En six matches, Clemente n’a jamais trouvé d’équipe-type. Sa défense est hermétique, et l’attaque inoffensive. Analyse
Lors de ses six matches (quatre officiels et deux amicaux), Javier Clemente a changé six fois son équipe (voir ci-contre). Le technicien espagnol a bouleversé plusieurs fois son système et fait tourner les hommes. Utilisant au passage 28 joueurs. L’ancien sélectionneur d’Espagne (1992-1998) a jonglé entre 4-4-2, 4-3-3, 4-2-3-1, y compris en cours de match. L’ossature d’une équipe conquérante se dessine (Nicolas Nkoulou, Assou-Ekotto, Stéphane Mbia, Enoh Eyong, Samuel Eto’o), mais son coaching a parfois été malheureux, comme face au Sénégal à Yaoundé. Partant sur le fait que Choupo-Moting a joué peu en fin de saison, il est parti sur des préjugés pour le remplacer par Aurélien Chedjou, alors que Benjamin Moukandjo et surtout Vincent Aboubakar ont semblé ce jour là avoir moins de jus dans les jambes que le nouveau sociétaire de Mayence.
Les convictions du coach espagnol qui a gagné deux fois la Liga avec l’Athletic Bilbao (1983 et 1984) sont bien connues: le système de jeu de Clemente est d’abord défensif. Ce n’est pas son recrutement par le Cameroun qui pouvait, comme par enchantement, changer sa philosophie de jeu. Ce n’est pas pour rien qu’il fait, très souvent, confiance à deux latéraux gauches de métier (Assou-Ekotto et Bédimo Nsamé) sur le même flanc. Et en jouant généralement avec deux milieux récupérateurs axiaux (Enoh Eyong et Landry Nguemo), le couloir droit offensif est dégarni. Surtout que Benoît Angbwa, malgré son envie, offre peu de solutions offensives. Les joueurs utilisés jusqu’ici sur les flancs (Vincent Aboubakar, Benjamin Moukandjo et Choupo-Moting) n’étant pas des ailiers ou des milieux de couloirs dans l’âme, le jeu des Lions manque de percussion. Si les Lions de Clemente se sont montrés généralement supérieurs sur le plan physique, ils pèchent sur le plan collectif, et ce n’est pas tant le talent individuel qui fait défaut. L’entraîneur basque observe en réalité peu ses joueurs, pour impulser une véritable ligne directrice. Et avec des adjoints légers, il a été plusieurs fois induit en erreur en sélectionnant un joueur blessé (Assou-Ekotto) ou d’autres très moyens, Hamann Sadjo, Marcel Ndjeng, Achille Webo, Gilles Binya et Aloys Nong. Pis, il est limité dans ses choix à cause des défaillances administratives du Cameroun qui n’a toujours pas pu convaincre ses binationaux tels Jean Armel Kana Biyick, David Ngog, Arnauld Gilles Sutchiun et Steve William Overtoom. Dans une équipe du Cameroun en manque de milieu créatif, l’on saute les lignes en balançant vite les ballons vers l’avant. Ce qui a été bénéfique aux athlétiques défenseurs congolais et sénégalais. Excepté lors de quelques phases de jeu contre les modestes Mauriciens, et face au Sénégal à l’aller comme au retour. Les Lions n’ont pas affiché un jeu cohérent et efficace sous l’ère Clemente. Tous les entraîneurs espagnols ne sont pas les adeptes de la «toque», le jeu en une touche de balle fait de courtes passes rapides. Les autorités sportives camerounaises l’apprennent aujourd’hui à leurs dépens. Mais en football, la leçon est connue: après un échec, les sélectionneurs perdent généralement leur place.
