du susciter autant l’hystérie. C’est peut-être peu dire, lorsqu’à l’entame du mythique Muna munyengue l’on s’est cru dans un stade de football. Le public cri le refrain en ch ur et plus les musiques s’égrainent, plus le vieux prend de l’énergie. L’ambiance aussi s’électrise davantage, les échanges se font plus chauds. Jeannot Carl lance le public, Yeahhhhh répond l’artiste pour qui ambiance rime avec humour. Les guitaristes et bassistes, amateurs comme professionnels sont venus sans doute pour prendre des cours du maître, comme ce fût le cas à une époque pour Richard Bona, Sabal Lecco ou en encore Etienne Mbappe, qui trônent aujourd’hui sur le toit de la basse mondiale. La walking bass était de la partie, ce jeu propre à Jeannot qui combine à la fois rythmique makossa, rnb, jazz, soul, High life et autres sonorités africaines. Les retrouvailles, il ne fallait pas manquer ça!
