Par Louka Basile, président
A l’occasion de la mise en place du tout premier Sénat dans notre pays, l’Union des Populations du Cameroun (Upc) vient d’être privée de son droit constitutionnel de concourir à l’expression du suffrage. L’opinion nationale sait que l’Upc a tenu son congrès les 17 et 18 mars 2012 à Douala, congrès auquel, parmi d’autres, votre parti, le Rdpc, lui a fait l’amitié de déléguer une représentation de très haut niveau. Cela n’a pas empêché cependant, que quelque temps seulement après, deux sous-préfets dans le Mfoundi laissent tenir des réunions sans qualité, au titre de « congrès de l’Upc ». Trois récépissés de congrès concurrents pour le même parti en 6 mois, est-cela la non-immixtion de l’Administration dans les affaires internes des partis?
Le comble survient lorsque la même Administration, tirant argument de ses propres fautes, demande et obtient que l’Upc soit éliminée de la compétition politique à l’occasion des élections sénatoriales. C’est pour nous, une grave injustice. Comment cela est-il possible dans un Cameroun qui se veut résolument engagé dans la voie de la démocratie ? Déjà, depuis son congrès de Douala, l’Upc est privée du financement auquel elle a droit conformément aux dispositions des articles 279, 281, 282 et 283 du code électoral, et ce, avant la tenue de quelque congrès dissident. L’Upc n’aurait-elle pas le droit, de prendre les orientations politiques qui lui conviennent, de choisir ses dirigeants, bref, de disposer d’elle-même ? Comment comprendre que ce parti soit reconnu légal, mais que sa direction, issue d’un congrès légal et conforme à ses statuts, ne soit pas reconnue par l’Administration d’Etat ?
Monsieur Le Président de la République,
Nos militants et sympathisants, mais aussi des observateurs indépendants, ainsi qu’une bonne partie de l’opinion, se demandent s’il y a au Cameroun une loi spécifique, des textes particuliers, des dispositions secrètes, auxquels l’Upc serait soumise à son insu, et qui lui valent ce traitement spécial que ne subit aucun autre parti. Nous nous tournons vers vous, chef de l’Etat et garant de la Constitution, parce que nous avons la nette conviction qu’un complot est ourdi contre l’Upc et ce qu’elle représente, et que ce complot utilise quelques leviers de l’Etat. Nous nous tournons vers vous, pour obtenir que l’Upc puisse enfin fonctionner librement, à l’instar des autres partis, qu’elle ne soit pas en permanence obligée de lutter pour sa survie face à l’Administration, au lieu de préparer les échéances électorales comme les autres, au lieu d’éduquer ses militants comme elle le souhaiterait, au lieu de s’organiser sur le terrain comme elle le devrait. Cette lettre est ouverte, parce que l’Upc n’est pas un parti banal au Cameroun. Le sort qui lui est réservé intéresse la nation, et s’inscrit dans son histoire. En lui permettant de jouir pleinement de ses droits, vous faites uvre d’équité, et vous donnez des fondements solides à la démocratie camerounaise.
Très haute considération.
