Le ministre Clobert Tchatat de l’urbanisme et de l’habitat a fait le constat de l’impossibilité de construire 6300 logements d’ici 2013
Colère contenue du ministre Clobert Tchatat, en charge du développement urbain et de l’habitat au Cameroun. Il effectuait mercredi 27 juillet 2011, une visite sur le site de construction de logements sociaux au quartier Olembe, vers la sortie nord-ouest de la capitale du pays, Yaoundé. Deux mois après son dernier passage, il fait la remarque que rien n’a avancé. Des bâtiments témoins qui devraient être livrés au mois de juin dernier sont encore en finition. Or les entreprises engagées dans ces travaux ont l’obligation de fournir 65 nouveaux immeubles d’ici la fin de l’année. Les responsables de ces entreprises évoquent de nombreuses difficultés. Nous avons eu de grosses contraintes, avec les pénuries de ciment et de fer à béton. D’un autre côté, dans ce quartier, il manque d’eau. Nous sommes parfois obligé d’aller puiser l’eau dans la rivière qui est pour pouvoir tourner le béton, a affirmé un de ces responsables face à des visiteurs médusés. Le ministre Clobert Tchatat a repris à son compte ces difficultés, et invité les acteurs intervenant dans la filière des matériaux de construction, à se rendre plus utiles pour que s’achèvent les travaux. Une chose tout à fait négociable. Mais pour ce qui est de l’eau, le problème risque de demeurer. L’approvisionnement de la capitale camerounaise est très déficitaire. Sur les 210 000 mètres cubes attendus chaque jour, à peine 150 000 sont distribués. A la société immobilière du Cameroun (SIC) chargée de vendre ces logements, les ventes ont déjà débuté. Mais à ce rythme, il ne fait aujourd’hui aucun doute que le gouvernement ne pourra pas tenir sa promesse. Si en deux ans on n’a pas pu construire 600 logements, ce n’est pas d’ici 2013 qu’on va en livrer 3000, fait remarquer un observateur.
Pourtant, c’est à grand coup médiatique que le gouvernement avait annoncé ce programme soutenu par le Crédit Foncier du Cameroun (CFC), la Mission d’aménagement des terrains urbains et ruraux, exécuté par la Société immobilière du Cameroun (SIC). Son coût est estimé à 347,865 milliards de francs CFA, financés par la SIC dont 197,365 milliards pour la construction des dix mille logements sociaux, et 150,5 milliards pour l’aménagement des cinquante mille parcelles. La première phase du programme consistait à la construction de 1200 logements avant janvier 2010 dans les deux principales villes du pays, Yaoundé et Douala. Un délai manqué. A la fin du programme en 2013, 6300 logements devraient avoir été construits à Yaoundé et Douala, 800 dans les chefs-lieux des huit autres régions du pays, 600 dans les villes industrielles de Limbé, Edea et Kribi, 150 dans les villes universitaires de Dschang, Bagangté et Soa et 2150 dans les autres chefs-lieux de départements. Des rendez-vous qui eux aussi pourraient être manqués. La visite du ministre Clobert Tchatat tant à Douala la capitale économique qu’à Limbé dans la région du sud-ouest a conduit à des constats analogues. A Limbé, tout semble à refaire, le ministre ayant brandit la menace d’annulation du marché. Pendant ce temps, la crise du logement continue de poser problème dans les villes camerounaises. Selon une enquête de l’Institut national de la statistique, la demande de logements insatisfaite en 2006 était évaluée à 180.254 à Yaoundé et 171.885 à Douala. Un chiffre qui a connu une hausse entre temps.
