Alors que des organisations dénoncent la mort de certains accusés, dont un ancien ambassadeur de la Lybie en France, torturé à mort
Une justice non comprise
La Libye a commencé ce dimanche 5 février 2012, à juger des partisans de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi. Un premier procès s’est ouvert, devant un tribunal militaire à Benghazi à l’est du pays, pour juger 41 personnes accusées d’avoir comploté contre la révolution libyenne. « Nous ouvrons le premier procès en relation avec la révolution du 17 février », date du début officiel de la révolte contre Mouammar Kadhafi en 2011, a déclaré le juge Ali Hamdi à l’ouverture d’une audience publique entourée de fortes mesures de sécurité. Les accusés sont poursuivis pour avoir apporté un soutien à l’ancien régime contre la révolution libyenne et association dans le but de commettre des actes criminels et d’aider des détenus à s’évader. Les accusés ont été arrêtés fin juillet à Benghazi, qui était alors le siège de la rébellion dans l’est du pays, après une ultime attaque meurtrière, menée par les rebelles aujourd’hui au pouvoir contre un groupe de partisans de l’ancien régime. Des responsables de la sécurité du conseil national de transition (CNT) avaient alors indiqué que plusieurs prisonniers de guerre évadés se trouvaient dans ce groupe armé, qui s’était réfugié dans des entrepôts. La défense, composée d’une quinzaine d’avocats, conteste la tenue du procès devant un tribunal militaire, la grande majorité des accusés étant des civils. Après délibération, la Cour a reporté le procès au 15 février prochain. Le tribunal militaire n’est « pas compétent », aurait fait savoir un d’eux selon des informations rapportées par l’Agence France Presse.
Sous de forts soupçons de tortures
Le procès s’ouvre au moment où les critiques se multiplient contre les milices formées d’anciens combattants rebelles accusées de torturer des prisonniers, pour la plupart des fidèles à l’ancien pouvoir. Les premiers jours de fevrier, Amnesty International et Médecins sans frontières (MSF) ont dénoncé une pratique « généralisée » de la torture, parfois jusqu’à la mort, sur des détenus accusés à tort ou à raison, d’être des partisans de l’ancien régime. Parmi ces victimes de tortures, un ancien ambasadeur lybien en France. Selon un communiqué rendu public par l’organisation non gouvernemental Human Rights Watch, Omar Brebech, qui était ambassadeur de Libye en France en 2008, a été torturé à mort le mois dernier par des miliciens révolutionnaires. L’organisation appuie ses déclarations avec un rapport d’autopsie. « Human Rights Watch a consulté le rapport de la police judiciaire de Tripoli qui précise que Brebech est mort sous la torture et qu’un suspect non identifié a reconnu l’avoir tué », ont fait savoir des responsables de l’ONG basée à New York. Omar Brebech, qui était âgé de 62 ans, a été en poste à Paris de 2004 à 2008, d’abord comme attaché culturel puis comme ambassadeur par intérim lors des neuf derniers mois de son affectation en France. Les Nations unies ont aussi pointé du doigt les « brigades révolutionnaires », accusées de détenir des milliers de personnes dans des prisons secrètes. Les autorités ont assuré qu’elles enquêteraient sur ces affaires. Mais aujourd’hui rien n’est moins sûr, dans un pays où la violence présumée semble avoir laissé la place à une autre violence, cette fois visible de tous.
