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M urs: Le repassage des seins en question

Cette méthode traditionnelle est censée prévenir les grossesses précoces, mais aujourd'hui elle est fortement critiquée Des femmes osent parler Repasser…

Cette méthode traditionnelle est censée prévenir les grossesses précoces, mais aujourd’hui elle est fortement critiquée

Des femmes osent parler
Repasser les seins de la jeune fille, telle est la solution retenue dans certaines traditions camerounaises pour prévenir les grossesses précoces. Dans un reportage effectué récemment par la chaine de télévision américaine CNN, Térésa, une jeune camerounaise y témoigne en larmes. Chaque matin avant de partir à l’école, sa maman lui repassait les seins avec du fer chaud. Une fois l’instrument aurait été tellement chauffé que cela lui aurait laissé des cicatrices encore visibles. Aujourd’hui âgée de 18 ans elle se dit traumatisée. En face, sa maman se refuse à admettre l’existence de cicatrices. De même, elle ne regrette pas son geste. Elle affirme avec une certaine fierté que la pratique qu’elle a effectuée sur sa fille alors qu’elle était plus jeune, lui a évité d’être désirable aux yeux des garçons et par conséquence d’être préservée d’une grossesse précoce. Dans son rapport 2010 sur les droits de l’homme, le secrétariat d’Etat américain citant des médias, faisait savoir que le repassage des seins avait été pratiqué sur plusieurs filles au Cameroun et que plusieurs d’entre elles en avait été stigmatisées psychologiquement comme physiquement.

Une pratique très dangereuse
Le reportage rapporte que selon des médecins, la situation tend à s’aggraver, parce l’alimentation s’est améliorée. Les jeunes filles atteignent aujourd’hui la puberté de plus en plus tôt. Pourtant, plusieurs des filles sur lesquelles on pratique le repassage des seins, auraient témoigné que la pratique ne marche pas. Elles sont toujours tout autant désirées par les hommes, sinon pire. Térésa, le témoin du documentaire, laisse savoir par exemple, qu’à 15 ans, elle était déjà tombée enceinte. Un enfant qu’elle a perdu à l’accouchement. Mais sa maman persiste, le repassage des seins a été utile, sinon elle serait tombée enceinte plus tôt. Les parents qui souhaitent que leurs enfants achèvent leurs études avant d’avoir des bébés, sont convaincues de la pertinence de leurs actions. Aujourd’hui, plusieurs associations sont sur le terrain, pour sensibiliser les mamans, sur le fait que seule l’éducation peut éviter à la jeune fille de tomber enceinte très jeune. De nombreux scientifiques pensent effectivement que cette solution peut être encore plus dangereuse que le mal lui-même. Les jeunes filles sont parfois exposées à des risques de cancer ou de dégradation mammaires. Plusieurs victimes devenues aujourd’hui des femmes, se joignent à ces actions, pour mettre fin à cette pratique encore courante dans de nombreux villages, mais parfois taboue, et donc pas toujours révélée. Sur la question, le gouvernement camerounais n’a pas très souvent pris des mesures fortes. De nombreuses organisations continuent de sensibiliser les femmes sur l’opportunité et l’intérêt d’arrêter le repassage des seins.

Des outils utilisés dans le cadre du «repassage des seins»
Reuters/ Joe Penney )/n