Selon l’Union Africaine, la justice Kenyanne est désormais capable de juger le président Kényan Uhuru Kenyatta
C’est l’une des décisions les plus marquantes du récent sommet de l’Union Africaine. Alors que l’institution panafricaine célèbre ses cinquante ans d’existence, les sujets sensibles ne sont pas en marge des résolutions. Il s’agit notamment de la justice internationale. L’Ethiopien Hailemariam Desalegn, Président de l’Union africaine en exercie, évoque une justice raciale pour qualifier la prestation de la Cour pénale internationale. Cela traduit l’omniprésence de l’Afrique dans le viseur de la Haye. Depuis 2003, une trentaine de personnalités de huit pays africains différents ont été poursuivies par cette instance de la juridiction internationale. Pour démontrer leur détermination à reprendre les choses en main, les chefs d’Etat ont donc demandé à ce qu’Uhuru Kenyatta soit transféré vers son pays pour y être jugé. Seuls le Botswana, et la Gambie dont est originaire la procureure générale de la Cour Pénale Internationale, ne sont pas totalement d’avis par rapport à cette décision.
Pourtant, la Cour Pénale Internationale avait déjà fixé le calendrier de l’audience d’Uhuru Kenyatta. Il devrait être jugé le 9 juillet prochain à la Haye. Il comparaitra pour avoir été soupçonné de participation active dans l’organisation des violences postélectorales de 2007. Cette comparution aura-t-elle lieu comme prévue par la CPI ? Les observateurs estiment que cela est une chose évidente car l’Union africaine a en elle-même de faiblesses. Elle ne parvient pas d’une seule et même voix, poser un non catégorique à la CPI qu’elle considère d’ailleurs comme une justice africaine. La réforme intervenue au sein de la justice Kényane depuis 2009 prouve à volonté sa capacité à prendre en charge le procès de Kenyatta avec impartialité et impunité. On y verra plus clair dans cette affaire dès début juillet prochain si la CPI cédera ou pas aux exigences de l’Union Africaine.

La question de la sécurité sur le continent est aussi un sujet évoque avec beaucoup de sensibilité lors de ce sommet. Les dirigeants noirs veulent mettre terme à l’image de l’Afrique comme un « continent SOS ». Pour Le président guinéen Alpha Condé, bien que l’intervention française au Mali ait été salutaire, elle reste tout de même un exemple humiliant pour l’Afrique : « Nous sommes reconnaissants à la France pour ce qu’elle a fait au Mali, mais pour nous c’est humiliant. » Alors à quand une force africaine ? La réponse sera donnée probablement lors les 6 et 7 décembre prochain à Paris, lors du sommet pour la sécurité en Afrique.
