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Marcel Kemadjou Njanke: « La poésie camerounaise n’est pas morte »

Entretien avec le coordonnateur du festival international de poésie 3v Que signifient les trois V de votre festival? Les 3…

Entretien avec le coordonnateur du festival international de poésie 3v

Que signifient les trois V de votre festival?
Les 3 V c’est Voire, Verber et Vivre. Voir pour les arts visuels et la musique, verber pour la poésie et vivre pour l’ensemble.

Comment est né ce festival?
Il faut déjà dire que je suis moi même poète et écrivain, le co-organisateur est artiste plasticien et vidéaste. Il anime le laboratoire d’art contemporain ArtBakery et moi j’anime l’association pour la promotion de la lecture et de l’écriture qui s’appelle LivreOuvert. Alors j’étais parti du constat selon lequel il y a un grand fausset entre la fougue créatrice camerounaise en matière de poésie et la non existence des espaces de rencontre et d’échange. C’est pareil pour l’art plastique. Nous nous sommes donc mis en commun pour inventer ce type d’espace où une fois par an les artistes plasticiens et les poètes se retrouvent pour célébrer la poésie avec grand P, qu’ils soient connus ou pas, publiés ou pas.

Qu’entendez-vous par poésie avec grand P?
Cela signifie tous simplement que les trois arts, la poésie, les arts visuels et la musique inter agissent entre eux. Car les trois ont en commun qu’ils célèbrent la beauté et la créativité.

La poésie a-t-elle sa place dans l’univers culturel au Cameroun? On a l’impression quelle n’existe pas!
De toutes les façons la poésie n’a jamais cessé d’exister. Elle n’est jamais morte. Il se passe simplement qu’à certains moments on cesse de la célébrer. Chaque être est poète dans l’âme et la différence réside au niveau de la conscience à faire de la poésie ou non. Une maman qui se réjouit de la naissance d’un enfant, un garçon qui tombe amoureux et qui spontanément fait des lettres d’une force et d’une beauté étonnante. Mais la différence c’est qu’ils n’ont pas conscience de faire acte poétique. Donc la poésie au plan général a toujours existée et ne mourra jamais.

Que faites vous concrètement lors du festival 3v pour mettre cet art au devant de la scène?
Auparavant la poésie était quelque chose d’un peu sectaire, fermée, puisque lors des manifestations d’art plastique et de poésie on ne retrouvait généralement que des personnes que l’on qualifiera d’initiées. Nous sommes parti de là pour dire, qui est poète et qui est plasticien. A qui est destiné la poésie et à qui est destiné l’art plastique. S’il n’y a pas échange entre le créateur et le récepteur alors il n’y a ni poésie ni art visuel. Dans le cadre du festival international de poésie 3V, nous avons donc décidé d’aller vers le public pour que la poésie et les arts visuels cessent d’être quelque chose de renfermé.

En quoi est-ce que ce festival est international comme son nom l’indique?
Il est international d’abord dans son impact ; parce que grâce à notre mailing list et bientôt grâce à notre site web nous touchons pratiquement tous les continents. La deuxième chose ce sont les invités. Dès la première édition nous avons eu à partager avec les invités de divers pays. La première année nous avons eu le Togo, la deuxième année le Bénin et la France, cette année nous attendons la France et les caraïbes.

Comment le festival est-il financé?
Pour le moment sur les fonds propres et exclusifs des deux organisateurs.

A combien à peu près?
On ne peut pas estimer parce qu’on le prépare dès le premier jour de l’année. Mais s’il faut calculer en temps cela s’élève à des millions de FCFA. Personnellement je suis Commerçant et si on prend par exemple la journée du 05 décembre prochain où les poètes et plasticiens se retrouverons dans ma boutique au marché Mboppi, ça fait une journée de perdu. S’il faut calculer ce que représente cette journée en temps et en clients perdus c’est énorme. Maintenant s’il faut calculer ce qu’on devrait donner aux invités et qu’on ne peut pas, c’est aussi énorme. Il faut qu’ils payent eux même leur billets d’avion, et nous nous arrangeons à les loger en famille ici.

Est-ce vous avez essayer quand même d’aller vers les autorités, sponsors, avez-vous frapper à des portes?
Le sponsoring et la collaboration financière au Cameroun ne sont pas bien organisés. Un exemple. Quand vous voulez déposer une demande de sponsoring chez un annonceur, vous êtes reçu par le vigile et très souvent il n’y a pas de suite. Pour le cas des ministères, l’administration au Cameroun est personnelle. Je veux dire que vous déposez un dossier dans un ministère si on change l’autorité, le nouveau est perdu. Il n’a pas vu le dossier, il faut donc le réécrire. Parfois les lettres arrivent un ou deux ans après or il faut que notre espace existe. Donc nous essayons d’abord d’exister par nous même. Et à l’avenir aussi nous ne rechercherons que les financements non capricieux car si vous comptez sur les financements capricieux (qui n’ont pas de base institutionnelle ni légale) vous serez bloquez à un moment parce qu’à cause de tel ou tel problème vous ne recevrez pas l’argent dont vous avez besoin.

Peut-on avoir quelques noms d’invités qui seront présents cette année?
Cette année nous aurons le guitariste français Philippe Laval, les plasticiens Joe Kessy et Ndoumbe Ewane, la poétesse Nicole Cache Florentinie, Jean Claude Awono, Joseph Fountchim et bien d’autres.


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