Le plan national de lutte contre le sida qui est en cours présente aujourd’hui de sérieuses limites face à l’ampleur de la maladie
La stratégie camerounaise de lutte contre le sida
Avec un taux de prévalence d’une moyenne de 5.1%, le Sida est devenu la cause principale de décès chez les jeunes tout comme chez les adultes. C’est en 1985 que le premier cas a été déclaré au Cameroun. Depuis lors, ce sont entre 430 000 et 640 000 personnes qui vivent aujourd’hui avec la maladie. En réponse à cette situation, les autorités camerounaises en charge de la santé publique ont mis sur pied une stratégie nationale de lutte contre le Sida pour la période 2006-2010. Une stratégie basée sur une approche multisectorielle et décentralisée. L’objectif global de la stratégie nationale met un accent sur la prévention auprès des populations vulnérables et celles à risque, la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA et la protection des orphelins du VIH. En plus de ces populations cibles, le gouvernement apporte aussi son soutient à une certaine catégorie de personnes à risque, comme les infirmes et aux populations marginalisées (Bororos, Pygmées). Des dépistages gratuits, des conférences et débats et surtout la distribution des préservatifs féminins et masculins font partie des actions de la semaine nationale de festivités lancée mercredi dans la capitale camerounaise.
Priorité aux femmes
Depuis 2006, plusieurs actions sont menées, principalement en matière de prévention et de prise en charge. L’accent est en priorité mis sur la facilitation de l’accès aux différentes solutions de prévention, pour les populations dites à risque. Des possibilités de dépistages gratuits sont offertes à celles-ci et d’importants moyens sont mis aux services des campagnes de sensibilisation et de distribution des préservatifs. Suite à une décision du gouvernement camerounais le 1er mai 2007, le traitement antirétroviral pour les personnes vivant avec le VIH est devenu gratuit. 136 formations sanitaires assurent au quotidien la prise en charge des malades dans tout le pays. La promotion de l’usage du préservatif féminin est au centre des activités marquant la Journée mondiale du sida au Cameroun dont le thème local est : « Je prends les choses en main, arrêter le Sida, tenir la promesse, femmes et enfants sans VIH ». L’objectif, selon les autorités sanitaires, étant que chaque femme puisse décider elle-même pour sa santé en participant à la prévention des grossesses non désirées et contribuer à la réduction de nouvelles infections au Cameroun.

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Une stratégie soutenue par les fonds mondiaux
La mise en place effective du plan national de lutte contre le sida au Cameroun a été rendue possible grâce à l’octroi par le Fonds mondial de lutte contre le sida dans le cadre d’un accord de coopération obtenu dans le cadre du Round 3 de son action de financement. Un accord qui prendra fin ce mois de décembre 2009. Le Cameroun n’est pas parvenu depuis son dernier accord avec le Fond Mondial, à intégrer un autre round. Lorsqu’il évoquait la situation des Anti rétroviraux au Cameroun en octobre dernier, le ministre Mama Fouda de la santé publique a confirmé un nouvel échec du Cameroun à se faire admettre au financement des fonds mondiaux. Face à la situation il a fait preuve d’une certaine sérénité, pour faire face au vent de panique qui s’était emparé des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Mais de nombreux experts affirment que la situation est sérieuse et plus grave que le ministre n’a voulu le faire croire.
Des risques sur le plan national de lutte contre le Sida
Dans sa proposition de candidature pour le round 9 de financement des fonds mondiaux, le Cameroun a affiché un objectif de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA, dont le nombre de personnes pourrait atteindre les 201 228 personnes d’ici à 2014. Sachant que la part des fonds mondiaux soutient la moitié de l’action des gouvernements éligibles aux financements, ce sont donc l’équivalent de 100 000 personnes qui seront délaissées par le gouvernement faute de financement. Le gouvernement a certes souscrit pour un accord de continuité des soins. Seulement dans cette demande les autorités ont tout mis et logiquement la part purement réservée aux soins est fortement réduite. Au mois de juillet 2009, le ministre de la santé était allé plaider pour un partenariat secteur privé-secteur publique pour soutenir la lutte contre le Sida. Une idée qui n’a pas reçu les réactions escomptées. De nombreuses entreprises se refusent aujourd’hui à soutenir un gouvernement qui ne leur fait pas de cadeau.
En attendant d’ici 2014, ce sont près de 400 000 personnes qui risquent de se retrouver dans l’impossibilité d’accéder aux soins.

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