Encore en fonction, le ministre des Enseignements secondaires a été auditionné et incarcéré hier, à la prison centrale de Yaoundé, pour détournements de deniers publics
Une autre affaire qui s’ouvre dans le cadre de l’opération dite « épervier » au Cameroun : Le ministre des Enseignements secondaires (Minesec), Louis Bapès Bapès a été auditionné hier au Tribunal criminel spécial (TCS), juridiction d’exception connaissant des détournements de deniers publics supérieurs à 50 millions de F CFA, et placé sous mandat de dépôt (ordre donné par le juge pour son incarcération) à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui. Le tribunal a donc jugé nécessaire de le maintenir en détention provisoire après lui avoir notifié les charges qui pèsent contre lui.
Louis Bapès Bapès est arrivé à la tête du ministère des Enseignements secondaires le 8 décembre 2004 par un décret qui créait en même temps ce département ministériel en l’adjoignant d’un Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Enseignements secondaires en la personne de Catherine Abena. Cette dernière a été inculpée six ans plus tard après cette nomination pour détournement de deniers publics d’un montant de 250 millions de F CFA avec neuf autres coaccusés. Après une grève de la faim et la détérioration de son état de santé suite à cette affaire, l’ex-secrétaire d’Etat avait obtenu le droit de pouvoir comparaitre libre. Elle est décédée le 19 mars dernier. Son ombre semblé hanter ce département ministériel qui avait déjà vu sa deuxième personnalité se démener en justice. L’actuel Minesec est mis aux arrêts, deux mois avant le début des examens officiels du secondaire (Baccalaureat et Brevet d’Etudes du Premier cycle).
L’arrestation du ministre intervient au moment où des spéculations vont bon train depuis des mois sur un remaniement ministériel qui tarde à venir, depuis les élections sénatoriales d’avril 2013 et le double scrutin législatif et municipal de septembre de la même année. Ces poursuites judiciaires qui s’ouvrent contre Louis Bapès Bapès donnent une autre direction des changements à attendre au sein d’un éventuel remaniement du gouvernement et de l’actualité politico¬-judiciaire de 2014. Si les pouvoirs exécutif et judiciaire sont indépendants dans le texte, il n’en demeure pas moins que l’opportunité des poursuites en droit pénal camerounais appartient au ministre de la Justice, Garde des sceaux, un membre de l’exécutif dont le président de la République, Paul Biya, en est le chef.
