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Majoie Ayi : Artiste à part, et à part entière

Rencontre avec l'artiste musicienne, auteur compositeur, interprète, danseuse et chorégraphe camerounaise qui vient de sortir « Insomnie », son quatrième…

Rencontre avec l’artiste musicienne, auteur compositeur, interprète, danseuse et chorégraphe camerounaise qui vient de sortir « Insomnie », son quatrième album

C’est en 1982 qu’elle vit le jour à la maternité de ESSE, chez elle. C’est, nous dit-elle, «une précision qui me fait toujours rigoler, car on a pris soin de la mettre sur mon acte de naissance». Benjamine d’une famille de six enfants, cette «Ngoan Mvog-NANA et Mane Ngoan Mvog-Okom», de la grande tribu MVELE qui est le plus important vivier de la musique camerounaise, est artiste musicienne, auteur compositeur, interprète, danseuse et chorégraphe. Elle ne quitte plus les hits parades depuis des années avec ses titres à succès que tout le monde fredonne et danse au Cameroun, dans la diaspora, et sur le continent: Panik à bord, Aicha, Ebmamba….Doser. C’est une artiste à part entière. Fière, entière, extrémiste, « jusqu’auboutiste », très charismatique, elle sait être aussi très simple, mais dévouée à son travail et sa passion; cette fille de père et de mère instituteurs est une universitaire diplômée en linguistique générale, une artiste à part. Nous l’avons rencontrée.

Quand on vous dit que «vous êtes belle!» Vous dites et en pensez quoi?
Ça me fait évidemment plaisir. Vous savez, mes parents sont tous les deux très beaux, (rires) et je me dis que j’ai bien hérité de tout chez eux. Plus sérieusement, je parle aussi en héritage de l’éducation qu’ils nous ont donnée. Etre naturelle, exigeante, intransigeante par rapport à moi-même, n’admettre aucune médiocrité, et transmettre plus tard à ma progéniture une beauté autant physique que morale, c’est le sens, les valeurs et la portée de ma conception de la beauté.

A propos de votre actualité artistique!
Je suis en pleine promotion européenne de mon dernier album «Insomnie». Les radios, télévisions et rédactions, ainsi que les salles de spectacle de France de Belgique et de Suisse m’accueillent. C’est un opus de dix titres, varié et riche en mélodies et rythmes. On y trouve le bon Bikutsi, les folklores et les slows de chez nous. Je suis très attachée à ma culture. Il y a des chansons qui évoquent des thèmes d’actualité. C’est le cas du «tchoko» dans la chanson «Doser». Il s’agit d’une forme de corruption pas très souvent perçue comme telle; elle a tellement fait corps avec notre quotidien qu’on a l’impression que c’est une pratique normale, pourtant, c’est un fléau qui mine notre société. Ce titre a créé le buzz. Je chante aussi la sincérité, l’honnêteté et la loyauté dans le titre «A côté» qui a un réel succès. Dans les autres titres, il est question d’amour, d’amitié, de méchanceté. Pour ce qui est des concerts, j’ai participé à Paris à la célébration des 30 ans de carrière de l’Artiste Petit Pays. Je prépare un festival afro qui aura bientôt lieu en Belgique, j’y donnerai un spectacle live avec mon orchestre «Original Bloc» au grand complet.

Quels sont les artistes qui vous aimez?
Ceux qui m’ont marquée sont nombreux. De Whitney Houston à Michael Jackson, en passant par Jennifer Lopez, Shakira, Rihanna, Beyonce…. Meiway, Koffi Olomidé, et ceux du Cameroun : Anne Marie Nzié, Annie Anzouer, K.Tino, Ekang Elie, John Duchant. Mes plus belles expériences sont mes duos avec Meiway et Ekang Elie. Ils ont tous les deux en commun l’humilité, la disponibilité, c’est deux grandes voix de légende.

Et quand vous ne chantez pas, qu’aimez-vous faire?
Je joue à mes mots fléchés, c’est mon passetemps favori, mon dada, ma tasse de thé. Vous savez, il m’arrive parfois de rater un rendez-vous ou d’y être en retard parce que je tiens à terminer une grille. Je m’en excuse bien évidemment. J’aime aussi jouer au scrabble quand mon cousin Fanfan, mon ami Alain Mveng, ou ma copine Aline Ouzouf promettent de me mettre une raclée. Sinon, j’aime regarder les émissions : «Des chiffres et des lettres » et « Questions pour un champion », en somme, j’aime la gymnastique cérébrale.

Majoie Ayi est à son quatrième album: Insomnie, sorti en 2014
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Êtes-vous consciente des valeurs que vous représentez ?
Je suis consciente que je représente un certain idéal pour beaucoup et cela conditionne ma façon d’être. Mes fans sont de plus en plus nombreux. Beaucoup d’entre eux sont des enfants, et avec eux, on ne ment pas, on ne triche pas. Je me dois par conséquent de montrer et démontrer qu’on peut être artiste et bien éduqué, sans se livrer à la délinquance, qu’un artiste peut aussi être un intellectuel, qu’être artiste ne signifie pas se livrer à la dépravation des m urs, à se noyer dans l’alcool, le tabac, la drogue, l’homosexualité. Il y a des choses que je ne peux me permettre même si j’en ai envie. Nul n’est parfait. Je fais des efforts, car les gens qui m’idéalisent m’ont aimée et adoptée comme je suis; alors, pourquoi changer?

Et votre vie privée, comment la protégez-vous?
Vous voyez, j’aime bien rigoler, mais je ne me disperse pas et je m’organise. Les choses qui appartiennent au public sont d’ordre artistique, et ma vie privée l’est et le demeure. Je ne transige pas dessus, je ne mélange rien, bien qu’il soit effectivement difficile de dissocier le personnage et la personne. Un certain public est plus au courant que moi-même de certaines choses:
-Que je serais mariée à un Général de l’Armée camerounaise dont je serais la quatrième femme ; qu’il serait le père de mon dernier enfant, que j’aurais trois enfants alors que je n’ai aucun enfant ; que je serais l’épouse de Meiway, des ministres et grands pétroliers seraient mes amants et producteurs, que j’insulterais les animateurs de radio et snoberais les D.J. J’ai entendu des vertes et pas mures à mes propos. Une précision sur ma peau : Elle n’a jamais changé de couleur et ne changera point.

Pour finir,
Si j’étais une couleur, je serais rouge parce que le rouge c’est la vie. Si j’étais une chanson je serais «Ma meilleure amie» de La Fouine et Zaho. Si j’étais un sentiment, je serais l’amour, c’est la plus belle chose qui existe au monde.

Majoie Ayi: « Transmettre à ma progéniture une beauté autant physique que morale »
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