Selon l’ACDIC, les semences se font rares, ce qui hypothèque l’offre de cette denrée dans les marchés camerounais pour la prochaine saison
Selon un communiqué de l’association camerounaise pour la défense des intérêts collectifs (ACDIC), la campagne agricole qui commence s’annonce extrêmement difficile pour les producteurs de maïs. En cause de nombreux dysfonctionnements dans la distribution des semences, qui sont rares et chères. Sur les marchés, c’est du n’importe quoi. Des semences « pannar » vendues en sac de 20 kilogrammes à 1 800FCFA le kg, des semences sans étiquette vendues à 800FCFA le kg, d’autres avec fausse étiquette de l’IRAD ou du Minader vendues à 850 FCFA par là. Des grains de maïs peints à la craie rouge qui sont vendus comme semences, indique un communiqué de cette organisation. Quel que soit le type de semence – d’arachide, de macabo, de maïs, de patate, de plantain, de haricot, d’igname… le Cameroun n’a pas encore pu mettre au point un système de production et de distribution à la hauteur de l’ambition qu’on pourrait raisonnablement nourrir pour le secteur agricole national, ajoute le communiqué, généralisant la situation. Les raisons de cete situation sont perçues et rendues différemment, selon les intervenants.
« Mal an bon an, l’IRAD apporte sur le marché près de 100 tonnes de semences de maïs. Pour des raisons que j’ignore, l’IRAD n’a pas produit de semence cette année dans son plus grand site de multiplication qu’est ntui. 100 tonnes en moins sur le marché, c’est beaucoup et suffisant pour créer cette pénurie », estime NDIORO A MBASSA, secrétaire général de l’ACOSEC (Association pour le Commerce des Semences et Plants au Cameroun). Notre campagne a été perturbée. Nous avons perdu une campagne et espérons que les choses soient différentes cette année afin que nous puissions mieux préparer la campagne 2013, répond pour sa part Celicard ZONKENG, responsable des semences maïs à l’Irad. Pour Maurice TCHOUMTCHOUA, Sous-directeur de la réglementation des semences le problème est pire que ce qu’on imagine. En plus des pénuries il y a la qualité des semences qu’on trouve sur les marchés: quelconque. L’approche du problème des semences est fausse. Il est incompréhensible qu’au Cameroun il n’existe même pas une mini-chaîne de conditionnement des semences. De plus tous les projets qui ont été initiés afin de résoudre ce problème de semences se sont avérés inefficaces, victime de la gestion des fonctionnaires.
De grosses inquiétudes
L’ACDIC dénonce un manque d’organisation pertinente de la filière, aux fins de pouvoir rendre disponibles les semences de manière continuelle. D’année en année et à chaque campagne agricole, les producteurs, surtout les plus petits, malheureusement les plus nombreux (97%), doivent se débrouiller avec les moyens de bord pour mettre une semence en terre. Encore heureux ceux qui peuvent se payer ce luxe car on trouve encore en milieu rural des paysans qui ne peuvent même pas accéder à cette semence quelconque. Inutile de leur dire que la qualité de la semence détermine à 50% la production et la productivité de leurs champs. Ils n’ont pas de choix, lit-on dans son communiqué. Une situation qui conduit à de sérieuses inquiétudes, car le maïs est la première céréale cultivée et consommée au Cameroun. Il est aussi la monnaie de réserve et la principale source de revenus des petits paysans, le premier ingrédient dans la fabrication des aliments pour bétail et entre dans la fabrication de plusieurs breuvages.
En 2009, on estimait la demande nationale annuelle de maïs à 1 500 000 tonnes pour une production de 1 380 000 tonnes. Soit un déficit de 120 000 tonnes. En cette année, on a importé 22 600 tonnes de maïs. Depuis lors, toutes les demandes sont en hausse: demande en alimentation humaine et animale, demande à l’exportation et demande à l’aide alimentaire. Faute de mesures fortes pour booster la production, le déficit a lui aussi cru au rythme de la demande et avoisinerait les 350 000 tonnes. L’ACDIC qui suit de près la filière maïs a fait part de ses suggestions. On pourrait aussi envisager l’importation des semences (composites) en urgence avec la possibilité d’une subvention pour les céder moins cher aux producteurs. On pourrait même prévoir une véritable campagne de distribution de celles -ci dans les villages pour atteindre les petits producteurs, propose-t-elle. Reste à voir si le gouvernement suivra.
